Plus d’un siècle de sciences participatives

Vous qui participez aux Observatoires de la Biodiversité, savez-vous que vous vous inscrivez dans des programmes amplement développés sur le territoire, et dont l’histoire remonte au XIXème siècle ? Nous vous détaillons tout cela.
06 janvier 2020
En France, les sciences participatives relatives à la biodiversité telles que vous les connaissez aujourd'hui font leur apparition au début des années 2000 et se sont depuis considérablement implantées. Ont été mis en place depuis près de deux cents programmes recensés à ce jour. Leurs thématiques sont diverses, recouvrant nombre d’espèces de la faune et de la flore, et sont portés par différents partenaires. Il n’est pas simple de s’y retrouver dans cet ensemble complexe et foisonnant ! D'autant qu'il fait son apparition outre-Manche il y a plus d'un siècle, et a depuis largement évolué.


Dès le XIXème siècle dans le monde anglo-saxon, de nombreux programmes de sciences participatives sont mis en place pour collecter des données naturalistes. Ces missions sont organisées par des sociétés savantes de différents domaines, aussi bien en entomologie qu’en ornithologie, et contribuent ainsi à améliorer les savoirs sur de nombreux taxons, en en élargissant les connaissances sur de nouvelles aires géographiques. On peut également noter que des programmes impliquant des citoyens avertis et passionnés sont lancés dans d’autres domaines, comme l’archéologie ou l’astronomie. L’implication d’observateurs plus novices commence dans les pays anglo-saxons au début du XXème siècle. On peut ainsi citer le programme Christmas Bird Count qui propose un comptage d’oiseaux, à l’initiative de la société savante Audubon dans les années 1900. Ces initiatives sont assez restreintes, mises en place par peu d’organismes mais suscitent un fort engouement de la société : jusqu’à cinquante mille participants pour le comptage d’oiseaux. La dénomination change alors, passant de sciences participatives à « citizen sciences » (sciences citoyennes).

Dans le même temps, on note un déclin de l’attractivité des sociétés savantes en ce qui concerne le reste de leurs activités. Les contributions à ces organisations diminuent, peut-être dû au fait que les programmes sont relativement fermés ou réservés à des élites savantes. Elles semblent perdre leur dynamisme, étant sûrement connotées comme trop anciennes.
Face à cela, et au besoin grandissant de données naturalistes, des associations de protection de l’environnement prennent majoritairement le relai. Si leur but premier, contrairement aux sociétés savantes, n'est pas d'organiser la collecte de données mais plutôt de sensibiliser tout un chacun à la conservation de l'environnement, elles se lancent néanmoins dans cette entreprise. Ces associations permettent de mobiliser leurs réseaux de bénévoles et participent à l’amélioration des connaissances, dès la deuxième partie du XXème siècle. On peut alors voir émerger des intérêts croissants entre les secteurs de la recherche sur la biodiversité et les associations naturalistes, qu’elles soient à l’échelle locale ou nationale.



En France, les sciences participatives arrivent tardivement par-delà la Manche. Les premières observations participatives commencent avec l’ornithologie, puisque voit le jour en 1989 le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), coordonné par le Centre de Recherche par le Baguage des Populations d’Oiseaux du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN). Ce programme est à l'attention des naturalistes. C’est en 2006 que Noé fait son apparition sur la scène des sciences participatives, et lance en coordination avec le MNHN le premier observatoire participatif des papillons de jardin destiné aux néophytes : c’est l’arrivée des sciences participatives grand public en France.

Suite à ces programmes précurseurs, de nombreux projets ont émergé à différentes échelles, que ce soit pour étudier la faune ou la flore, ou encore sur différents espaces qu’ils soient terrestres ou maritimes.

Les observatoires s’alignent sur la définition proposée par le collectif national Sciences participatives et biodiversité en 2012, dont les finalités sont multiples. La définition est la suivante : « les sciences participatives sont des programmes de collecte d’informations impliquant une participation du public dans le cadre d’une démarche scientifique. L’application de ces sciences participatives au domaine de la biodiversité se décline en 3 objectifs :

  • avoir des données sur la nature et la biodiversité pour étudier son état de santé ;

  • produire des outils de sensibilisation et d’éducation à la nature et à la biodiversité ;

  • former une communauté et mobiliser autour d’enjeux liés à la nature. ».


D’après le portail OPEN recensant les observatoires en France, on en dénombre 152 pour près de soixante-dix mille observateurs. En parallèle existent également des programmes éclairs de sciences participatives, qui proposent quelques heures d’observation et comptage d’espèces, comme 24 heures pour la Biodiversité.

Aujourd’hui, l’accès aux observatoires est grandement facilité par les réseaux informatiques, qui déploient des bases de données en ligne, des forums… multipliant ainsi l’accessibilité de ces programmes, et permettant la mise en place d’une mosaïque de publics et de territoires. On est loin des sociétés savantes du XIXème siècle !


Les bénéfices de ces programmes sont multiples : non seulement ils participent à l’avancée des connaissances naturalistes par le biais des données récoltées (de manière opportuniste ou avec un protocole bien défini), mais ils ont des bienfaits pour les participants également. Se reconnecter à la biodiversité permet de faire évoluer ses comportements, d’engranger des connaissances, mais aussi de se reconnecter avec la nature en en ayant une expérience différente par le biais de la collecte de données et de l’observation. Il peut être très valorisant pour tout un chacun de participer à la recherche scientifique !

Sources :

Sciences participatives et biodiversité. Conduire un projet pour la recherche, l’action publique, l’éducation. Guide de bonnes pratiques, déc 2016

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