Quand les animaux jouent à cache-cache : l’art du camouflage

Lorsque vous vous promenez dans la nature, vous remarquez certainement que certains animaux semblent invisibles à nos yeux, alors même qu’ils ne sont pas cachés. Ils ont le chic pour se fondre dans le décor, et cela grâce à leurs techniques de camouflage. Cet article va vous apprendre comment ils s’y prennent ; vous pourrez ainsi mieux les repérer lors de votre prochaine sortie !
02 juillet 2020

Lorsque vous vous promenez dans la nature, vous remarquez certainement que certains animaux semblent invisibles à nos yeux, alors même qu’ils ne sont pas cachés. Ils ont le chic pour se fondre dans le décor, et cela grâce à leurs techniques de camouflage. Cet article va vous apprendre comment ils s’y prennent ; vous pourrez ainsi mieux les repérer lors de votre prochaine sortie !


Le camouflage est une méthode de dissimulation qui permet à un organisme visible de se fondre dans son environnement et ainsi de passer inaperçu face à un œil non averti. L’organisme camouflé est difficilement repérable car il se fait passer pour ce qu’il n’est pas : cette méthode implique donc aussi la tromperie.


Mais pourquoi les animaux se camouflent-t-ils ? Il existe une raison simple à cela : la survie, vue sous deux angles différents. En effet, en se fondant dans leur environnement ou en dissimulant leur forme, les animaux peuvent passer inaperçus vis-à-vis de leurs prédateurs… ou de leurs proies !


Ainsi, les animaux ont recours à différents mécanismes de camouflage pour se dissimuler au mieux dans leur environnement. Nous en aborderons aujourd’hui quelques-uns mais sachez que la liste n’est pas exhaustive : quand il s’agit de survie, la nature montre une ingéniosité impressionnante !


L’homochromie

C’est la forme la plus connue de camouflage et la plus répandue dans le monde animal, car la plus simple. Cette méthode consiste pour l’animal camouflé à adopter les couleurs de l’environnement dans lequel il évolue. Elle se divise en plusieurs catégories ; en voici quelques-unes.

L’homochromie est dite simple lorsque la couleur générale d’un animal correspond à son environnement. C’est le cas de la perruche à collier (Psittacula krameri) qui, avec sa belle couleur verte, passe inaperçue dans les arbres. Le plumage du dos du gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), qui nidifie sur les côtes bretonnes et normandes pendant la saison estivale, a une couleur qui lui permet de se dissimuler dans le sable. Si vous recherchez le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), sachez que son dos marron-grisâtre assure un bon camouflage dans les mares où il vit. Gardez l’œil bien ouvert !



© Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) - Biosphoto. Emile Séchaud

Pour ce qui est de l’homochromie variable, comme son nom l’indique, cela signifie que les couleurs que prend l’animal pour se camoufler varient.


Il peut s’agir d’une variation saisonnière, comme pour les animaux qui changent de couleur en hiver afin de rester le plus discret possible tout au long de l’année. Un exemple connu est l’hermine. Son pelage marron devient blanc en hiver. Les mammifères ne sont pas les seuls à adopter cette technique. Les lagopèdes, dont la perdrix des neiges (Lagopus muta) que l’on peut trouver dans les Alpes et les Pyrénées, sont des oiseaux appartenant à la famille des faisans et des tétras qui changent eux-aussi de couleur avec les saisons pour échapper à leurs prédateurs.


© Lagopède alpin (Lagopus muta) - Biosphoto. Markus Varesvuo

Les animaux peuvent également changer de couleur selon leur environnement. On peut citer les thomises des genres Misumena et Thomisus, ces petites araignées-crabes qui adaptent leur couleur à celle de la fleur sur laquelle elles se postent pour chasser leurs proies. Certaines grenouilles arboricoles sont capables de modifier leur teinte pour mieux se fondre dans leur environnement. Le caméléon est aussi un animal connu pour sa capacité à changer de couleur, mais il l’utilise en réalité plus à des fins de communication qu’à du camouflage.


© A gauche : Thomise du genre Thomisus - Biosphoto. Stoelwinder. A droite : Thomise variable (Misumena vatia) - Biosphoto. Bruno Guénard

Enfin, les couleurs disruptives sont les couleurs hautement contrastées qu’arbore un animal, lui permettant de brouiller les contours de son corps et le rendant plus difficile à discerner dans son environnement. Ainsi, la phalène du bouleau se camoufle grâce à sa mosaïque de couleurs blanche, grise et noire qui s’accorde aux troncs de bouleau sur lesquels elle se pose. De la même façon, le lézard vert occidental (Lacerta bilineata), avec sa couleur verte mouchetée de noir, se dissimule bien dans la végétation.


