Le cycle de vie des papillons

Une vie de papillon

Les papillons ont une vie trépidante, qui les conduit à passer à travers quatre stades bien différents. De l’œuf à l’imago, le papillon connaît plusieurs grands événements : éclosion, nymphose ou encore émergence. Nous vous invitons dans cet article à découvrir cette aventure qu’est le cycle de vie d’un papillon !
Le cycle de vie du papillon © Dozières et al.
30 juin 2022


Stade n°1 : l’œuf et le développement embryonnaire 

Pour un papillon, tout commence par un œuf, pondu par la femelle sur une plante-hôte soigneusement sélectionnée. Chez les papillons de jour, ce sont des épines associées à des poils olfactifs, situés au niveau des pattes antérieures, qui permettent de détecter la plante adéquate : lorsque la femelle arrive sur une plante, les épines écorchent sa surface, entraînant une libération de composés olfactifs qui seront captés par les poils. Les œufs peuvent alors être pondus en groupe ou, plus fréquemment, de façon isolée. Chez les papillons de jour européens, la plupart des femelles pondent entre 100 et 300 œufs chacune, en une seule et unique ponte !
Les œufs présentent un aspect différent selon les espèces et le stade de développement : les formes et les couleurs sont variables, la taille oscille entre 0,2 et 5mm. Ils peuvent être côtelés ou encore creusés de fossettes.

Ponte de Gazé et œuf d’Aurore © Steen Drozd Lund, Georges Lopez / Biosphoto
Ponte de Gazé et œuf d’Aurore © Steen Drozd Lund, Georges Lopez / Biosphoto

L’œuf est le siège du développement embryonnaire : l’ovule fécondé connaît de nombreuses divisions cellulaires, jusqu’à devenir un être organisé possédant des organes différenciés.

La durée du développement embryonnaire est rapide, allant de quelques jours à quelques semaines. Chez certaines espèces, l’éclosion attendra la fin de l’hiver ;c’est le cas notamment de l’Apollon (Parnassius apollo). Chez d’autres papillons vivant en milieu méditerranéen, comme le Tityre (Pyronia bathseba), la chenille patientera jusqu’à la fin des sécheresses estivales et au retour de la végétation pour éclore.

Apollon ©Ghislain Simard / Biosphoto



Stade n°2 : la chenille et la croissance

Une fois éclose, la chenille passe le plus clair de son temps à se nourrir : sa pitance est le plus souvent constituée des feuilles de sa plante-hôte mais certaines espèces affectionnent les boutons floraux ou les graines vertes. En fonction des espèces, les chenilles ont un régime alimentaire plus ou moins restreint : certaines ne mangeront qu’une seule espèce végétale, tandis que d’autre s’accommoderont d’une variété de plantes.

La chenille est le stade de la croissance, son poids initial pouvant être multiplié par mille ! Elle grandit par mues successives, le plus souvent cinq, au cours desquels elle peut changer de couleur et d’aspect.

Chenille de Machaon à différents stades de développement © Michel Greff, André Pascal, Bernard Dubreuil / Biosphoto

Les chenilles possèdent un corps segmenté, dont le thorax porte trois paires de courtes pattes. Les chenilles de papillons de jour portent en plus cinq paires de fausses pattes abdominales, terminées par une ventouse munie de petits crochets, qui assurent la locomotion. Les vraies pattes servent quant à elles à s’accrocher à un support et à maintenir le végétal consommé. Les chenilles sont des proies faciles pour de nombreux prédateurs. Pour pallier cela, elles adoptent différentes stratégies : camouflage chez les Lycènes, épines chez les Vanesses, couleurs vives informant de leur toxicité chez le Machaon…

Chenilles de Cuivré commun et de Paon du jour © ohn Mason (JLMO) / Ardea, Stéphane Vitzthum / Biosphoto

La durée de la croissance varie selon les espèces : de deux semaines en été chez certaines Piérides jusqu’à deux ans pour certains papillons de haute montagne, soumis à des saisons de végétation très courtes.


