Les sols, à la base de notre alimentation.
Les sols abritent des écosystèmes à la base de nombreux services écosystémiques centraux : approvisionnement en eau, régulation du climat, refuge pour un quart de la biodiversité connue, etc. Ces milieux riches mettent plusieurs milliers d’années à se former mais sont pourtant aujourd’hui menacés par différents facteurs. Les sols fertiles sont également rares et précieux, puisqu’ils ne représentent que 15% de l’ensemble de la surface terrestre.
Pourtant, la quasi-totalité de nos aliments (95%) dépendent des sols pour être produits.
Les protéger représente donc un enjeu clé de garantie de notre souveraineté alimentaire et de la durabilité de notre modèle agricole.
La FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) estime que depuis les années 50, la teneur en vitamines et nutriments des sols a baissé, entrainant ainsi une baisse de la qualité des aliments pour les populations. Ce phénomène, dit de « faim cachée », est une menace pour plus de 2 milliards de personnes dans le monde et s’ajoute aux autres menaces qui pèsent sur l’agriculture et l’alimentation mondiale (perte de biodiversité, changements climatiques…).
L’agriculture est particulièrement centrale dans la question des sols et de leur utilisation.
En France métropolitaine par exemple, l’agriculture occupe la moitié des surfaces totales de l’hexagone. La France est aujourd’hui le premier producteur agricole de l’Union Européenne (18% de l’ensemble de la production européenne), qui est elle-même la première puissance agricole mondiale.
Les menaces qui pèsent sur les sols.
La perte de matière organique et de nutriments des sols est la conséquence des activités humaines.
Plusieurs causes ont été clairement identifiées comme les causes majeures de cette dégradation des sols : l’agriculture intensive, les pollutions issues de l’industrie et du transport, l’érosion et l’imperméabilisation des sols. L’ensemble de ces facteurs a conduit à ce que 33% des sols de la planète soit dégradés, pour certains de manière irréversible.L’agriculture est particulièrement impactante pour les sols du fait de la place importante qu’elle occupe en termes de surfaces.
Le passage des engins agricoles, le fait de laisser les sols nus en hiver, l’usage de pesticides et d’engrais de synthèse sont autant de facteurs qui aggravent cette dégradation. En complément des impacts sur les sols en France métropolitaine, une étude de Solagro publiée en 2022 montrait que pour notre seule alimentation, la production de plus de 9 millions d’hectares (près d’un tiers des surfaces cultivées en France) devait être importée chaque année pour différents produits : bois, alimentation pour le bétail, café et cacao, fruits et légumes etc.
Le changement d’usage des sols et la dégradation de ceux-ci en cas de production intensive sont pourtant une des causes principales de l’effondrement de la biodiversité et du changement climatique. Il est donc primordial de les protéger et de s’orienter vers des modes de production plus respectueux des équilibres et de la biodiversité des sols : notamment l’agroécologie et l’agriculture biologique.
Les sols, et en particulier les sols agricoles, sont également menacés par un phénomène appelé artificialisation des terres. Du fait de l’étalement urbain et des prix élevés des centres-villes, les surfaces agricoles sont de plus en plus grignotées pour être transformées en zones d’habitation ou d’activité (commerces, entrepôts ou infrastructures routières par exemple). La Fondation pour la Nature et l’Homme estime notamment que deux tiers des surfaces artificialisées entre 2006 et 2014 étaient des terres agricoles (en particulier des prairies) et qu’entre 20 et 30000 hectares sont artificialisés chaque année.
Quelles solutions pour protéger les sols.
Malgré toutes les pressions qui s’exercent sur les sols et leurs qualités, il existe différents leviers pour améliorer leur état et garantir l’ensemble des services qu’ils rendent. Noé fait les point sur les principales solutions préconisées :
- Le développement de l’agroécologie et de pratiques agricoles plus favorables pour les sols (couverture du sol ou réduction des intrants par exemple) ainsi que l’analyse régulière de l’état des sols grâce à des indicateurs pertinents ;
- Le recours à des pratiques plus écologiques dans les jardins et espaces verts afin de protéger le sol : compostage ou paillage, réduction des traitements, etc ;
- La conservation des sols agricoles les plus riches, notamment les prairies, afin de garantir leur rôle comme puit de carbone et abri pour la biodiversité ;
- La relocalisation de l’alimentation sur le territoire nationale afin d’éviter la dégradation des sols dans d’autres pays (déforestation, agriculture intensive…).
Références & sources :
- https://www.un.org/fr/observances/world-soil-day
- https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Dos2103/Dossiers%202021-3_TERUTI.pdf
- https://solagro.org/travaux-et-productions/publications/la-face-cachee-de-nos-consommations
- https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/sols-tresor-a-proteger
- https://biodiversite.gouv.fr/les-causes-majeures-de-lerosion-de-la-biodiversite
- https://www.fnh.org/artificialisation-des-sols-etat-des-lieux-dun-defi-complexe/