Face à la destruction à un rythme sans précédent de la nature, les attentes étaient élevées pour cette COP 16 sur la biodiversité qui s'est tenue à Cali en Colombie. L’enjeu principal était celui de la mise en œuvre et donc du financement de l’accord de Kunming-Montréal signé il y a 2 ans. Mais les résultats concrets se font toujours attendre et de nombreuses voix se sont élevées pour souligner un bilan décevant. Seuls 44 pays sur 196 ont soumis leurs « Stratégies et plans d'action nationaux pour la biodiversité (SPANB) » révisés et 119 parties ont soumis des objectifs nationaux révisés.
Les négociations n’auront même pas été menées à leur termes, la plénière de clôture ayant été interrompue faute de participants et les discussions autour de l'établissement d'un nouveau fonds plus large pour la biodiversité destiné aux pays en développement ont été reportées.
La COP16 s’est terminée sans accord financier
Lors de la COP15, les pays développés s’étaient engagés à fournir 20 milliards de dollars par an d'ici 2025, puis 30 milliards d'ici 2030 pour financer un fonds dédié à la biodiversité. En 2022, 15,4 milliards de dollars avaient été engagés.
Le fonds temporaire, le GBFF (Global Biodiversity Framework Fund) ou Fonds-Cadre mondial pour la biodiversité compte désormais douze contributeurs : le Canada, le Japon, le Luxembourg, l'Espagne, l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la France, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les UK et le Québec. Ces gouvernements se sont engagés à verser 407 millions de dollars. Une bien maigre participation au vu des sommes attendues.
Bien que la création d’un fonds international pour la biodiversité ait été annoncée, les promesses de financement se sont donc révélées largement insuffisantes. De nombreux pays en développement, qui abritent une biodiversité riche mais menacée, n'ont pas reçu le soutien nécessaire et les engagements à protéger davantage d'aires marines et terrestres. Par ailleurs, le sujet de l’identification et de la réaffectation des subventions néfastes était presque absent des discussions malgré son importance.
Côté secteur privé, nous regarderons de près la mise en place du « Cali Funds » qui stipule que les entreprises utilisant des ressources de biodiversité génétique dans leurs produits devront reverser une partie de leurs bénéfices. Bien que les détails d’application soient encore en cours de finalisation, il a été convenu que 50% du fonds sera alloué aux peuples autochtones et aux communautés locales, soit directement, soit par l'intermédiaire des gouvernements.
Quelques timides avancées…
La Colombie a fait de la biodiversité un axe central de sa politique nationale : une approche basée sur l’équité et la co-construction avec les populations autochtones et les communautés locales, sous le thème « Faire la paix avec la Nature ».
L’adoption du texte ce samedi sur la reconnaissance des populations autochtones et afro-descendantes a ainsi été l’héritage le plus significatif de cette conférence leur donnant un réel statut. La voix des communautés incarnant des modes de vie traditionnels est enfin mise au cœur de la conservation de la biodiversité par la création d’un groupe permanent au sein de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique – « un organe subsidiaire ». Et cette voix pourrait être renforcée par un financement en fonction du succès des "Cali Funds".
Voilà une victoire sociale au service de la nature que nous ne pouvons que saluer : l’implication des communautés locales dans la préservation de la biodiversité est un élément clé dans les projets que Noé mène à l’international comme nos filières pro-biodiversité.
Cependant, la COP 16 n'a pas réussi à aborder les racines du problème, telles que la surconsommation des ressources naturelles ou les pratiques agricoles destructrices. Les discours sans actions tangibles nous inquiètent et nous appelons à des mesures urgentes plus fortes. A l’aube de la COP29 Climat de Bakou, un appel à une collaboration plus profonde entre ces deux conventions est nécessaire, climat et biodiversité étant intrinsèquement liés.