Stade n°3 : la chrysalide et la métamorphose

Lorsqu’elle arrive au terme de sa croissance, la chenille se poste à un endroit favorable (sol, tige sèche, mur abrité…) et mue une dernière fois pour se transformer en chrysalide.
En fonction des espèces, la chrysalide présente des aspects variés : elle peut être verte, marron, striée ou encore tachetée.

Chrysalides de Robert-le-diable et de Machaon © Joël Héras, P. & M. Guinchard / Biosphoto

Au sein de la chrysalide se passe l’un des événements le plus important de la vie d’un papillon : la métamorphose.

Certains tissus de la chenille sont digérés par des enzymes et se liquéfient, ils connaissent alors une nouvelle différenciation ; d’autres tissus sont simplement modifiés. Ainsi, l’appareil buccal de type broyeur, constitué d’une paire de mandibules, devient suceur avec la formation de la trompe du papillon,la taille de l’estomac diminue, les pattes s’allongent…
Selon les espèces et les conditions météorologiques,le stade chrysalide durera de quelques jours à plusieurs mois. Peu avant sa sortie, les couleurs du papillon adulte deviennent visibles par transparence. Puis, l’émergence sera déclenchée par une sécrétion hormonale influencée par la durée du jour et la température.

Émergence d’un Gazé © JoëlHéras / Biosphoto


Stade n°4 : l’imago et la reproduction

Une fois sorti de sa chrysalide, le papillon arrive à la quatrième et dernière étape de son cycle de vie : le stade adulte, appelé imago, caractérisé par ses deux paires d’ailes recouvertes d’écailles et par sa trompe. Le papillon adulte peut vivre de quelques jours à plusieurs mois et peut même passer l’hiver sous cette forme.

Zoom sur les écailles des ailes et sur la trompe d’un papillon © David Tatin, Pascal Goetgheluck / Biosphoto

L’imago assure la dispersion et la reproduction de l’espèce.

Le papillon mâle présente différentes stratégies pour trouver sa femelle : il peut être territorial ou patrouilleur. Le mâle territorial va choisir un espace bien délimité qu’il surveillera du haut d’un perchoir, au sol ou sur la végétation. Il en chassera les mâles qui s’y aventureront et courtisera les femelles. Chez certaines espèces, comme le Paon du jour (Aglais io) et le Robert-le-diable (Polygonia c-album), ce comportement est très marqué et les mâles reviennent sur le même territoire génération après génération. Le patrouilleur, quant à lui, explorera une zone de superficie variable en prêtant attention à tous les endroits susceptibles d’abriter une femelle réceptive. Certains papillons adoptent toujours la même technique, tandis que d’autres changent selon la météo, le moment de la journée ou encore la densité de la population.
Une fois que le mâle a repéré sa femelle à vue, la parade nuptiale peut commencer. Les différentes étapes de la parade seront déterminées par les sécrétions de phéromones des partenaires. La durée de l’accouplement est variable, allant de quelques minutes à plusieurs heures.

Accouplement de Mélitéesorangées © Dominique Halleux / Biosphoto

Pour la plupart des femelles, la ponte aura lieu peu après l’accouplement. Un nouveau cycle pourra alors commencer pour la génération suivante de papillons !
 
Si vous souhaitez apprendre à identifier les papillons, mieux connaître les espèces qui peuplent votre jardin ou votre parc favori, tout en participant à un programme de recherche scientifique, n’hésitez pas à découvrir et à participer à l’Opération papillons. Toutes les informations utiles sont sur le site internet dédié ; nous espérons vous voir nombreux à nous rejoindre !
 

Sources :
Dozières, A. et al., 2017. Papillons des jardins, des prairies et des champs. Guide de terrain pour les Observatoires de sciences participatives. 141p.
Lafranchis, T. et al., 2015. La vie des papillons. Éditions Diatheo. 751p.
Lafranchis, T., 2000. Les Papillons de jour de France,Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.
 
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