La crise sanitaire du Coronavirus a-t-elle servi la cause de la biodiversité nocturne ?

La pandémie qui sévit depuis le début de l’année 2020 aura au moins eu le mérite de replacer au cœur des débats le lien entre activités humaines et biodiversité. En effet, il apparait de plus en plus évident que ces épidémies entretiennent un lien avec les interactions de l’Homme avec le sauvage, et la création de conditions favorables à la transmission de pathogènes inter-espèces, notamment à cause des élevages.
© Mario Cea Sanchez / Biosphoto
15 mai 2020
La pandémie qui sévit depuis le début de l’année 2020 aura au moins eu le mérite de replacer au cœur des débats le lien entre activités humaines et biodiversité. En effet, il apparait de plus en plus évident que ces épidémies entretiennent un lien avec les interactions de l’Homme avec le sauvage, et la création de conditions favorables à la transmission de pathogènes inter-espèces, notamment à cause des élevages.

Le pangolin et la chauve-souris, particulièrement pointés du doigts dans cette crise sanitaire mondiale risquent fort de souffrir d’une telle mauvaise publicité. Cette dernière particulièrement, déjà assimilée à la transmission de maladie comme la rage, est pourtant indispensable aux écosystèmes.

Il existe 34 espèces de chauves-souris en France

Elles nichent le plus souvent dans des gites installés dans des grottes, des combles de maison ou des greniers, parfois organisés en colonies. Leur mode de vie varie selon les espèces : certaines préfèrent les milieux boisés, d’autres les milieux ouverts ou bien les bords de rivière. Certaines chassent dans l’obscurité totale, d’autres chassent au contraire sous les lampadaires allumés qui attirent les insectes. Mais toutes les espèces françaises sont insectivores. Redoutables par exemple contre les moustiques ou des espèces nuisibles comme la pyrale du buis, les chauves-souris ont ainsi une place cruciale dans la chaine alimentaire et l’équilibre des écosystèmes. C’est ce que l’on appelle une espèce « clé de voûte ».

Mais comme beaucoup d’espèces nocturnes, les chauves-souris sont fortement menacées. L’utilisation de produits phytosanitaires, la dégradation et la fragmentation de leur habitat et la pollution lumineuse sont parmi les causes principales de leur déclin.

L'augmentation de la pollution lumineuse en cause

En effet, la pollution lumineuse a augmenté de 94% en 20 ans en France (ADEME) et affecte de nombreuses espèces qui vivent la nuit.

Les lumières artificielles qui illuminent la nuit, ont des impacts à la fois sur les repères et les déplacements des espèces, mais aussi leur communication, leur reproduction et leur façon de se nourrir.

Mais dernièrement, et pour répondre à une lacune règlementaire sur le sujet, ce sont aussi bien l’éclairage public que l’éclairage privé qui ont été remis en cause par un arrêté ministériel publié fin 2018. Celui-ci vise à limiter et mieux encadrer les émissions de lumières la nuit.

L’extinction, bien que non-obligatoire pour l’éclairage public de voirie, se répand tout de même de plus en plus dans les collectivités : 12 000 communes en France pratiquent déjà une extinction partielle ou totale de leur éclairage au cours de la nuit (ANPCEN).

Durant le confinement, des villes se mettent à l'extinction des lumières




Mais le confinement pourra aussi avoir eu un effet bénéfique sur la nuit, car il a suscité ou accéléré dans certaines communes la réflexion sur la réduction, voire la suppression de leurs émissions lumineuses.

C’est le cas par exemple de Bayeux (Calvados), où le maire a décidé d’éteindre l’éclairage public pendant toute la durée du confinement, de 23h à 6h, sauf dans certains secteurs où la lumière demeure pour des questions de sécurité.

A Orsay (Essonne), la municipalité a profité de cette période pour tester des mesures qu’elle envisageait depuis plusieurs mois, avec une extinction aussi en cœur de nuit et par secteur. Les retours plutôt positifs de la population laissent penser que ces mesures pourraient être pérennisées au-delà de la fin du confinement.

Les villes de Quimperlé (Finistère), Collioure (Pyrénées-Orientales), Grasse (Alpes-Maritimes), Condé-sur-Noireau (Calvados) ou Espalion (Aveyron) se sont également engagées pour la réduction de leur éclairage.

D’autres collectivités, notamment des métropoles ou des grosses agglomérations se sont vues plus réticentes envers l’extinction. C’est le cas par exemple de Tours, Lille ou Orléans, qui pour des raisons de sécurité n’ont pas voulu couper totalement l’éclairage public mais ont choisi des solutions intermédiaires comme l’abaissement d’intensité là où c’était possible, ou l’extinction des mises en lumières patrimoniales.

Si le confinement touche à sa fin, on ne peut pas en dire autant pour les émissions de lumière artificielle nocturne. On peut néanmoins espérer que la réflexion en faveur d’une sobriété lumineuse va continuer à inciter à l’engagement et à l’action les décideurs locaux et permettre une remise en question efficace et globale de nos façons d’éclairer (ou pas !) la nuit.

Pour comprendre les enjeux de biodiversité nocturne et de pollution lumineuse, consultez la page de notre programme Nuits de Noé et découvrez la Charte de l’Éclairage Durable !

Pour en savoir plus sur les chauves-souris et particulièrement le Grand Rhinolophe, nous vous recommandons ce reportage disponible sur YouTube : « Une vie de grand rhinolophe »



Sources :

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