Les haies sont un véritable refuge de biodiversité, on y trouve près de 600 espèces végétales.
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La préservation des haies : refuge de biodiversité et solution contre le changement climatique

En septembre dernier, le gouvernement a présenté son plan de relance. Dans celui-ci était annoncée la plantation de 7000 km de haies avant la fin 2022. 
© Frédéric Desmette / Biosphoto
27 mai 2021

Un refuge pour la biodiversité

Les haies sont un véritable refuge de biodiversité. On y retrouve près de 600 espèces végétales. Une haie champêtre abrite aussi plus de 35 espèces de mammifères, allant de l’écureuil à la belette, 8 espèces de chauve-souris et plus de 60 espèces d’oiseaux. On compte parmi ces derniers la chouette chevêche, l’accenteur mouchet, la perdrix grise ou la sittelle torchepot1.

Y trouvent refuge également des amphibiens, batraciens ou reptiles mais aussi des insectes pollinisateurs et autres auxiliaires de culture. Ces derniers sont des êtres vivants, la plupart du temps des insectes, qui contribuent à réduire les populations de ravageurs qui s’attaquent aux plantations. Par exemple, la coccinelle est prédatrice des pucerons.
 
Chaque strate de la haie abrite donc des espèces spécifiques, qui ont besoin de cet environnement pour trouver refuge, se nourrir ou se reproduire. Elles font aussi office de corridor pour la circulation des espèces. Cette biodiversité est essentielle au bon fonctionnement de notre écosystème.  

© Patrick Glaume / Biosphoto


Un atout pour les cultures et une solution contre le réchauffement climatique

Les haies sont favorables à la production agricole et sont donc un fort atout pour le bon développement des cultures.


  • Elles génèrent des conditions microclimatiques parfaites : elles servent de brise-vent pour le bétail et de régulateur sur la température au niveau micro-local.
  • Elles limitent le ruissellement et favorisent l’infiltration de l’eau de pluie, qu’elles contribuent à épurer. Elles sont donc efficaces contre l’érosion des sols2.
  • Elles permettent également aux agriculteurs de trouver d’autres débouchés comme l’exploitation d’arbres fruitiers, de bois de chauffage ou d’œuvre. Une haie peut produire chaque année quatre tonnes de bois au kilomètre, c’est la moitié de la consommation annuelle d’un ménage pour le chauffage.

Les haies sont également un atout de taille afin de contrer le réchauffement climatique. 


Elles ont un fort taux de captation de carbone : il y a plus de carbone stocké dans le sol à leur proximité que dans les parcelles adjacentes. Un kilomètre de haies absorbe entre six et dix tonnes de dioxyde de carbone par an !
Cependant, les haies ne peuvent rendre ce service uniquement si elles sont en bon état écologique.  

© Michel Gunther / Biosphoto


Les causes de leur disparition

Les haies ont massivement disparu depuis les années 1950 : en France elles ont perdu 70% de leur surface. 


Leur linéaire est passé d’environ 2 millions à près de 500.000 kilomètres1

Ceci est grandement dû à ce qui est appelé le remembrement. Dans les années 1960 à 1980, la tendance était de faire de grandes parcelles cultivables d’un seul tenant afin de faciliter l’exploitation des terres et la mécanisation agricole.

La PAC 2015-2020 a introduit des mesures afin d’encourager au maintien des haies, mais avant celle-ci, une vague d’arrachage fût constatée. Certains agriculteurs craignaient de ne plus pouvoir faire ce qu’ils voulaient.
Des collectivités sacrifient également parfois les haies au profit de certains projets d’aménagement.  

L’entretien des haies anciennes : une priorité

L’entretien des haies est aussi une cause de leur disparition. 


Certaines coupes mécaniques trop sévères les mettent en péril.

Les 750.000 km de haies anciennes sont menacés. Lorsque les haies ne sont pas bien entretenues, elles perdent peu à peu certaines strates de végétation, elles dépérissent et ne se renouvellent plus. Hors, ce sont ces haies qui ont la capacité de remplir les fonctions écosystémiques dès maintenant, si elles sont bien gérées. Les nouvelles haies plantées, ne rempliront leur rôle seulement dans vingt à trente ans3.

Il est maintenant difficile pour les agriculteurs de protéger leurs cultures et animaux pour pouvoir continuer de nourrir la population. Cela est dû à la désertification, dont la cause est bien connue : chaque année 11.000 km de haies continuent de disparaître1.

Leur protection est une priorité, étant donné qu’elles sont l’une des réponses les plus immédiates pour faire face à cette crise.  

© Frédéric Desmette / Biosphoto


Les initiatives qui existent pour la protection des haies

Fin 2019, le label « haie » fût lancé par le Ministère de l’écologie. 


Porté par Afac-Agroforesterie, il promeut une bonne gestion des haies et apporte une garantie extérieure pour celle-ci.
Les bonnes pratiques des agriculteurs sont certifiées à l’aide d’audits réalisés tous les deux ans. Ce label interdit les techniques d’entretien dégradantes, la surexploitation et le désherbage à son pied et prône les coupes propres qui permettent à la haie de se renouveler et de s’étoffer. En 2020, une centaine d’agriculteurs ont été labellisés2.

    

Une autre solution sont les paiements pour services environnementaux. 


Ceux-ci consistent à rémunérer les agriculteurs dont les pratiques contribuent à préserver l’environnement et sont utiles à l’intérêt général.

L’Agence de l’eau Adour-Garonne est la première à les avoir mis en place et a distribué en 2020 près de 6,5 millions d’euros à 850 agriculteurs en fonction d’un score attribué à chaque exploitation. Ce score valorise les pratiques comme la rotation longue des cultures, la baisse de l’usage de produits chimiques et la présence d’infrastructures agro-écologiques comme les haies. 

Les propositions du plan de relance

Présenté en septembre dernier, le plan de relance propose des solutions pour la replantation des haies.

Deux volets sont prévus à ce sujet :
  • Un volet « investissement » qui projette de financer des projets d’implantation de haies et d’arbres au sein des parcelles.
  • Un volet « accompagnement » qui projette de financer des actions d’accompagnement et d’animation dans les territoires afin de susciter des projets de plantation, de faciliter leur montage et leur réalisation et d’assurer leur cohérence et leur pérennité.

Ce plan de relance est donc axé sur la plantation de haies nouvelles. Certains défenseurs le regrettent et auraient souhaité que celui-ci se concentre sur le développement des haies existantes.
Sachant que ces dernières sont déjà fonctionnelles, la priorité est de les entretenir et les maintenir. Avant d’imaginer en créer de nouvelles, les agriculteurs auraient besoin d’un accompagnement financier pour regarnir les haies.   

Références et sources :



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