Les abeilles et les autres insectes pollinisateurs : leur rôle essentiel dans nos ÉcosystÈmes

  © Michel Rauch / Biosphoto  

Journée mondiale des abeilles

Chaque 20 mai, nous célébrons la Journée mondiale des abeilles. Instaurée en 2018 par l’Assemblée générale des Nations Unies, cette journée offre l’opportunité de mieux faire connaître les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ainsi que de rappeler leur rôle essentiel dans nos écosystèmes et pour la santé des êtres humains.

  © Michel Rauch / Biosphoto  

22 mai 2023

QUI SONT LES INSECTES POLLINISATEURS SAUVAGES ?

Les pollinisateurs sauvages regroupent des milliers d’espèces diurnes et nocturnes appartenant à différentes familles. Les hyménoptères, les lépidoptères (notamment les espèces nocturnes), certains diptères et coléoptères participent à la pollinisation. La diversité de ces pollinisateurs est souvent méconnue. Par exemple, on recense plus de 10 000 espèces d’abeilles sauvages dans le monde, dont près de 1000 espèces en France.

Contrairement à l’abeille domestique apis melifera, la plus connue et souvent mentionnée lorsqu’il est question de pollinisation, ces abeilles sauvages sont pour la plupart solitaires et peuvent présenter une morphologie bien différente. Elles nichent dans le sol, dans la pierre ou encore dans des tiges et elles pollinisent 90% des plantes à fleurs sauvages et 75% des plantes cultivées. En transportant le pollen d’une fleur à l’autre à l’aide de leur corps, les pollinisateurs assurent la reproduction des espèces végétales et contribuent à la diversité génétique des plantes.

 

Selon un rapport de l’IPBES, 9% des espèces d’abeilles et de papillons sont menacées et leurs populations diminuent pour 37% des espèces. Toutefois, ces données sont encore lacunaires car certaines espèces sont encore peu étudiées.

 

Zoom sur deux espèces d’abeilles sauvages  

Voici la mégachile des bouleaux, Megachile analis, un hyménoptère de la famille des Mégachilidés. Cette abeille est solitaire et nidifie dans le sol sablonneux. Elle creuse des galeries obliques et utilise des morceaux feuilles de bouleau qu’elle découpe pour créer des cellules dans lesquelles elle pont ses œufs. 

Elle mesure entre 11 et 13 mm et possède la particularité de la famille des Mégachilidés : une brosse ventrale composée de poils raides nommée scopa lui permet de retenir une grande quantité de pollen.  Aujourd’hui cette espèce est menacée par les activités anthropiques. 

             © Richard Becker / FLPA - Frank Lane Picture Agency / Biosphoto

                         

Le Xylocope violet, Xylocopia violacea, une espèce de la famille des apidés est également considérée comme menacée. En effet, cette espèce thermophile est très sensible aux fortes chaleurs. Le Xylocope niche dans des galeries qu’il creuse dans le bois mort et construit des cellules pour ses œufs avec de la sciure de bois. Il mesure entre 20 et 28 mm et possède une pilosité assez courte sur laquelle est retenue le pollen. 

© Pavel Kacl iNaturalist ende

                         

 

Les insectes pollinisateurs et la santé humaine

 

Une récente étude menée par l’université de Harvard estime qu’il y a une perte moyenne mondiale de 3 à 5% de la production de fruit, de légumes et de fruits à coque en raison d’une insuffisance de pollinisation directement liée au fort déclin des insectes pollinisateurs. La disparition de ces populations réduit de façon significative le succès reproducteur des plantes et donc la production de fruit.

 

La perte de production agricole a des conséquences économiques directes, entraînant une sous-consommation des nutriments essentiels pour une alimentation saine pour les consommateurs. L’étude, associée aux données d’épidémiologie nutritionnelle, va plus loin en montrant que le déclin des pollinisateurs augmente les risques de maladies cardiovasculaire, de cancers et de diabète, car ces aliments réduisent les risques associés à ces maladies. Ainsi, on estime qu’un demi-million de décès par an sont liés au déclin des insectes pollinisateurs.

 

Ces résultats continuent de démontrer l’urgence et l’importance de préserver ces espèces et leurs habitats pour la santé des écosystèmes et, par conséquent, pour l’humanité.

 

Quelles menaces pèsent sur ces insectes ?

Bien que l’agriculture dépende de ces espèces, son intensification contribue au déclin des pollinisateurs, notamment en raison de l’exposition aux produits phytopharmaceutiques. D’autres activités d’origine anthropiques menacent également ces espèces, telles que la destruction et la fragmentation des habitats et des ressources par l’artificialisation des sols, une gestion trop intensive des espaces et les changements climatiques globaux. 

 

Les actions de Noé pour préserver les pollinisateurs sauvages

Grâce à ses projets menés avec ses différents partenaires, Noé contribue à freiner le déclin de ces espèces en implantant des prairies fleuries, tout en sensibilisant et en comblant les lacunes de connaissances sur certaines espèces. Par exemple, grâce au programme de sciences participatives appelé « Lépinoc », Noé met en place un suivi des papillons nocturnes sur le territoire métropolitain. Déployé sur plusieurs années, ce programme vise à sensibiliser à l’importance de ces espèces dans la fonction de pollinisation et de faire un suivi des populations au cours du temps dans différents sites. 



Références bibliographiques :
 

-        Matthew R. Smith & al., “Pollinator deficits, food consumption, and consequences for human health: a modeling study.” Environmental Health Perspectives vol. 130, no. 12, 14 Décembre 2022 doi : https://doi.org/10.1289/EHP10947

-        Nicola Gallai, Jean-Michel Salles, Josef Settele, Bernard E. Vaissière, “Economic valuation of the vulnerability of world agriculture confronted with pollinator decline”, Ecological Economics, Volume 68, Issue 3, 2009, Pages 810-821, ISSN 0921-8009, https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2008.06.014.

-        Michel Thomann, Eric Imbert, Céline Devaux, Pierre-Olivier Cheptou, “Flowering plants under global pollinator decline” ,Trends in Plant Science, Volume 18, Issue 7, 2013, Pages 353-359, ISSN 1360-1385, https://doi.org/10.1016/j.tplants.2013.04.002.

-        D. Wintermantel, J.-F. Odoux, A. Decourtye, M. Henry, F. Allier, and V. Bretagnolle, ‘Neonicotinoid-induced mortality risk for bees foraging on oilseed rape nectar persists despite EU moratorium’, Sci. Total Environ., vol. 704, p. 135400, Feb. 2020, doi: 10.1016/j.scitotenv.2019.135400.

-        Heiko Bellmann « Abeille, bourdons, guêpes et fourmis d’Europe : Identification, comportement, habitat » guide Delachaux et Niestlé, 2017, p.258 à 293.

-        Rapport d’évaluation sur les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire Copyright © 2016, Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES) ISBN: 978-92-807-3568-0 Job Number: DEW/1990/NA

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