L'agriculture intensive et ses conséquences désastreuses sur les pollinisateurs et l'agriculture elle-même
Depuis les années 1960, l'agriculture conventionnelle repose sur une mécanisation importante et l'utilisation d'engrais et de pesticides de synthèse. En 30 ans, nous avons perdu 80 % des insectes à cause des pesticides, ce qui a entraîné un effondrement de la pollinisation par les insectes, alors même que 80 % de notre production alimentaire dépend directement de ces insectes pollinisateurs, dont les papillons de nuit.
L’utilisation d'intrants de synthèse a entraîné aussi une pollution des sols et donc une dégradation des services écosystémiques qu’ils procurent et des organismes. Une étude de l’INRAE démontre que 98 % des sols français qu’elle a examiné étaient pollués par au moins un pesticide.
L'agriculture industrielle a également entraîné une modification profonde du paysage rural, avec une spécialisation des régions agricoles, entraînant la destruction de la moitié des haies et la raréfaction des habitats nécessaires à la flore et la sauvage (jachères, bords de champs, prairies, chemins ruraux…). L'homogénéisation des paysages et la simplification des systèmes agricoles ont considérablement réduit la diversité des plantes sauvages et cultivées dont les insectes ont besoin pour se nourrir, notamment les pollinisateurs.
Les conséquences de ces pratiques affectent finalement le secteur lui-même. Les systèmes agricoles deviennent de moins en moins résilients, avec une plus grande vulnérabilité face aux maladies et ravageurs, ce qui augmente encore leur dépendance aux produits phytosanitaires notamment. Ils subissent également de plein fouet le dérèglement climatique. Selon le GIEC, les pertes de récoltes liées aux sécheresses et aux canicules ont triplé ces 50 dernières années en Europe
La nécessité d'une transition vers une agriculture respectueuse de la biodiversité et des agriculteurs
Certes, ces pratiques agricoles néfastes pour la biodiversité ont pu entraîner des gains de rendement à court terme. Cependant, il est aujourd'hui crucial de s’orienter vers des systèmes agro écologiques favorisant la biodiversité, de généraliser des pratiques telles que les couverts végétaux, et d'adapter nos modèles alimentaires en conséquence. Au-delà de la préservation de la santé des espèces animales, végétales et humaines, il en va de la préservation de notre capacité à nous nourrir.
Selon les enquêtes menées par Parlons climat, les préoccupations majeures des agriculteurs sont principalement d'ordre économique et liées à leurs revenus. Toutefois, le changement climatique fait également partie de leurs inquiétudes, avec 74% d'entre eux déclarant déjà subir ses conséquences. La transition écologique est un sujet de consensus chez les agriculteurs interrogés, avec 62% la jugeant nécessaire et 23% y voyant une opportunité.
Le partage et l'adoption de bonnes pratiques, ainsi que le suivi de l'état des écosystèmes, sont des éléments clés pour parvenir à un équilibre du vivant. En faisant des choix éclairés, nous pouvons tous contribuer à la préservation de l'environnement en privilégiant des produits issus de modèles agricoles respectueux de la biodiversité.
Des modèles agricoles alliés de la biodiversité existent et doivent être valorisés
Une alimentation durable passe par la promotion de pratiques agricoles respectueuses de l'environnement, couplée à une réduction de notre consommation de produits d'origine animale (viande, produits laitiers, etc.).
Ces dernières années, des courants de pensée émergeants ou réactualisés ont pour objectif de faire évoluer les systèmes de production intensifs vers des pratiques plus respectueuses de l'environnement et de la biodiversité.
Parmi eux, on peut citer l'agroécologie, l'agriculture biologique, l’agriculture régénératrice, l'agriculture de conservation des sols et l'agroforesterie.
Comme pour la biodiversité, c'est la diversité des solutions et des transitions qui favorise la résilience des systèmes agroalimentaires de demain.