NODU vs HRI1 : Des indicateurs qui racontent une histoire différente
Dans
le cadre du plan Ecophyto qui a été suspendu au début du mois, le NODU
constitue un indicateur fiable de l'utilisation des pesticides en France. Sous
la pression de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, Matignon a décidé de
façon quasi unilatérale d’abandonner le NODU pour le HRI1.
La
méthodologie du HRI1, en pondérant les quantités de pesticides par des
coefficients de dangerosité, crée une illusion de baisse, favorisant les
pesticides les plus dangereux et pénalisant les pratiques agricoles
respectueuses de l'environnement. « Un non-sens complet et révoltant pour les acteurs engagés pour une
autre agriculture, respectueuse de la nature » d’après Arnaud Greth.
Le NODU a été l'indicateur utilisé depuis les débuts du plan
Écophyto en 2009. Il exprime un volume de pesticides utilisé par hectare,
donnée plus solide pour évaluer l’utilisation de pesticides. Mais c’était sans
compter sur le travail de lobbying du plus puissant syndicat agricole.
Entre
2011 et 2021, le choix du NODU indique une hausse de 3% de l’utilisation de
pesticides, tandis que le HRI1 afficherait une baisse de 32% sur la même
période.
Le NODU, en tant qu'indicateur d'usage, est plus pertinent pour mesurer la dépendance de l'agriculture aux pesticides, contrairement au HRI1 qui crée une illusion de progrès.
Supprimer l’indicateur NODU compromet une partie de la réussite de la Stratégie Nationale de la Biodiversité
Écophyto,
en tant qu'un des éléments clés de cette stratégie, était censé jouer un rôle
majeur dans la préservation de la biodiversité en encourageant et accompagnant
la réduction de l'utilisation des pesticides. La suspension de ce plan
Ecophyto confirme le mépris du gouvernement envers l’écologie.
Il
est important de rappeler que la crise agricole ne se résume pas à des normes environnementales.
Les véritables défis auxquels sont confrontés les agriculteurs concernent
surtout une rémunération plus juste, un partage de la valeur équitable entre
les acteurs de la filière agricole et agroalimentaire, la concurrence déloyale
de produits importés et ne respectant pourtant pas les normes françaises ou
européennes et les impacts du changement climatique (inondations et sécheresses pour ne citer que ces exemples). En réalité, cette décision éloigne notre
agriculture des objectifs de réduction des pesticides fixés collectivement par
le plan Écophyto.
La
suppression de l'indicateur NODU remet en question l'ambition même de réduction
des pesticides de 50% d’ici 2030 dans l’agriculture, un objectif central du
plan ! Cela remet également en cause l'existence même du plan Écophyto, qui
vise, depuis 15 ans, à réduire ces usages pour protéger la santé humaine et la
biodiversité.
Une décision du gouvernement mettant en péril la démocratie environnementale
Depuis
son lancement en 2008, et malgré ses difficultés et reports, la gouvernance du
plan Ecophyto a toujours été caractérisée par sa pluralité et sa démocratie. Quel
constat peut-on faire aujourd'hui alors que des années de dialogue et de
recherche de compromis entre des acteurs multiples ont été anéantis en quelques
minutes par le Premier ministre ? Cette décision unilatérale après une
consultation biaisée, annoncée par le gouvernement est un manque de respect
pour la concertation menée par tous ces acteurs depuis des années. Ajoutons à
cela l’indifférence du gouvernement à l’idée de recevoir les acteurs
environnementaux depuis le début de la crise agricole.
La
réalité est que cette décision incompréhensible et injustifiable éloigne notre
agriculture des objectifs de réduction de l'utilisation des pesticides fixés
par le plan Ecophyto pour son propre avenir, et pour protéger notre
environnement et notre santé. La modification de l’indicateur est présentée
par le gouvernement comme un choix technique, mais en réalité, il s'agit d'une
décision politique !
Ne nous résignons pas face à cette situation ! Il est aujourd’hui temps de s’engager fortement pour une agriculture durable et respectueuse de l'environnement et de peser plus que certains autres acteurs qui ont l’écoute du gouvernement !
Un
retour aux fondamentaux est nécessaire : accompagner les acteurs vers des
systèmes agricoles plus respectueux de la biodiversité. L’avenir de
l’agriculture, et des agriculteurs, est en jeu. Ensemble et unis, réaffirmons
notre engagement pour une réduction réelle de l’utilisation des pesticides.