Tout acteur public ou privé était alors invité à détailler dans un rapport ses initiatives et méthodes, qu’elles soient déjà consolidées ou encore en développement. En parallèle, l’ADEME planchait également sur le sujet avec un panel d’expert rassemblés au cours de différents groupes de travail thématiques. L’objectif final : remettre un rapport au Parlement avec ses préconisations pour mettre en place un tel affichage, rendu obligatoire à partir de 2022, par la Loi Climat et Résilience (22/08/2021). L’enjeu complexe qu’est la biodiversité, a encore donné du fil à retorde aux parties prenantes de ces travaux.
Le groupe de travail de l’ADEME synthétise bien les difficultés et perspectives dans sa note n°3 dédiée à la biodiversité et publiée au printemps. D’après ces experts, à court terme, et de manière transitoire, il est envisageable d’évaluer les produits selon trois critères : les labels, l’utilisation des sols (selon des grands types de systèmes comme les cultures intensives l’agroforesterie, les prairies, etc.) et la déforestation. À moyen terme, on peut espérer pouvoir prendre en compte plus précisément les pratiques agricoles (mode de travail du sol, surfaces en infrastructures agroécologiques, etc.). Cela ne pourra se faire qu’avec une progression des systèmes de remontées d’informations et des bases de données. Une priorité pour Noé, qui identifie bien le défi de la collecte des données au travers de son projet sur les indicateurs de biodiversité pour les filières agroalimentaires.
Les deux initiatives qui ont fait parler d’elles, se rapprochent effectivement de la première solution : l’Eco-score, qui a été utilisé par plusieurs porteurs de projet ayant répondu à l’appel de l’ADEME (notamment l’application Yuka), et le Planet-score porté par de nombreuses ONG, d’associations de consommateurs et d’acteurs de l’Agriculture Biologique (notamment l’ITAB). Les deux systèmes ont été pensés pour apporter un équivalent du Nutri-score en termes environnementaux. En clair, afficher pour les produits alimentaires un logotype donnant une idée immédiate de leur empreinte environnementale. Les logos rappellent, en effet, celui du Nutri-score, avec une lettre (de A à E), et une couleur correspondante (de vert à rouge), sur un principe instinctif : A/vert pour un produit vertueux, E/rouge pour un produit à fort impact environnemental. L’idée étant, naturellement, d’aider le consommateur qui le souhaite à choisir les produits plus « durables ».
Première différence importante, entre les deux dispositifs : la présentation du score du produit. Selon les équipes de Noé, le principe d’agréger des critères environnementaux a le mérite de la simplicité. Cependant, dans le cas de l’Eco-score, si l’on se focalise toutefois sur le seul critère biodiversité, il se retrouve « dilué » dans une évaluation plus vaste, dont le consommateur ne voit pas le détail au moment de l’achat. Ce dispositif étant présenté comme prenant en compte la biodiversité est donc susceptible de créer une rassurance biaisée sur un produit présenté comme « A » mais avec potentiellement de mauvaises notes « biodiversité », compensées sur les autres facteurs.
Noé s’est aussi intéressé à la manière dont les méthodes proposées intègrent justement la biodiversité. Comme demandé pour l’expérimentation, le « socle » des deux dispositifs correspond à l’analyse de cycle de vie (ACV) du produit, tel que calculé par l’outil Agribalyse de l’ADEME. Les deux méthodes ont ensuite cherché à compléter les lacunes de l’ACV qui, notamment, ne permet pas de prendre en compte correctement les impacts sur la biodiversité.
L’Eco-score apporte pour cela des bonus et malus à la note initiale sur 100 points donnée par l’ACV. Deux de ces indicateurs évoquent la biodiversité (1) :
• « Le système de production » : les concepteurs de l’Eco-score expliquent que ce critère permet notamment d’intégrer la prise en compte de la biodiversité de certains labels et cahiers des charges (par exemple la Haute Valeur Environnementale, l’Agriculture biologique). 10, 15 ou 20 points de bonus sont ajoutés à la note de l’ACV. La liste des labels et leur barème, ainsi que la bibliographie retenue pour établir cette liste, sont présentés ici.
(1) Les autres indicateurs complémentaires concernent l’impact du transport, de l’emballage et la politique environnementale globale du pays d’origine du produit.
(2) Certifiée RSPO Segregated ou IdentityPreserved.
