Protéger son sol pour protéger l'écosystème de son jardin

© Biosphoto

Agir contre la dégradation des sols de son jardin


Dans cet article, nous allons voir les principales formes de dégradation des sols dans le monde et comment on peut agir à votre échelle dans le jardin !

Le vers de terre est un bioindicateur de la bonne santé des sols © Biosphoto

13 février 2023

Le sol est un élément central dans le fonctionnement des écosystèmes aussi bien dans nos jardins que dans de grandes forêts ou espaces agricoles : c’est grâce aux sols et à la microfaune qu’ils abritent que peuvent se développer les végétaux, qui sont à la base de la chaîne trophique .Le sol est, de plus, une ressource essentielle pour la société humaine : source de production alimentaire, source de minerais, support des activités humaines, système épurateur et réserve d’eau sont tant de rôles. Malgré tous ces rôles, le sol est bien souvent inconnu ou mal compris, et est de plus en plus menacé par plusieurs formes de dégradation.


Principales formes de dégradation des sols 


Les érosions

L’érosion hydrique est un processus naturel par lequel l’eau de pluie emporte des particules du sol en les dérochant par ruissellement. Ce phénomène de dégradation naturel des sols a pris beaucoup plus d’ampleur de par les activités humaines : en effet, avec l’exploitation agricole des sols, la pénétration de l’eau dans les sols est assez réduite pour diverses raisons, ce qui augmente par conséquent le ruissellement. L’augmentation importante de l’érosion des sols est surtout observée depuis les années 1950 avec les transformations de l’agriculture (augmentation de la productivité, mécanisation, déforestations etc…). La quantité de sol érodée chaque année dans le monde a pu être estimée à 5 tonnes par habitant ! D’autres études ont estimé que l’on perd 1 mm de sol par an en zone tempérée en moyenne avec l’érosion alors que la vitesse de formation des sols est de 0,1 mm par an : ainsi, en facilitant l’érosion, les sols n’ont pas le temps de se reformer, ce qui fait de l’érosion un problème majeur quant à la dégradation des sols.

L’érosion peut aussi être éolienne, dans ce cas c’est avec le vent que les particules de sol sont emportées. Ce phénomène est surtout marqué dans les zones arides et péri désertiques, mais on peut l’observer en zone tempérée : ici aussi ce phénomène est favorisé par l’agriculture, les particules de sol d’un sol labouré se détachant plus facilement.


Le surpâturage

Le surpâturage correspond à toute pratique de pâturage empêchant la végétation des sols de se régénérer normalement : cela peut être le cas si on laisse paître trop de bétail trop longtemps sur des terres qui ne peuvent pas reconstituer leur végétation, ou alors si les terres ne sont pas adaptées au pâturage à cause de paramètres physiques. En Mongolie par exemple, 80% de la perte de végétation entre 2000 et 2010 est dû au surpâturage à cause de l’augmentation du bétail ! Le surpâturage a pour conséquence d’affaiblir la végétation des sols et de favoriser l’érosion, ainsi que de tasser le sol (ce qui freine le développement des racines des végétaux) : tout cela mène progressivement à une dégradation forte pouvant mener à une désertification des terres.


La dégradation des structures

On définit par structure du sol le mode d’organisation des différentes particules du sol entre elles formant des agrégats : on parle alors de l’intensité de l’agrégation, de la taille des agrégats, de la forme de l’agrégation mais aussi des pores et canaux capillaires pouvant faire passer l’eau dans le sol. Cette structure joue un rôle essentiel dans le développement des plantes et de toute activité biologique du sol (activité très riche !). Tous les éléments de structure vont conditionner l’activité biologique du sol, notamment la porosité de celui-ci, les ressources en eau et air étant essentielles à la vie. Cette structure peut être très perturbée par les activités humaines et notamment l’agriculture, avec le tassement mécanique des sols par le surpâturage ou le compactage par les engins mécaniques : cela peut entrainer une diminution de la porosité des sols ce qui aura des conséquences négatives sur la vie biologique du sol (vers de terres,champignons, bactéries et tout autre organisme du sol) ! On estime que 4% des terres en Europe sont aujourd’hui compactés, ce qui cause en plus d’une baisse de la biodiversité et de la production alimentaire, une augmentation du risque de lessivage des nitrates (voir partie pollution des sols) et de l’érosion des sols : les menaces sont ainsi très connectées. Dans les sols irrigués, le tassement hydrique (tassement avec perte d’eau par dessiccation excessive) s’ajoute au tassement mécanique augmentant encore les conséquences négatives déjà citées.


La salinisation des sols

Le sol peut également être affecté par des dégradations chimiques de différentes façons, l’une d’entre elle étant la salinisation. Ce phénomène est surtout rencontré dans les zones semi-arides : en effet l’eau d’irrigation utilisée est souvent un peu salée dans ces zones-là, et lors de l’évapotranspiration (évaporation de l’eau et transpiration par les plantes) les sels s’accumulent dans le sol. Ce phénomène est amplifié par la remontée des sels naturellement en profondeur vers la surface, toujours par l’évapotranspiration dans ces zones semi-arides. La salinisation du sol entraîne des conséquences directes sur la fertilité chimique du sol, mais cela affecte également sa structure et donc impacte la fertilité physique (les phénomènes de dégradation sont vraiment très liés !). On considère que ce sont 100 millions d’hectares qui sont affectés par la salinisation dans le monde, soit 5 fois la superficie de la France !


