Cycle de vie
Comme chez toutes les espèces de papillons, le cycle de vie des hétérocères comprend 4 phases :
- L’œuf, généralement pondu au printemps,
- La chenille issue de cet œuf,
- La chrysalide, ou nymphe, qui permet à l’individu de passer l’hiver,
- Le stade adulte, issu de l’ultime métamorphose, appelé aussi imago.
Des papillons très diversifiés
Les espèces de papillons de nuit sont réparties en 14 familles. On les distingue des papillons de jour, notamment par leurs antennes qui sont en forme de plumet ou de râteau, et par leurs ailes qui au repos sont repliées à plats sur le dos, et non pas repliées l’une contre l’autre à la verticale.Certains sont dit « spécialistes » et ne se nourrissent que sur un seul type de fleurs, tandis que d’autres sont considérés comme « généralistes » et peuvent se satisfaire d’une plus grande diversité de fleurs. Car oui, la pollinisation se fait aussi de nuit ! En ne nourrissant du nectar, les papillons pollinisent en transportant le pollen de fleurs en fleurs dans leurs « poils ». Une étude anglaise [1] démontre l’importance et la complexité du réseau de pollinisateurs nocturnes, tout aussi indispensables que l’activité des pollinisateurs diurnes comme les abeilles.
Il existe même des plantes dont la floraison ne se fait qu’à la tombée de la nuit, comme le Silène penché ou la Belle de nuit, ou bien qui émettent davantage de parfum en fin de journée, comme le Tilleul, pour attirer ces papillons.
Les compositions des communautés de papillons nocturnes sont aussi variables d’un milieu à l’autre : certaines espèces sont plutôt forestières, tandis que d’autres aiment les milieux plus ouverts ou rocheux.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, tous les papillons de nuit ne sont pas marrons ou gris pour se fondre dans le décor obscur ou imiter l’écorce des arbres : certains arborent de magnifiques couleurs, comme le sphinx de la vigne ou la noctuelle purpurine qui copient les couleurs de leurs plantes hôtes, ou exhibent des couleurs vives pour effrayer les prédateurs, comme l’écaille chinée, lorsqu’elle ouvre ses ailes.
Des espèces encore peu étudiées
Il existe plusieurs façons d’attirer les papillons de nuit pour pouvoir les compter : certains sont attirés par la lumière, notamment par les UV, et s’agglutinent autour des ampoules ; d’autres en revanche, y sont insensibles mais ne résisteront pas à l’appel de la mélasse sucrée ou des phéromones utilisées par certains experts pour les pièges.
Cependant, les papillons de nuit sont moins bien connus que les papillons de jour. En effet, il est plus difficile d’inventorier les espèces nocturnes, et on connait mal les différentes interactions qu’elles peuvent avoir avec leur milieu ou leurs prédateurs, qui sont peu observées in situ, c’est-à-dire dans la nature. De ce fait, on évalue aussi très mal les différents impacts que les activités humaines peuvent avoir sur eux. Pourtant, de même que pour les papillons de jour, les scientifiques supposent que les menaces sont nombreuses (pesticides, destruction et dégradation des habitats, pollution lumineuse, changement climatique…) et surement sous estimées[2].
Ce manque de données ne relève pas seulement d’un enjeu de connaissances scientifiques, car il mène également à des lacunes de protections règlementaires : en effet, sur les 5000 espèces de lépidoptères en France, seulement 16 ont un statut de protection (8 rhopalocères, 8 hétérocères), et seulement une cinquantaine figurent sur les Listes Rouges de l’UICN[3] (seulement des rhopalocères, aucun hétérocère).
Un projet de suivi pour mieux les connaître
Le Projet Lépinoc [4] vise à récolter des données sur le nombre d’individus et la diversité des espèces, à grande échelle sur les papillons de nuit pour à terme produire des indicateurs de leur état de conservation. Il prend la forme d’un prototype qui sera déployé d’abord en Ile-de-France en 2021, afin de développer et tester le dispositif et son protocole, avant un déploiement dans toute la France.
Zoom sur le Sphinx du liseron, champion de la pollinisation
Sa chenille, elle aussi très imposante (jusqu’à 10cm), se fond dans le décor avec ses couleurs foncées.
Elles vivent quelques semaines en se nourrissant de plantes telles que les liserons (vous l’aurez deviné !), aussi bien grimpantes que rampantes et affectionnent aussi beaucoup la patate douce. Arrivées à maturité, elles vont creuser un trou plus ou moins profond dans la terre pour s’y réfugier et se transformer en chrysalide.
Ce sphinx est aussi un migrateur hors pair et peut parcourir de grandes distances à grande vitesse : de l’Afrique où il hiverne, il traverse la Méditerranée au printemps et est connu pour remontrer parfois jusqu’à l’Islande, avec des pointes à 100km/h et une vitesse de croisière à 50km/h ! Il est présent en Eurasie, en Afrique et en Océanie.
Les couleurs marrons-grisées de ses ailes lui confèrent un camouflage parfait dans la journée, au repos, ce qui lui permet de se poser sur les troncs d’arbres où il peut rester immobile pendant plusieurs heures.
[1]https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rsbl.2019.0877
[2]pollution-lumineuse-un-danger-encore-sous-estime-pour-les-ecosystemes
[3]L’Union International de Conservation de la Nature est une association qui étudie l’état de conservation des espèces aux échelles locales, nationales et mondiales et publie des listes rouges des espèces les plus menacées.
[4]projet-lepinoc
[1]https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rsbl.2019.0877
[2]pollution-lumineuse-un-danger-encore-sous-estime-pour-les-ecosystemes
[3]L’Union International de Conservation de la Nature est une association qui étudie l’état de conservation des espèces aux échelles locales, nationales et mondiales et publie des listes rouges des espèces les plus menacées.
[4]projet-lepinoc