Un papillon exotique au vol puissant

Portrait du Pacha à deux queues

La Minute papillon vous présente ce mois-ci le Pacha à deux queues. Un vent d’exotisme souffle sur la Méditerranée quand ce grand papillon déploie ses ailes. Découvrez son alimentation particulièrement alcoolisée et sa drôle de chenille cornue.
© Jason - Jan Willem Steffelaar - Flickr
12 octobre 2021

Présentation du papillon au damier

Le Pacha à deux queues est un papillon de jour que l’on connaît également sous le nom de Jason ou de Nymphale de l’arbousier. Cet imposant papillon est de la famille des Nymphalidae et de la sous-famille des Charaxinae ; ces derniers sont connus pour être des papillons des régions tropicales. Le Pacha à deux queues est une exception à cette famille.
Il est en effet le seul des Charaxinae à avoir passé la méditerranée. Ses plus proches parents se trouvent en Afrique subsaharienne mais aussi en Asie du Sud-Est et dans les îles du Pacifique.
Le Jason est un papillon de grande envergure, ce sont les femelles qui battent les records avec une taille pouvant dépasser les 10 cm lorsque ses ailes sont déployées. Ces dernières lui permettent de voler sur de longues distances et en altitude grâce à son vol rapide et particulièrement puissant.
Cela en fait un des plus grands (si ce n’est le plus grand) papillon de jour de France !

 © Jason - Mick Sway - Flickr
 © Jason - Mick Sway - Flickr 
 
Le Pacha à deux queues, comme son nom l'indique, possède de grandes ailes postérieures prolongées d’une paire de queues. Les ailes sont marron sombre et possèdent des taches orange sur toute la bordure. C’est le dessous de ses ailes qui rend ce papillon si particulier et facilement reconnaissable. Des motifs complexes en forme de damier ornent le revers de ses ailes, composés de bordeaux, de noir, de jaune, de blanc et encore de bleu.
Aucune confusion n’est possible avec cette espèce si particulière et exotique.
Cependant, la Nymphale de l’arbousier n’est pas observable sur tout le continent métropolitain, au contraire il se cantonne aux abords de la méditerranée. Il n’est pas rare de l’y croiser(particulièrement en fin d’été) sauf au printemps où il se fait plus discret à l’exception de la Corse. En dehors de la France, il apprécie la chaleur de l’Afrique centrale, du Maghreb et du sud de l’Europe (Grèce, Turquie…).

 

Les habitudes de cet insecte particulier

Le Pacha à deux queues apprécie les garrigues et autres maquis typiques du pourtour méditerranéen tant qu’ils sont arborés et en dessous de 600 m d’altitude. Le papillon cherche en premier lieu les régions boisées qui sont riches en arbousiers, sa plante-hôte.
Il s’agit d’un papillon particulièrement territorial qui supporte mal la présence de congénères ou d’autres espèces de papillons. Il s’installe en hauteur pour surveiller les alentours et dès qu’un intrus s’introduit dans son champ de vision, il le prend en chasse avant de retrouver son poste d’observation dès que l’indésirable est écarté. S’il s’agit d’un de ses pairs, masculin de surcroît, une lutte sans merci s’engage entre eux.
Cependant, il recherche aussi le repos, et aime se confondre avec l’écorce des chênes-lièges, des arbousiers ou encore des pins où il devient presque invisible.
 
La Nymphale de l’arbousier a une alimentation différente des autres espèces de son taxon. En effet, il apprécie tout particulièrement les fruits mûrs au stade avancé de fermentation. Ce papillonne butine pas de nectar, il se concentre sur les pêches et les figues fermentées, son repas préféré. Autre particularité de son régime alimentaire, il apprécie également les boissons alcoolisées ainsi que les charognes et les excréments d’animaux.
 
© Nymphale de l’arbousier sur des poires en décomposition - Michel Rauch - Biosphoto
 
Le Jason est un papillon bi-voltin : il a deux générations par an, une en juin et l’autre à la fin de l’été, cette dernière étant bien plus abondante que celle du début d’été.
Cela s’explique par le fait que la chenille qui naît en septembre a bien plus de risque de périr avant d’arriver à son stade final. Elle doit en effet passer l’hiver sous cette forme avant de nymphoser en mai. Le froid a raison d’un bon nombre de chenilles de Charaxes Jasius ; cette génération ne représente que 15% de l’effectif annuel.
 
Pour ce qui est de la reproduction, le Pacha à deux queues suit un cycle classique. Après la fécondation de la femelle par le mâle, cette dernière cherche sa plante-hôte, l’arbousier, pour y pondre ses œufs. Elle reconnaît cette plante grâce à des récepteurs disposés sur ses pattes avant. Les œufs fraîchement pondus sont vert clair avant de virer au jaune puis au rouge au cours des 10 à 15 jours d’incubation nécessaires à leur développement.
Une fois éclos, la chenille mesure en moyenne 5 mm et possède une particularité étonnante : elle est comme coiffée d’un casque à 4 cornes.
 
© Œufs et chenilles de Pacha à deux queues - Annie Guégant / Chenille arrivée à maturité - Bartomeu Borrell - Biosphoto
 
Dans les premières heures de sa vie, sa couleur est vert-jaune et son casque est dans les tons marron. Après une semaine, elle a déjà atteint un centimètre, opère sa première mue et prend la couleur définitive d’un vert tendre ponctué de minuscules points blancs et d’un trait jaune le long de ses flancs. Vers la fin de sa vie de chenille, des ocelles apparaissent sur son dos. La chenille vit la nuit, elle passe l’intégralité de ses journées sur une feuille où elle a tissé une toile blanche.
 
Après sa 5e et dernière mue, la chenille se suspend pour se transformer en une chrysalide. Sa vie de chenille en été peut durer près de 6 semaines, la seconde génération grandit bien plus lentement : jusqu’en avril-mai et ne se nourrit que lorsque la température dépasse les 20 degrés.
Le Jason restera environ une quinzaine de jours dans sa chrysalide avant de s’en extraire et de déployer ses ailes chatoyantes dans le ciel méditerranéen.

© Chrysalide de Pacha à deux queues - Bartomeu Borrell - Biosphoto
 
 
Sources
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