© Lézard vert occidental (Lacerta bilineata) - Biosphoto. Olivier Born

Par ailleurs, les couleurs peuvent former des motifs dits « disruptifs » : taches, rayures, etc. Tel le camouflage militaire, ils sont très efficaces pour se fondre dans un milieu. Ainsi, la robe gris-beige tachetée du lynx boréal (Lynx lynx), observable dans les Alpes, le Jura et les Vosges, se fond dans les paysages montagneux.


Enfin, les motifs peuvent être très visibles de façon à distraire l’attention de l’observateur. Cela permet de retarder la reconnaissance de l’animal dans son ensemble, voire lui laisse le temps d’échapper à son prédateur. On peut citer par exemple les ocelles des papillons, qui font penser à des yeux, comme pour le Paon-du-jour (Aglais io). Les chenilles du Sphinx du peuplier (Laothoe populi) et du Flambé (Iphiclides podalirius) présentent des lignes jaunes le long de leur corps vert, ressemblant ainsi aux nervures des feuilles, et les rendant presque imperceptible sur les feuilles d’arbres. La chrysalide de la Belle-Dame, elle, présente des points blancs sur ses côtés, évoquant des gouttes de rosée sur une feuille morte.



© Paon du jour (Aglais io) - Biosphoto. Frank Deschandol & Philippe Sabine

L’homotypie

Un animal qui a recours à l’homotypie adopte non seulement les couleurs de son environnement, mais il en prend aussi la forme ! La plupart des animaux utilisant cette méthode sont des insectes. Ils sont capables d’imiter une grande variété de parties végétales, comme les branches, les feuilles mais aussi les écorces. Un exemple typique d’animaux utilisant cette stratégie : les phasmes. Ces insectes sont des maîtres dans l’art du camouflage et ils portent bien leur nom : les « phasmes-bâtons », « phasmes-ronces » et « phasmes-feuilles » prennent respectivement l’aspect d’une brindille, d’une tige épineuse et d’une feuille un peu abîmée. On peut citer également le Citron (Gonepteryx rhamni), papillon dont la forme et la couleur jaune-vert pâle des ailes rappellent une feuille, ou encore le Robert-le-Diable (Polygonia c-album) qui, lorsqu’il ferme ses ailes, ressemble à une feuille morte. Par ailleurs, certains de ces insectes poussent le camouflage encore plus loin en adoptant un comportement imitant un mouvement naturel de l’environnement. C’est pour cette raison que vous pouvez en apercevoir « tremblant » sur leurs pattes : en réalité, ils imitent le végétal qui frémit sous le vent…

En dehors des insectes, d’autres animaux excellent également dans le camouflage homotypique, comme certains geckos ou encore des poissons.




© Robert-le-Diable (Polygonia c-album) - Biosphoto. Robin Monchâtre

Le mimétisme

Le mimétisme est également une forme de camouflage, dans le sens où l’animal qui y a recours se fait passer pour ce qu’il n’est pas pour survivre. Ici, l’animal ne cherche pas à se dissimuler mais à imiter un autre être vivant, souvent plus dangereux que lui. Il lui emprunte son apparence physique (couleurs, forme, allure), ses odeurs ou les sons qu’il émet. De cette façon, il peut échapper à ses prédateurs. Amusez-vous à observer les syrphes, les sésies ainsi que le clyte bélier (Clytus arietis), respectivement des mouches, des papillons et un coléoptère totalement inoffensifs : ils empruntent l’alternance du jaune et du noir de la guêpe, connue pour ses piqûres et le venin qu’elle injecte en même temps.


© Syrphe du groseillier (Syrphus ribesii) - Biosphoto. Stéphane Vitzthum

À vous de jouer !


La liste des animaux usant des techniques de camouflage est presque infinie et, comme nous l’avons vu, vous pouvez en retrouver beaucoup dans nos contrées. N’hésitez pas à partir à leur recherche et à participer à l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts ou à l’Opération papillons pour signaler vos observations ! Nous vous proposons également de poster vos photos d’observations d’animaux camouflés sur le forum Papillons et jardin. Les plus belles photos seront insérées dans cet article pour l’illustrer, alors à vos appareils !


 

Quelques photos issues du défi lancé sur le forum


Voici une petite sélection de photos illustrant le camouflage, réalisées par des membres du forum Papillons et jardin de Noé. Cette sélection est loin d’être exhaustive, alors pour découvrir l’ensemble des photos des personnes ayant participé, que nous remercions grandement, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil ici !


Cette thomise à l'affût est accordée à la couleur de la fleur de liseron.



© Thomise - NDAVID

Cette petite chenille se dissimule bien grâce à sa ressemblance avec la feuille sur laquelle elle repose.



© Chenille de Flambé (Iphiclides podalirius) - marcassin

Les criquets sont des rois du camouflage !



© Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens) - Mario

Encore un ! Parviendrez-vous à trouver le criquet camouflé dans ces herbes ?



© Criquet - NDAVID

Et enfin, ce beau papillon dont les couleurs sont en adéquation avec le sol !



© Chevron blanc (Hipparchia fidia) – marcassin

Sources :

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