La Côte Oubliée, un refuge de biodiversité à préserver

Noé s'engage dans un vaste projet visant à restaurer les continuités écologiques de la Côté Oubliée et les fonctionnalités des milieux abritant les espèces cibles du programme « Palmiers et Conifères de Nouvelle-Calédonie »
12 juin 2019
La côte et les massifs montagneux du sud-est de la Grande Terre, en Nouvelle-Calédonie, abritent une flore et une faune exceptionnelles : des kaoris millénaires, des geckos géants, des plantes accumulatrices de nickel, des dizaines d’espèces d’oiseaux et un double tombant récifal rarissime, foisonnant de vie… La « Côte Oubliée », « Woen Wuu » ou « Pwa Pereeù » en langues locales, est une des dernières zones terrestres préservées du territoire, où l’on trouve notamment la moitié des forêts humides et des centaines d’espèces animales et végétales endémiques. Une région sauvage, entre Petit Borendy et Unia, relativement oubliée des hommes : ici, il n’y a pas de ponts pour franchir les rivières, et pas de routes de l’autre côté de la rive ; l’accès se fait à pied ou par la mer.

Côte Oubliée (©Fanny CANTE)

De récentes expéditions scientifiques, en particulier celles de la « Planète Revisitée » menées par des équipes de botanistes, entomologistes, herpétologues et autres scientifiques chevronnés du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) et du monde entier, ont permis de mettre au jour l’incroyable biodiversité de cette région et les enjeux importants de conservation qui lui sont liés.

La Côte Oubliée n’est, en effet, pas épargnée par certaines dégradations environnementales, dues aux activités humaines telles que la prospection ou l’exploitation minière. La terre rouge de cette région, riche en métaux, est convoitée et exploitée par les entreprises minières depuis des décennies. La zone est couverte à 40 % par des titres miniers (238 titres au total, soit 15 % de l’ensemble du domaine minier de Nouvelle-Calédonie). En 100 ans, ce sont près de trois millions de tonnes qui ont été extraites des massifs.

Les feux (agriculture, mines, criminels ou involontaires) impactent également fortement les écosystèmes terrestres de la Côte Oubliée, avec plus de 6 000 hectares partis en fumée en 15 ans. Les sites dégradés sont principalement concentrés sur une étroite bande littorale, représentant environ 13 500 hectares.

Littoral vers Petit Borendy - traces d'érosion et incendies (©Alice GOUZERH)

Ces pressions accentuent les phénomènes d’érosions des sols, qui se traduisent par une perte de surface des écosystèmes forestiers, une fragmentation accrue des milieux et l’engravement des trois grandes rivières la Ni, la Kouakoué et la Ouinné.

Face à ces menaces, les autorités coutumières de Borendy, Thio et Unia ont signé, en 2014, un moratoire s’opposant à l’ouverture de nouvelles mines ou zones de prospection, ainsi qu’à la réalisation de nouvelles infrastructures (routes, barrages…) sur cette zone durant une période de deux ans, afin de réfléchir au développement durable de la région. En 2018, le moratoire a été reconduit pour une période de dix ans.

Dans ce contexte, le 12 avril 2019, au terme de quatre années de travail s’attachant à articuler au mieux les objectifs de développement et d’aménagement avec les enjeux de préservation du patrimoine naturel, la Province sud a créé le Parc de la Côte Oubliée. Un parc aux dimensions hors normes : 29 000 hectares pour sa partie marine, et 98 000 hectares pour sa partie terrestre, soit près de 17 % de la superficie de la Province sud et de 7 % de celle de la Grande Terre. Le plus vaste espace naturel terrestre protégé du Caillou !

Le classement de ce refuge de biodiversité exceptionnel en parc naturel envoie un message fort en faveur de la biodiversité et du patrimoine culturel, induisant l’annulation de 102 titres miniers !

Tout l’enjeu désormais, est de parvenir à préserver l’environnement tout en permettant aux populations très enclavées de cette zone de pouvoir bénéficier des retombées de la création du parc.

Massif Humbolt (©Nicolas-Alain PETIT/Biosphoto)

Pour Noé, qui œuvre depuis près de 10 ans avec les populations locales du District de Borendy pour la sauvegarde d’espèces menacées et de leur habitat, ce parc est un merveilleux outil qui voit le jour, venant renforcer la légitimité des actions que nous menons pour la restauration des milieux naturels, la conservation et la valorisation des espèces endémiques !

Depuis le début de l’année 2019, Noé s’est notamment engagé dans un vaste projet visant à restaurer les continuités écologiques de la Côté Oubliée et les fonctionnalités des milieux abritant les espèces cibles du programme « Palmiers et Conifères de Nouvelle-Calédonie ». Les premières expéditions, prévues en bateau, à pied, et en s’appuyant sur les nouvelles capacités de prospection offertes par l’utilisation de drone, ciblent deux espèces d’Araucarias menacées de disparition. Les phases de récolte et de production de plants de ces espèces menacées en pépinière, pour ensuite restaurer les paysages du littoral de la Côte Oubliée, se feront en collaboration avec les coutumiers de la région et avec les autorités, une démarche portée depuis 2011 par Noé. Suivez les actions de notre équipe et de nos partenaires sur le terrain sur notre page Facebook !

Références :

 
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