des préparations pour l'hiver 

Fausses pattes de machaon © Konrad Wothe / Biosphoto

À l'automne, les chenilles sont sous les projecteurs !

L’arrivée de l’automne est synonyme de préparation pour l’hiver. Les imagos sont affaiblis par la chute progressive des températures et les espèces optent pour deux stratégies différentes : la migration vers des climats plus cléments, ou l’hibernation.

Lepidoptere Actiidae sur Lamier France © Denis Bringard / Biosphoto

01 septembre 2022

Anticiper la saison froide

L’hibernation des lépidoptères peut se faire à tous les stades : œuf, chenille, chrysalide ou imago. Si les papillons peuvent se cacher dans des endroits secs en attendant un climat plus doux, les chenilles doivent se préparer pour traverser la saison froide et font des réserves pour les mois difficiles.

Le Grand Mars changeant passe l’hiver à même sa branche sous forme de chenille, les piérides, elles, hibernent en chrysalide.

Une croissance accélérée

En automne, c’est donc au tour des chenilles d’être les vedettes ! Elles sortent de leurs œufs qui ont été pondus après la phase estivale de reproduction et commencent leur longue quête de nourriture. Leur première victime est la coquille de leur œuf, le chorion, qui contiendra un minimum de nutriments pour leur assurer un bon départ. Elles s’attaquent ensuite à leur plante-hôte, ses feuilles, ses graines ou ses boutons floraux.

Il existe quelques exceptions, les Maculinea se font nourrir par des fourmis en se faisant passer pour leurs larves. Ils en profitent pour manger ces dernières. C’est une forme de parasitisme. 

La chenille est le premier stade mobile du papillon (le second est l’imago). Elle doit impérativement croître pendant la fin de l’été et l’automne. Elle grandit énormément pendant cette période, et pour que son corps garde le rythme, elle subit plusieurs mues successives. La mue est un phénomène hormonal, déclenchant la formation d’une deuxième peau sous la première. Le moment venu, la chenille arrête de s’alimenter et se prépare. Les mues peuvent se réaliser dans un cocon de soie, à même la feuille ou enterrée dans l’humus. 

C’est un processus très rapide durant lequel l’ancienne peau durcit et ternit. La chenille sort la tête la première de son ancien thorax, désormais bien plus grande qu’auparavant. Pendant ce court instant, elle est extrêmement vulnérable et peut parfois rester piégée.

 

Chenille de machaon mangeant sa mue © Dominique Halleux / Biosphoto

On peut parfois observer les chenilles manger leur mue, toujours plus de nutriments ! Le Machaon le fait systématiquement.


une larve fragile aux aguets

Pour les chenilles, la survie vient avant tout. C’est pourquoi elles ont acquis de nombreuses adaptations à leur environnement au cours de l’évolution. Ainsi, lors des mues, elles peuvent changer de couleur, ce qui leur permet de se dissimuler dans leur environnement, se camouflant parmi les feuilles, les branches et les écorces. Elles peuvent également développer des cornes pour se défendre de leurs prédateurs. Les chenilles du Machaon possèdent un organe leur permettant de libérer des phéromones à l’odeur nauséabonde, l’osmeterium, qu’elles font sortir lorsqu’elles se sentent menacées. On peut également observer des adaptations comportementales : la chenille du Vulcain se tisse un abri en repliant une feuille de sa plante hôte (souvent des orties) qui lui permet de se cacher des prédateurs, de se faire une réserve de nourriture et de rester protégée dans ses stades les plus vulnérables.



Chenille de Machaon, osmeterium déployé, Feuille d'ortie repliée par une chenille de Vulcain © Joël Héras

 

La croissance de la chenille peut prendre de deux semaines pour certaines piérides jusqu’à plusieurs années pour le Chamoisé des glaciers et certains moirés. Certains amateurs d’insectes profitent du dur labeur des chenilles pour récolter leurs nutriments : ce sont de véritables barres d’énergie pour les oiseaux, notamment les mésanges, ou les petits mammifères.

Une étude réalisée en février 2022 a montré que les cornes de Hestina japonica, un papillon asiatique, sont indispensables à sa survie contre ses prédateurs naturels, les guêpes polistes.

Pour en savoir plus : publication en anglais


Chenille cornue de Hestina japonica © Mingyu Song / flikr

 

Une fois toutes leurs mues réalisées, les chenilles choisissent un lieu idéal pour entrer en nymphose. Les chenilles n’ayant pas terminé leur croissance se placent stratégiquement pour attendre le retour des beaux jours. Elles entrent alors dans un mode de vie ralentie pour survivre aux conditions extrêmes de l’hiver. On parle de diapause, période qui permet de synchroniser le cycle de vie des individus d’une espèce entre eux, et avec les saisons.

 

Les comportements dépendent des espèces et ne sont pas liés au hasard. Telle espèce devra hiberner en tant que chenille, une autre en tant que chrysalide. Pour l’une et l’autre, essayer de passer l’hiver sous un autre stade sera fatal.

 

Pour en savoir plus : papillons-dhiver

 

Ouvrez l’œil en automne, il y a toujours des choses à découvrir ! Lors de vos observations, si vous trouvez une chenille inconnue, la communauté du forum Papillons et Jardin peut vous aider à l’identifier !


Sources :

  • Lafranchis, T. et al., 2015. La vie des papillons. Éditions Diatheo. 751p.
  • Lafranchis, T., 2000. Les Papillons de jour de France,Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.
  • Chenille (lépidoptère), Osmeterium. Wikipedia France, consultés le 11 juillet 2022
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