Un animal nocture et principalement terrestre

Les chroniques de la nuit #3 : Le triton alpestre

Pour ce 3ème épisode des Chroniques de la Nuit, nous vous parlons du triton alpestre. 
27 mai 2021
Il existe en France 4 autres espèces de tritons : crêté, marbré, palmé et ponctué. Ce petit amphibien fait partie de la famille des urodèles, tout comme les salamandres (amphibiens à queue, contrairement aux grenouilles et crapauds qui sont des anoures). 

Son nom « alpestre » vient du fait qu’on le retrouve à haute altitude, notamment dans les Alpes jusqu’à 3000m ! 

On considère le triton comme principalement nocturne ; en effet, il chasse et se nourrit surtout de nuit, migre et se reproduit la nuit. Comme tous les amphibiens, il alterne ses cycles entre la vie terrestre et la vie aquatique. Plus à l’aise dans l’eau que sur terre, il peut être amené à chasser aussi de jour en phase aquatique. Il se nourrit de petits invertébrés : vers, insectes et même des œufs ou des larves d’autres amphibiens. 
 
On reconnaît le triton alpestre à sa coloration orangée sous le ventre et bleutée sur les côtés, avec des petites taches noires-marrons. Les femelles en revanche sont moins colorées. Au printemps, lors de la reproduction, les individus muent afin de perdre leur peau rugueuse adaptée à la vie terrestre et acquérir une peau lisse leur permettant de respirer dans l’eau. 

La coloration ventrale orangée des mâles s’intensifie alors et devient particulièrement visible par les femelles lorsqu’ils flottent à la surface des mares. Ils développent également une petite crête dorsale et caudale (mais moins impressionnante que celle du triton crêté !), ce qui lui permet d’augmenter la surface de respiration par la peau. Pour séduire les femelles, le mâle libère des phéromones dans l’eau puis ondule sa queue pour les diffuser et les attirer à lui. L’accouplement se passe exclusivement en milieu aquatique et de nuit : le mâle vient déposer un petit ballotin de spermatozoïdes au niveau du cloaque de la femelle, qui va ensuite pondre sur des feuilles sous l’eau, qu’elle replie pour protéger ses œufs.

Les œufs fécondés qui ne seront pas dévorés par les nombreux prédateurs (insectes, oiseaux, poissons…), éclosent au bout de 2 semaines (parfois plus lorsque la température est basse), puis ils passent entre 2 et 3 mois au stade larvaire avant la métamorphose finale. 
 
Le triton alpestre passe ses hivers en milieu plutôt terrestre, forestier ou en plaine, mais n’est jamais loin d’un point d’eau. N’ayant pas la capacité à creuser avec ses pattes, il se terre sous des pierres ou dans des petits terriers de rongeurs. 
En cas de température extrêmement basse, le rythme de croissance est tellement ralenti que les larves sont trop petites pour se métamorphoser avant l’hiver et hibernent donc dans l’eau en stade larvaire, jusqu’à la saison suivante, voire celle d’après ! Cet état peut durer à tel point que les individus sont considérés comme des adultes ayant gardé leurs branchies et peuvent même se reproduire ! C’est ce qu’on appelle la noéténie. 
 
Cette espèce est protégée en France et dans la plupart des pays d’Europe, comme tous les amphibiens, au titre de l’annexe III de la Convention de Berne. Il est présent dans la moitié nord-est de la France ainsi qu’en Europe centrale et sur la ceinture méditerranéenne des Balkans. On le retrouve assez facilement au printemps dans les mares forestières où il est plus facile de le repérer que lorsqu’il se cache en milieu terrestre. Il est évidemment interdit de le prélever ou de détruire son habitat ou ses œufs. 
 
Pour en savoir plus sur ce petit animal et ses amis, participez à la Fêtes des Mares, organisée du 29 au 6 juin par la SNPN (Société Nationale de Protection de la Nature). 
 
Références : 
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