la Cop16 : à quoi va-t-elle servir ?

Un éléphant profite de son environnement protégé par Noé au Parc National de Zah-Soo au Tchad

LA COP16 BIODIVERSITÉ : UN RENDEZ-VOUS MAJEUR POUR STOPPER L’EFFONDREMENT DE LA NATURE !

La COP16 sur la biodiversité a débuté cette semaine à Cali en Colombie. C'est la première organisée depuis l'adoption de l'accord de Kunming-Montréal en 2022, qui a fixé des objectifs ambitieux de protection de la biodiversité. L'accord prévoit 23 objectifs de sauvegarde de la nature à atteindre, notamment la restauration de 30% des espaces, des eaux intérieures et des zones côtières et marines d'ici à 2030, ainsi que la protection de 30% des aires terrestres et 30% des aires marines. Deux ans après ces engagements, où en sont les états et à quoi va servir cette COP16 ?

16 octobre 2024

COP 16 : des promesses à l'action

Les populations d'animaux sauvages ont diminué en moyenne de 73% en 50 ans, nous alertait le dernier rapport Planète Vivante du WWF. Alors que nous déplorons partout la perte de nature dans le monde avec des conséquences irréversibles, il y a urgence à passer à l’action et à mettre en œuvre les mesures prises dans le cadre de l’accord de Kunming-Montréal. Aujourd’hui, seuls 31 pays sur 196 attendus ont soumis leur stratégie et leur plan d’action national pour atteindre les objectifs pris dans le cadre de l’accord. C’est largement insuffisant ! 

Les états sont donc appelés à accélérer et à mettre en œuvre leurs promesses face à une nature qui continue de s’effondrer à un rythme sans précédent. La COP 16 devra être également le lieu pour définir des indicateurs de succès et d’échecs dans le déploiement des politiques de sauvegarde de la biodiversité.


Le casse-tête du financement

La question du financement de la protection de la biodiversité est évidemment un enjeu central pour pouvoir mettre en œuvre les plans d’actions. Lors de la COP15, les pays développés s’étaient engagés à fournir 20 milliards de dollars par an d'ici 2025, puis 30 milliards d'ici 2030, aux pays en développement pour financer un fonds dédié à la biodiversité. 


En parallèle, les subventions néfastes pour la nature atteignent toujours près de 2 600 milliards de dollars par an. Nous appelons ainsi les Etats à mettre fin aux subventions publiques nuisibles à la biodiversité et à flécher ces financements vers la transition écologique. Or les tensions budgétaires nationales et internationales menacent la mobilisation de ces fonds. 


La France a par exemple déjà annoncé une baisse majeure et inédite de l’aide publique au développement. Impliquer le secteur privé sera donc essentiel sur la question du financement : les entreprises contribuent grandement à détruire la nature, elles doivent alors contribuer à financer sa restauration en plus d’une transformation structurelle attendue de leurs pratiques. A ce titre, le sujet des crédits biodiversité lancé dans le cadre de la COP15 et poussé par la France notamment pour augmenter les ressources nécessaires en faveur de la biodiversité devraient faire l’objet d’annonces. Les crédits biodiversité consistent à évaluer le gain économique que représente la préservation ou la restauration d’un écosystème et à récompenser ces actions de préservation ou de restauration du dit écosystème par le biais de crédits que pourraient générer ou s’échanger les acteurs sur le marché.


Cette approche est cependant de notre point de vue préoccupante au moins pour deux raisons majeures. D’abord parce qu’elle repose sur la notion d’équivalence selon laquelle un impact négatif sur la biodiversité à un endroit donné peut être compensé intégralement ailleurs, ce qui est quasiment impossible à démontrer et encore moins à garantir d’un point de vue scientifique. Et par ailleurs, parce que les crédits biodiversité, comme les crédits carbone, portent également un risque intrinsèque majeur de dérive en termes de substitution à l’évitement et à la réduction des impacts négatifs de pratiques ou d’aménagements pour passer directement à la compensation. 


Le point de vue que nous défendons, est qu’avant même d’imaginer de nouveaux mécanismes de compensation de la dégradation du vivant, la priorité devrait être de mettre tout en œuvre pour diminuer les pressions que nous exerçons sur la nature. Plutôt que le mécanisme de crédits biodiversité, nous soutenons la notion de certificats biodiversité, permettant de valoriser des actions positives mesurables pour la nature.


C’est pour cette raison que Noé a rejoint en 2024 l’Organisation for Biodiversity Certificates (OBC) qui réunit des scientifiques, des ONG, des entreprises pour développer un outil d’évaluation des impacts positifs sur la biodiversité à différentes échelles. Cet outil devra permettre d’évaluer la contribution de chaque partie prenante à un objectif collectif de sauvegarde de la biodiversité. La mobilisation de financements reste donc un enjeu clé pour l’avenir, et il faudra bien à terme intégrer que la nature n’a pas de prix, mais que la préserver à un coût.


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