(3) Le détail de ce « barème » et les 13 labels et mentions environnementales qui ont été évaluées n’est pas disponible à ce jour
Le groupe de travail de l’ADEME synthétise bien les difficultés et perspectives dans sa note n°3 dédiée à la biodiversité et publiée au printemps. D’après ces experts, à court terme, et de manière transitoire, il est envisageable d’évaluer les produits selon trois critères : les labels, l’utilisation des sols (selon des grands types de systèmes comme les cultures intensives l’agroforesterie, les prairies, etc.) et la déforestation. À moyen terme, on peut espérer pouvoir prendre en compte plus précisément les pratiques agricoles (mode de travail du sol, surfaces en infrastructures agroécologiques, etc.). Cela ne pourra se faire qu’avec une progression des systèmes de remontées d’informations et des bases de données. Une priorité pour Noé, qui identifie bien le défi de la collecte des données au travers de son projet sur les indicateurs de biodiversité pour les filières agroalimentaires.
Les deux initiatives qui ont fait parler d’elles, se rapprochent effectivement de la première solution : l’Eco-score, qui a été utilisé par plusieurs porteurs de projet ayant répondu à l’appel de l’ADEME (notamment l’application Yuka), et le Planet-score porté par de nombreuses ONG, d’associations de consommateurs et d’acteurs de l’Agriculture Biologique (notamment l’ITAB). Les deux systèmes ont été pensés pour apporter un équivalent du Nutri-score en termes environnementaux. En clair, afficher pour les produits alimentaires un logotype donnant une idée immédiate de leur empreinte environnementale. Les logos rappellent, en effet, celui du Nutri-score, avec une lettre (de A à E), et une couleur correspondante (de vert à rouge), sur un principe instinctif : A/vert pour un produit vertueux, E/rouge pour un produit à fort impact environnemental. L’idée étant, naturellement, d’aider le consommateur qui le souhaite à choisir les produits plus « durables ».
La biodiversité plus ou moins visible
Première différence importante, entre les deux dispositifs : la présentation du score du produit. Selon les équipes de Noé, le principe d’agréger des critères environnementaux a le mérite de la simplicité. Cependant, dans le cas de l’Eco-score, si l’on se focalise toutefois sur le seul critère biodiversité, il se retrouve « dilué » dans une évaluation plus vaste, dont le consommateur ne voit pas le détail au moment de l’achat. Ce dispositif étant présenté comme prenant en compte la biodiversité est donc susceptible de créer une rassurance biaisée sur un produit présenté comme « A » mais avec potentiellement de mauvaises notes « biodiversité », compensées sur les autres facteurs.
Au contraire, le Planet-score propose une présentation « semi-agrégée » : la note « globale » est bien présentée, mais elle est accompagnée du détail des 4 autre scores qui la composent : biodiversité, climat, pesticides et bien-être animal. Une solution qui nous semble avoir une vertu pédagogique et être plus transparente. Les porteurs du projet ont testé l’initiative auprès d’un panel de consommateurs qui ont en grande majorité plébiscité la solution semi-agrégée, la version agrégée conduisant à plus de méfiances. Ils recommandent d’apporter en complément des informations un peu plus détaillées, sur internet par exemple. Un constat que fait également Noé dans son étude des communications des marques agroalimentaires…
Les labels, un des points d’entrée pour la biodiversité
Noé s’est aussi intéressé à la manière dont les méthodes proposées intègrent justement la biodiversité. Comme demandé pour l’expérimentation, le « socle » des deux dispositifs correspond à l’analyse de cycle de vie (ACV) du produit, tel que calculé par l’outil Agribalyse de l’ADEME. Les deux méthodes ont ensuite cherché à compléter les lacunes de l’ACV qui, notamment, ne permet pas de prendre en compte correctement les impacts sur la biodiversité.
L’Eco-score apporte pour cela des bonus et malus à la note initiale sur 100 points donnée par l’ACV. Deux de ces indicateurs évoquent la biodiversité (1) :
• « Le système de production » : les concepteurs de l’Eco-score expliquent que ce critère permet notamment d’intégrer la prise en compte de la biodiversité de certains labels et cahiers des charges (par exemple la Haute Valeur Environnementale, l’Agriculture biologique). 10, 15 ou 20 points de bonus sont ajoutés à la note de l’ACV. La liste des labels et leur barème, ainsi que la bibliographie retenue pour établir cette liste, sont présentés ici.
• « Les espèces menacées » : ce critère prévoit un malus (non encore modélisé) pour les pratiques à risque pour les espèces de poissons menacées. Pour la biodiversité terrestre, l’application attribue un malus de 10 points à tout aliment à base d’huile de palme « non-certifiée 100% RSPO durable (2) ».
Dans le détail, la prise en compte concrète de la biodiversité reste floue pour la ligne « système de production », ou restrictive pour la ligne « espèces menacées » (focale uniquement sur l’huile de palme). Par ailleurs, l’Eco-score ne propose pas de compenser les biais de l'ACV qui conduisent à pénaliser les systèmes extensifs, pourtant plus favorables à la Biodiversité que les modèles intensifs.
