les haies, nids de la biodiversité ordinaire

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les champs agricoles et la pollinisation

Avec l'expansion des champs, les paysages agricoles ont radicalement changé au siècle dernier, provoquant ainsi un déclin de la biodiversité. Il est désormais temps de se consacrer à la recherche de moyens pour allier l'agriculture moderne avec la protection de la biodiversité ordinaire.

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21 juin 2023

vers une gestion durable des champs  

L’essence de l’agriculture : un échange entre les écosystèmes et l’être humain. 

Au fil du temps, les diverses pratiques agricoles, visant à améliorer la productivité après-guerre, telles que la standardisation des cultures, l’utilisation de pesticides, la destruction des haies ou encore la domestication des plantes (modification génétique) ont progressivement réduit les échanges au sein des écosystèmes ainsi que la diversité d’être vivants présents dans les cultures.

Pourtant, la bonne santé des terres agricoles dépend en grande partie de l’état de la biodiversité et des pratiques de gestion des parcelles et des habitats qui les entourent. La présence des pollinisateurs aux abords des champs se présente souvent comme un indice de l’état du milieu. 

C'est donc dans cette optique que scientifiques et organismes de protection de l'environnement abordent le sujet de la présence des pollinisateurs dans les champs en lien avec la question des pratiques de gestion de l'habitat.


Mais alors comment adopter les bonnes pratiques de gestion pour favoriser la présence de pollinisateurs nocturnes dans les champs et les prairies ?


Raisonner la taille des haies pour favoriser les papillons de nuit


En Angleterre, une étude sur différents types de haies en bordure de terres agricoles a démontré que le  régime de coupe avait une influence sur l’abondance de pollinisateurs sauvages. Les haies testées en Grande-Bretagne sont situées à proximité de terres arables souvent utilisées pour la production agricole et à proximité de prairies, qui servent au pâturage.

 
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Exemple de haies en bordure de champs et prairies


En trois mois, les chercheurs ont remarqué que les haies non taillées depuis trois hivers consécutifs ont vu leur population en macrolépidoptères augmenter de 32% par rapport aux haies taillées annuellement. 

Celles taillées tous les deux ou trois ans abritent une plus grande population que les haies taillées tous les ans, elles sont propices à la pousse de plantes hôtes et deviennent des lieux de ponte pour les papillons de nuit. 

Au total, 73 espèces de lépidoptères ont été trouvées sur les différents types de haies. Sur ces 73 espèces, 16 ont été fortement affectées par la coupe annuelle dont 7 sont en fort déclin en Grande-Bretagne. 

Cette étude a également permis aux scientifiques de noter l’abondance de deux espèces en danger d’extinction dont la population a chuté de 75% à 98% de 1968 à 2007 en Grande-Bretagne : La Noctuelle de la patience (Acronicta rumicis) et l’Ennomos du Frêne (Ennomos fuscantaria


l’Ennomos du Frêne (Ennomos fuscantaria)
l’Ennomos du Frêne (Ennomos fuscantaria)
© lappuggla / iNaturalist Sweden


Ainsi, une gestion adéquate de ses haies favorise une plus grande population d’espèces arboricoles* et de lépidoptères nocturnes.
Les haies sont en effet utiles à certaines espèces de lépidoptères puisqu’elles leur servent d’habitat au cours de la phase larvaire.

Il serait alors recommandé de ne pas tailler les haies tous les ans de sorte à augmenter la présence des espèces et ainsi conserver les services écosystémiques essentiels fournis par les papillons nocturnes.

*Vivant principalement dans les arbres et végétaux ramifiés, les espèces arboricoles possèdent des caractéristiques spécifiques idéal pour leur milieux (ex : les insectes, oiseaux ou  grenouilles)

En ce qui concerne ce sujet, l'Office français de la biodiversité recommande d'ailleurs de ne pas tailler ses haies à une certaine période de l'année (du 16 mars au 15 août) pour préserver la nidification des oiseaux et l'habitat des chiroptères et lépidoptères. En s'alliant avec de nombreux partenaires (CNRS, INRAE, LPO, etc), l'Office français de la biodiversité met l'accent sur l'utilité des haies et améliore l'état des connaissances sur le sujet.


Comment vérifier l’état du milieu ?


Il est également important de pouvoir évaluer l'état général de l'environnement afin de vérifier que l'entretien de l'habitat est favorable à la biodiversité. Dans cette perspective, des inventaires de biodiversité permettent d’estimer l’état du milieu et d’évaluer l’efficacité de ses pratiques de gestion au fil du temps. Des programmes de sciences participatives ont d’ailleurs été développés. 

Piloté par le ministère de l'Agriculture, l'Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB) propose des protocoles de suivi de la biodiversité ordinaire. De cette façon, les acteurs agricoles peuvent lier biodiversité et pratiques de gestion de l'habitat, notamment en dénombrant et identifiant les différentes espèces de papillons de jour le long des parcelles, mais également pour d'autres espèces comme les abeilles,  invertébrés (ex : vers de terre et escargots) ou encore les chauve-souris.

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Depuis maintenant 4 ans, des acteurs agricoles et l’Association Noé travaillent ensemble et évaluent la biodiversité dans les champs à l’aide d’indicateurs (voir le communiqué de presse à ce sujet) dont certains sont issus de l'OAB. Ces indicateurs mettent en évidence la présence de pollinisateurs, d'oiseaux des plaines agricoles, d'auxiliaires de cultures et d'organismes dans les sols. 

Noé s'engage également avec son programme 
Lépinoc, un projet de suivi automatisé des lépidoptères nocturnes. Le programme a vu le jour en 2021 auprès des gestionnaires d'espaces verts et naturels et se voit testé pour la première fois cette année en milieu agricole. Il s'agira, à l'aide du programme, de sensibiliser aux enjeux liés aux pollinisateurs nocturnes et de comprendre les pressions anthropiques subies par ces espèces.



Ces protocoles s'avèrent donc prometteurs et révèlent un grand potentiel pour guider les décisions de conservation et contribuer à la préservation des espèces en voie de disparition. L’agriculture et la biodiversité sont des alliés et leur relation est indispensable pour accompagner la transition agricole et adopter les bons gestes. 

Ainsi, continuer à bénéficier des précieuses ressources offertes par les écosystèmes signifie rétablir le lien intime qui existait autrefois entre l'Homme et la nature. Cela nécessite une réelle cohésion entre les cultures agricoles et les habitats hôtes situés à proximité, afin de favoriser l'interaction entre l'activité humaine et la biodiversité environnante. 

Références bibliographiques

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