L'aménagement paysager au service de la biodiversité

Paysagisme et biodiversité

Les 1, 2 et 3 décembre derniers s’est tenu le Congrès National des Entreprises du Paysage, organisé par l’UNEP, partenaire de longue date de Noé. L’occasion de faire le point sur le rôle des paysagistes et des entreprises du paysage dans la protection de la biodiversité et de mieux découvrir un des « Jardins de Noé ».

Le jardin d'En Galinou, jardin Remarquable et "Jardin de Noé"

16 décembre 2022

Un jardin d’agrément, paysagé peut-il être un lieu d’accueil de la biodiversité ? Cette idée n’est pas si étonnante lorsque sont mis en place les bons aménagements et préconisées les bonnes pratiques. Le réseau des « Jardins de Noé » l’illustre parfaitement, et en particulier le Jardin d’En Galinou, qui a servi de support de réflexion aux paysagistes de l’UNEP.


Massifs du jardin d'En Galinou
@Hubert Lelong

Jardin Remarquable à plus d’un titre, le Jardin d’En Galinou situé dans le Lauragais est le fruit du travail de longue haleine de deux passionnés. Leur philosophie ? Un jardinage adapté au jardin, à son climat, à son sol et ses particularités et non l’inverse. Et surtout, laisser du temps au temps. En résulte un jardin où rien n’est laissé au hasard, où massifs et rocailles alternent avec pré, mare bassin et verger. Un jardin bien jardiné qui met en place l’ensemble des gestes de la Charte des Jardins de Noé et qui est aussi un refuge LPO, notamment pour les faucons crécerelles qui apprécient nicher dans le garage de l’ancienne ferme.

C’est en partant de cet exemple plus que probant que les membres de l’UNEP ont pu échanger sur les questions de biodiversité au cours de deux ateliers animés par Noé. L’objectif de ces deux ateliers était de montrer que le jardin écologique met en avant la technique et l’esthétique.

Une haie monospécifique de thuya peut ainsi être simplement remplacée, progressivement ou non, par une haie champêtre, qui gardera sa fonction de clôture ou lisière visuelle tout en étant riche de ressources pour la biodiversité. Des zones de prairies de fauche peuvent aussi constituer un véritable aménagement paysager, délimitant différentes zones et usages au sein du jardin. Une rocaille, si elle est faite de pierre sèche et sans liant imperméable, devient un refuge et un lieu de chasse pour la faune locale. La pratique même du paysagiste rassemble ainsi un large panel d’outils pour la préservation et même la restauration de la biodiversité.


Les paysagistes ont aussi un rôle à jouer dans la conservation des essences végétales et l’adaptation des territoires face au changement climatique. En choisissant une palette végétale adaptée aux particularités du jardin (nature du sol, exposition, …) et de son territoire (climat, hydrométrie,), ils assurent la durabilité du jardin et ainsi une gestion facilitée pour les propriétaires. A En Galinou, la palette végétale a été sans cesse adaptée pour convenir au mieux au lieu et à la réalité de son climat. Ce qui n’empêche pas les essences plus ornementales, mais toujours locales, de se développer à loisir.
    

La question du changement climatique est souvent revenue dans les discussions autour des ateliers présentés par Noé aux membres de l’UNEP. Si les études sur le sujet de l’adaptation des végétaux à ce changement commencent à se multiplier, les observations sur le terrain ne sont pas toujours concluantes, et difficiles à coupler avec le besoin de favoriser les essences locales. En effet, si le label Végétal Local aide à s’assurer de la bonne provenance des végétaux, il s’appuie sur des découpes régionales dont certaines ne seront plus pertinentes en terme de climat d’ici quelques années. La vigilance et l’approfondissement continu des connaissances sur le sujet sont ainsi de mise.

Jardin d'En Galinou @Hubert Lelong

Un autre défi des paysagistes est de convaincre clients mais aussi salariés de passer à une pratique plus favorable à la biodiversité. De nombreux préjugés circulent en effet sur la gestion écologique des jardins, et notamment chez les particuliers. L’aspect supposé inesthétique des jardins à la gestion moins lourde est généralement le plus gros frein rencontré par les paysagistes. Pourtant, le jardin d’En Galinou ainsi que le nombre croissant de jardins écologiques labellisés Remarquables, montrent tout le contraire. Un paysagiste ayant une bonne connaissance de la biodiversité proposera à ses clients des aménagements techniques, esthétiques et favorables à la biodiversité. Il n’est par ailleurs souvent pas plus coûteux d’entretenir un jardin écologique. Les gestes et techniques sont simplement à adapter. C’est d’ailleurs un aspect à favoriser auprès de ses équipes qui peuvent craindre une diminution du savoir-faire mis en œuvre. La fauche des prairies ou la création d’une mare en argile demandent la maitrise de techniques particulières qu’il peut être intéressant de valoriser par une entreprise.

Par ailleurs, avoir pensé et mis en place ces aménagements et techniques dès la conception du jardin, assure ensuite une gestion écologique plus facile à mettre en place et des aménagements plus durables dans le temps. Un jardin conçu pour être géré écologiquement le sera d’autant plus facilement.

 

Ainsi, en zone urbaine où le réensauvagement des espaces verts est difficile, les paysagistes ont un rôle à jouer pour la protection et même la restauration de la biodiversité. Les aménagements paysagers peuvent assurer la reconstitution de petits réservoir de biodiversité ou des pas japonais, complétant les trames vertes et bleues. La technicité des paysagistes et des entreprises du paysage peut être un outil pour la fonctionnalité des écosystèmes. C’est avant tout la connaissance de la biodiversité et des écosystèmes qui leur permettra d’adapter les aménagements en faveur de la biodiversité et plus généralement d’une gestion raisonnées des jardins et espaces verts.

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