L'acidification 

Dans la famille des dégradations chimiques du sol, on retrouve également l’acidification. En effet, les plantes puisent des éléments minéraux dans le sol pour se développer. Ainsi, s’il n’y a pas d’apports d’intrants (compost, fumier, engrais) dans le sol après les récoltes, les éléments minéraux sont exportés du sol. Cela va diminuer la réserve en cations du sols (ions positifs comme Ca2+, K+, Mg2+…), et ces derniers seront remplacés lors d’une réaction chimique par des ions H+ : cela se traduit par une augmentation de l’acidité du sol. Ce phénomène s’observe notamment dans les pays du Sud mais l’Europe est également concernée : l’activité biologique est considérée très affaiblie dans 45 %des sols européens (dits sols « épuisés » car faible stock de matière organique). Or, l’enrichissement de matière minérale dans le sol est permis par le recyclage de la matière organique par l’activité biologique du sol. Ainsi, les sols avec une activité biologique affaibli seront plus soumis à une acidification. Le problème avec les sols acides c’est qu’ils sont moins fertiles et moins adaptés à la faune du sol, ce qui peut les rendre stériles aux développements des végétaux. L’acidification des sols peut être favorisée par des apports externes comme certains engrais ou des rejets industriels,autrement dit par la pollution des sols.


La pollution

La pollution des sols correspond à l’accumulation d’éléments minéraux ou organiques, ou de pathogènes dans celui-ci, à une quantité qui représente un danger pour les organismes vivants ou qui compromette des fonctions du sol et l’usage que l’on en fait. Il existe plusieurs sources de pollution des sols :

  • Origine agricole :  La pollution des sols d’origine agricole survient principalement lors de la fertilisation avec l’apport de phosphates. Ces derniers, selon leur composition, peuvent faire s’accumuler du cadmium dans la surface du sol qui peut être toxique à une certaine quantité. Les boues d’épuration et lisiers d’élevages sont également des produits de fertilisation des sols qui peuvent entraîner une pollution des sols (métaux lourds dans les boues d’épuration et cuivre et zinc issus de traitements pour les animaux dans les lisiers). Les pesticides utilisés en agriculture peuvent également pénétrer dans le sol et entrainer une pollution importante à parti d’une certaine quantité.
  • Origine industrielle : Depuis le développement de l’industrialisation, les émissions de certains métaux ont dans l’atmosphère ont considérablement augmenté et les problèmes de pollution atmosphérique sont assez bien connus à l’heure actuelle. Cependant, il est moins connu que ces éléments rejetés dans l’atmosphère peuvent être ramenés dans le sol, avec les précipitations par exemple, et donc les contaminer. Les rejets d’éléments polluants au niveau des sites d’industrie directement dans le sol ou dans les eaux contribuent également à la pollution des sols.


Un autre élément dans important dans la question de pollution des sols est l’azote. L’azote ne pollue pas le sol directement mais il peut avoir des conséquences néfastes lorsqu’il est en surplus, pour en savoir plus n’hésitez pas à consulter nos articles concernant les défis de l’eutrophisation et du surplus d’azote dans les sols.


L'artificialisation

L’artificialisation des sols constitue une source importante de dégradation des sols. On entend par artificialisons des sols la bétonisation de ces derniers (pour construire des autoroutes, des zones industrielles, des extensions urbaines…) : les sols sont ainsi rendus stériles de façon irréversibles,ce qui empêche le développement de toute biodiversité dans ce sol et annule le potentiel agricole de ces terres. On estime la perte de sol dû à l’industrialisation à 60 000 ha par an en France et à 20 millions d’hectares à l’échelle mondiale !


La dégradation des sols des jardins


Nous avons vu le phénomène de la dégradation des sols à grande échelle, mais au jardin aussi la dégradation des sols peut être un problème dont il faut faire attention ! Des problèmes de pollution peuvent arriver en utilisant certains engrais ou des produits de traitement comme la bouillie bordelaise qui peut pénétrer dans le sol (voir notre article consacré). L’appauvrissent des sols est également un problème qui peut survenir dans les jardins avec des espèces cultivés, pour pallier à cela il est possible d’apporter des éléments nutritifs au sol non polluants (voir notre article sur le BRF par exemple) ou utiliser du paillis qui pourra également améliorer la structure du sol ! Il existe également des plantes pouvant être cultivés qui permettent de dépolluer les sols, c’est ce qu’on appelle la phytoremédiation !

Protéger et améliorer son sol de façon naturelle
est ainsi une démarche importante pour lutter contre la dégradation des sols à l’échelle du jardin, c’est pour cela que c’est un des gestes de notre charte des Jardins de Noé. N’hésitez pas à aller consulter les bonnes pratiques de jardinage associés à ce geste sur notre page consacrée !

Dernières actualités
05 décembre 2024
Partez à la découverte des hélophytes, des plantes marécageuse essentielles à la protection de la biodiversité !définition Le terme...