La méthode du Planet-score, qui demande encore certains développements vu l’ampleur des améliorations proposées, appliquerait également un système de bonus-malus. Elle propose aussi des corrections au sein même de l’ACV. Ainsi la biodiversité est prise en compte à deux niveaux :
• Dans les corrections de l’ACV, notamment à partir de l’impact écotoxique (terrestre, aquatique et marin) des pesticides, ou encore en considérant les prairies permanentes comme source de biodiversité ;
La méthode du Planet-score, qui demande encore certains développements vu l’ampleur des améliorations proposées, appliquerait également un système de bonus-malus. Elle propose aussi des corrections au sein même de l’ACV. Ainsi la biodiversité est prise en compte à deux niveaux :
• Dans les corrections de l’ACV, notamment à partir de l’impact écotoxique (terrestre, aquatique et marin) des pesticides, ou encore en considérant les prairies permanentes comme source de biodiversité ;
• Au sein d’un système de bonus-malus, par exemple pour certains impacts des pesticides non pris en compte (ex : effets cocktails et substances controversées), mais aussi sur une échelle de notation des labels prenant en compte les pratiques agricoles (travail du sol, intrants, IAE, taille des parcelles, rotation des cultures) (3). La déforestation est quant à elle intégrée dans le score « CLIMAT ».
Reste un élément clé pour la confiance envers ces dispositifs et donc l’impact dans l’acte d’achat : qui les porte ? En effet, le Nutri-score avait été proposé par des chercheurs puis porté par les pouvoirs publics, qui proposent aux filières alimentaires volontaires de se l’approprier. L’Eco-score, quant à lui, est le fruit d’une démarche collective est portée par une dizaine de partenaires privés, dont plusieurs applis d’aides aux achats. Une nuance qui incite notamment certaines associations de consommateurs à rester prudentes, Pour l’ UFC-Que choisir, par exemple, l’Eco-score « présente des limites sur différents enjeux durables de l’alimentation (…) » dont la biodiversité. Le Planet-Score, de son côté, est proposé par l’Institut technique de l’agriculture biologique ITAB accompagné de deux partenaires techniques. Il est déjà soutenu par un certain nombre d’associations environnementales et de consommateurs, et d’acteurs de la bio.
L’affichage environnemental n’a donc pas fini de faire couler de l’encre… d’autant qu’il fait également parler à l’échelle européenne, avec un objectif de dispositif opérationnel en 2024. Mais force est de constater que la biodiversité tient toute sa place dans le débat et que l’enjeu est effectivement pris en compte par les porteurs de ces initiatives. Le Planet-score semble en particulier, pour Noé, être une proposition prometteuse et très complète. Un espoir de basculer un jour vers des pratiques de consommation alimentaire qui prennent mieux en compte et respectent la biodiversité.
Vous souhaitez donnez votre avis sur le Planet-score ? Apporter du poids à cette proposition ?
Reste un élément clé pour la confiance envers ces dispositifs et donc l’impact dans l’acte d’achat : qui les porte ? En effet, le Nutri-score avait été proposé par des chercheurs puis porté par les pouvoirs publics, qui proposent aux filières alimentaires volontaires de se l’approprier. L’Eco-score, quant à lui, est le fruit d’une démarche collective est portée par une dizaine de partenaires privés, dont plusieurs applis d’aides aux achats. Une nuance qui incite notamment certaines associations de consommateurs à rester prudentes, Pour l’ UFC-Que choisir, par exemple, l’Eco-score « présente des limites sur différents enjeux durables de l’alimentation (…) » dont la biodiversité. Le Planet-Score, de son côté, est proposé par l’Institut technique de l’agriculture biologique ITAB accompagné de deux partenaires techniques. Il est déjà soutenu par un certain nombre d’associations environnementales et de consommateurs, et d’acteurs de la bio.
L’affichage environnemental n’a donc pas fini de faire couler de l’encre… d’autant qu’il fait également parler à l’échelle européenne, avec un objectif de dispositif opérationnel en 2024. Mais force est de constater que la biodiversité tient toute sa place dans le débat et que l’enjeu est effectivement pris en compte par les porteurs de ces initiatives. Le Planet-score semble en particulier, pour Noé, être une proposition prometteuse et très complète. Un espoir de basculer un jour vers des pratiques de consommation alimentaire qui prennent mieux en compte et respectent la biodiversité.
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(1) Les autres indicateurs complémentaires concernent l’impact du transport, de l’emballage et la politique environnementale globale du pays d’origine du produit.
(2) Certifiée RSPO Segregated ou IdentityPreserved.
(3) Le détail de ce « barème » et les 13 labels et mentions environnementales qui ont été évaluées n’est pas disponible à ce jour