Le gouvernement renie l'urgence de la lutte contre les pesticides et transforme l’écologie en bouc-émissaire de la crise agricole !

Ecophyto : le gouvernement enterre le NODU, indicateur de mesure de l'usage des pesticides plébiscité par les ong environnementales, au profit du hri1, un indicateur européen factice

L’exécutif a annoncé l’abandon de l'indicateur NODU (Nombre de Doses Unités) au profit du HRI1(Indicateur de risque harmonisé 1). « Cette décision anéantit non seulement les ambitions du plan Ecophyto visant à réduire de moitié l'utilisation des pesticides en France, mais elle porte également un coup fatal à l'avenir de l'agriculture, dépendante du bon fonctionnement de la nature, et compromet sérieusement la préservation de la biodiversité et de la santé humaine » affirme Arnaud Greth, Président de Noé.  

22 février 2024

NODU vs HRI1 : Des indicateurs qui racontent une histoire différente

Dans le cadre du plan Ecophyto qui a été suspendu au début du mois, le NODU constitue un indicateur fiable de l'utilisation des pesticides en France. Sous la pression de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, Matignon a décidé de façon quasi unilatérale d’abandonner le NODU pour le HRI1.

La méthodologie du HRI1, en pondérant les quantités de pesticides par des coefficients de dangerosité, crée une illusion de baisse, favorisant les pesticides les plus dangereux et pénalisant les pratiques agricoles respectueuses de l'environnement. « Un non-sens complet et révoltant pour les acteurs engagés pour une autre agriculture, respectueuse de la nature » d’après Arnaud Greth.   
Le NODU a été l'indicateur utilisé depuis les débuts du plan Écophyto en 2009. Il exprime un volume de pesticides utilisé par hectare, donnée plus solide pour évaluer l’utilisation de pesticides. Mais c’était sans compter sur le travail de lobbying du plus puissant syndicat agricole.

Entre 2011 et 2021, le choix du NODU indique une hausse de 3% de l’utilisation de pesticides, tandis que le HRI1 afficherait une baisse de 32% sur la même période.

Le NODU, en tant qu'indicateur d'usage, est plus pertinent pour mesurer la dépendance de l'agriculture aux pesticides, contrairement au HRI1 qui crée une illusion de progrès.


Source: Générations Futures



Supprimer l’indicateur NODU compromet une partie de la réussite de la Stratégie Nationale de la Biodiversité

Écophyto, en tant qu'un des éléments clés de cette stratégie, était censé jouer un rôle majeur dans la préservation de la biodiversité en encourageant et accompagnant la réduction de l'utilisation des pesticides. La suspension de ce plan Ecophyto confirme le mépris du gouvernement envers l’écologie.

Il est important de rappeler que la crise agricole ne se résume pas à des normes environnementales. Les véritables défis auxquels sont confrontés les agriculteurs concernent surtout une rémunération plus juste, un partage de la valeur équitable entre les acteurs de la filière agricole et agroalimentaire, la concurrence déloyale de produits importés et ne respectant pourtant pas les normes françaises ou européennes et les impacts du changement climatique (inondations et sécheresses pour ne citer que ces exemples). En réalité, cette décision éloigne notre agriculture des objectifs de réduction des pesticides fixés collectivement par le plan Écophyto.

La suppression de l'indicateur NODU remet en question l'ambition même de réduction des pesticides de 50% d’ici 2030 dans l’agriculture, un objectif central du plan ! Cela remet également en cause l'existence même du plan Écophyto, qui vise, depuis 15 ans, à réduire ces usages pour protéger la santé humaine et la biodiversité.

 

Une décision du gouvernement mettant en péril la démocratie environnementale

Depuis son lancement en 2008, et malgré ses difficultés et reports, la gouvernance du plan Ecophyto a toujours été caractérisée par sa pluralité et sa démocratie. Quel constat peut-on faire aujourd'hui alors que des années de dialogue et de recherche de compromis entre des acteurs multiples ont été anéantis en quelques minutes par le Premier ministre ? Cette décision unilatérale après une consultation biaisée, annoncée par le gouvernement est un manque de respect pour la concertation menée par tous ces acteurs depuis des années. Ajoutons à cela l’indifférence du gouvernement à l’idée de recevoir les acteurs environnementaux depuis le début de la crise agricole.

La réalité est que cette décision incompréhensible et injustifiable éloigne notre agriculture des objectifs de réduction de l'utilisation des pesticides fixés par le plan Ecophyto pour son propre avenir, et pour protéger notre environnement et notre santé. La modification de l’indicateur est présentée par le gouvernement comme un choix technique, mais en réalité, il s'agit d'une décision politique ! 

Ne nous résignons pas face à cette situation !  Il est aujourd’hui temps de s’engager fortement pour une agriculture durable et respectueuse de l'environnement et de peser plus que certains autres acteurs qui ont l’écoute du gouvernement ! 


Un retour aux fondamentaux est nécessaire : accompagner les acteurs vers des systèmes agricoles plus respectueux de la biodiversité. L’avenir de l’agriculture, et des agriculteurs, est en jeu. Ensemble et unis, réaffirmons notre engagement pour une réduction réelle de l’utilisation des pesticides.

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