Considéré comme en danger critique d’extinction dans les Pyrénées, l’ours brun est une espèce protégée.
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Record de naissances : augmentation de la population d'ours dans les pyrénées

Le nombre d’ours recensés dans les Pyrénées a augmenté entre 2019 et 2020, passant de 52 à 64 individus comptabilisés avec l’aide de nos confrères d’Espagne et d’Andorre. Une hausse de 23% qui s’explique aussi par la réapparition de quelques ours sortis des radars.
© Georges Lopez / Biosphoto
31 mai 2021
En 2020, ce sont aussi 16 oursons qui sont nés et 7 morts selon le bilan de l’Office Français de la Biodiversité1. L’ours brun est en effet suivi tous les ans par le Réseau de l’Ours Brun (ROB) et grâce à la collaboration des homologues frontaliers dans le cadre du Groupe de suivi transfrontalier des ours bruns dans les Pyrénées (GSTOP).

De nombreux critères sont étudiés dont l’aire de répartition géographique de l’espèce, l’évolution de la population, ou encore ses comportements et caractéristiques de vie. Plusieurs dispositifs sont mis en place dont l’installation de caméras mais aussi l’identification et la comptabilisation des traces de passage comme les empreintes, les déjections ou les poils.

Le nombre de naissances record ainsi que leur suivi régulier montre que la réintroduction de l’ours a été une réussite. Ils se sont acclimatés au terrain et les conditions ont été propices à leur développement.

Pourtant, les objectifs ne sont pas encore atteints. Afin que la population soit considérée comme viable, il faut que le nombre d’ours reproducteurs atteignent les 50 et que la diversité génétique soit assurée, ce qui est pour l’instant loin d’être le cas avec un peu moins de quinze ours participant à la reproduction. 

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Danger pour l’Homme ? Un animal costaud mais fragile en même temps.

L’espèce a été réintroduite par l’Homme dans les forêts Pyrénéennes à partir de 1996, suite à sa disparition progressive et critique à la fin des années 1980.
 
Par sa constitution solide, son mode de vie et l’imaginaire collectif, l’ours est souvent considéré comme un animal dangereux. Il est donc parfois victime de chasse (poison ou tirs par balles), mais meurt aussi de manière naturelle, à la suite d’accidents ou de problèmes sanitaires. 
Ce fut le cas du mâle Cachou en avril 2020 dont la mort de cause anthropique avait ravivé les débats sur l’encadrement de la population ursine.
 
L’ours brun, bien que généralement distant de l’Homme, se rapproche en effet des élevages afin de se nourrir. La cohabitation est donc difficile depuis des années, notamment pour les éleveurs qui voient leur cheptel exposé à des attaques. Ils dénoncent l’augmentation de la population des ursidés et les risques pour leur métier, même si le nombre de pertes d’élevage a diminué : 636 en 2020 contre 1200 en 2019 selon l’OFB.

La politique mise en place par l’Etat français consiste à indemniser les pertes de bétail et pratiquer des tirs d’effarouchement sur les ours. La méthode non létale et dissuasive est considérée comme insuffisante par les éleveurs et décriée pas les associations locales pro-ours.

Du côté espagnol, les attaques sont moins nombreuses grâce aux efforts de protection notamment durant la période estivale où les troupeaux sont mieux gardés.


Une espèce protégée, vers une meilleure régulation.

Considéré comme en danger critique d’extinction dans les Pyrénées, l’ours brun (Ursus arctos) est protégé par un arrêté interministériel de 1981 ainsi que par la directive européenne dite Habitats de 1992.
 
Les contrevenants s’exposent à une peine de trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Malgré cette infraction, trois individus ont été tués en 2020 par l’Homme.

Suite à ces agissements, 28 associations françaises et espagnoles avaient demandé à la Commission Européenne de remplacer ces ours. Proposition validée depuis le 29 janvier 2021 par l’institution qui somme la France de répondre à ses engagements déjà pris dans le plan Ours 2018-2028 et de procéder aux lâchers requis.

Rebondissement aussi du côté de cette législation ursine, puisque le 4 février 2021, le Conseil d’Etat a partiellement annulé l’arrêté du 27 juin 2019, instauré après des attaques de troupeaux de brebis et qui autorisait les tirs d’effarouchement, méthode « renforcée » pour éloigner les ours des troupeaux.

Les mesures d’effarouchement simple (sonores, olfactives, lumineuses) sont donc toujours autorisées dans des conditions spécifiques, mais les tirs non-létaux sont désormais considérés comme illégaux, pouvant perturber l’espèce protégée, et également mettre en danger l’effaroucheur.

L’Etat français et les différentes parties prenantes doivent désormais trouver de nouvelles solutions afin de permettre au pastoralisme et aux ours de partager les terres montagnardes.

Bonne nouvelle pour la biodiversité: les efforts de réintroduction et de préservation continuent de payer, puisque les trois premiers oursons de 2021 ont déjà été repérés par les associations dans le Béarn.

Sources et références :


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