FAIRE COHABITER FAUNE SAUVAGE ET PASTORALISME

Parc de Zah Soo au Tchad : la présence de bétail a diminué de 72%!

La présence de bétail à l’intérieur du Parc National de Zah Soo au Tchad s’est réduite en un an de 72%. C’est le résultat très positif obtenu par les équipes de terrain suite au comptage aérien effectué dans le parc fin 2023 comparé aux données de 2022 à la même période. Le nombre de troupeaux a baissé de 31%, les campements nomades de 77%, et les têtes de bétail sont passée de 23 500 à 9 005, soit 72% en moins ! 

Boeuf à l'intérieur du parc (juillet 2022)

14 février 2024

Le Parc National de ZahSoo, créé en mars 2022, fait face à de nombreuses menaces et pressions anthropiques : braconnage, chasse, pêche, défrichage, feux de brousse, agriculture, etc. Mais l’enjeu prioritaire pour restaurer le potentiel écologique et la biodiversité de ce parc reste l’élevage et la transhumance, essentiellement de bœufs et petits ruminants comme les chèvres.

Les pratiques d'élevage peuvent avoir un impact négatif sur la biodiversité parce qu’elles entraînent la perte d'habitats naturels et peuvent conduire à la disparition d'espèces végétales appétées par la faune sauvage. Le surpâturage entraîne un épuisement de la végétation locale et une dégradation des sols aboutissant à l’érosion des terrains, l’ensablement des rivières et des lacs Léré et Tréné, et la perte de fertilité pour les agriculteurs. Aussi, les pratiques de l’élevage, avec le brûlis des savanes pour offrir des pousses vertes et tendres pour le bétail, ou encore le prélèvement de faune pour nourrir les groupements d’éleveurs notamment transhumants, sont autant de conséquences néfastes sur la biodiversité et les écosystèmes.

Les fourrières, l’innovation qui a fait la différence

Ce bilan très positif est dû à l’association de plusieurs mesures. Des activités croissantes de sensibilisation auprès des éleveurs, à travers nos agents communautaires qui vont à la rencontre de ces derniers pour comprendre leurs motifs et sensibiliser sur le parc. La mise en place d’un cadre de concertation avec les représentants des éleveurs et les autorités locales afin de favoriser le dialogue et mettre en place des solutions à long terme pour diminuer l’impact négatif de l’élevage sur le parc. Des agents de protection qui patrouillent le parc pour endiguer les activités illégales et les menaces qui pèsent sur la biodiversité.

En 2023, un nouvel outil a été expérimenté par le parc avec la mise en place des fourrières administratives pour faire face aux troupeaux en divagation dans le parc, trouvés sans bouvier. Une convention locale a été établie à cet effet et validée par les autorités et les éleveurs. Le bétail trouvé sans propriétaires à l’intérieur du parc est conduit par les agents du parc vers une fourrière, et restitué à ces derniers contre une amende dont les sommes sont partagées aux acteurs du territoire. Grâce à ce mécanisme innovant, plus de 2 500 têtes de bétails ont été conduites en 2023 dans les fourrières et son effet dissuasif a été un facteur clé dans la réduction de la pression de l’élevage sur le parc. 






Comme l’on peut observer dans les cartes ci-dessus (à gauche le survol de 2022, à droite de 2023), globalement le parc semble retrouver une partie de son habitat sauvage : un net recul de la présence des cheptels apparaît dans toute la moitié nord, et la  limite ouest reste bien maitrisée.


Vers une cohabitation positive avec la faune sauvage

Consciente des enjeux que rencontrent les éleveurs, les équipes du parc œuvrent à mettre en place des solutions alternatives afin de répondre à leurs besoins. Une campagne de vaccination avec les services de l’État sera lancée en 2024 afin d’améliorer la santé des cheptels et réduire le taux de mortalité.

Des zones libres de pâturage ont été identifiées par les équipes du parc en 2023.

Celles-ci seront aménagées (ensemencement, forage, délimitation, etc.) et feront l’objet d’un consensus local quant à leur gestion afin de fournir du fourrage aux éleveurs. Des forages hydrauliques seront construits afin de répondre aux besoins en eau de certains éleveurs, qui envoient leurs troupeaux dans le parc car ils y trouvent en permanence de l’eau. Enfin, un travail de concertation avec tous les acteurs du territoire est en cours pour réorienter les routes de transhumance, employées par les éleveurs provenant du Cameroun et du Nigéria, afin de contourner le parc sans pour autant engendrer des dommages pour les autres utilisateurs, notamment les agriculteurs.


Ces solutions identifiées par les équipes de terrain et les acteurs permettront à terme une cohabitation pacifique et positive entre les éleveurs, les agriculteurs et la faune sauvage, pour une meilleure résilience des communautés locales face aux changements climatiques.

Dans le cadre de l'étude de l'élevage dans la région, des données sont récoltées par les agents communautaires.

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