Un partenariat innovant pour la préservation des pollinisateurs sauvages
Copyright : Le Photographe Ambulant

Noé et wpd signent un partenariat afin de préserver la biodiversité ordinaire dans les parcs éoliens et solaires du groupe.

wpd est un producteur d’électricité 100% renouvelable, éoliens et solaires, présent depuis 20 ans en France. Le groupe vient de signer un partenariat avec notre association Noé pour une durée initiale de 3 ans. L’objectif est de préserver la biodiversité ordinaire des parcs éoliens et solaires, et notamment les insectes pollinisateurs sauvages. Nous avons rencontré Rémi Casteras, Directeur environnement solar et offshore chez wpd, et Jérémie Goulnik, chargé de programme insectes pollinisateurs sauvages chez Noé, pour en apprendre plus sur ce partenariat.
Installation photovoltaïque en milieu naturel au-dessus des Mées, Plateau de Valensole, Alpes de Haute Provence.
© David Tatin / Biosphoto
13 juillet 2022
Bonjour Rémi. wpd est un groupe du secteur des énergies renouvelables avec lequel Noé est heureux de collaborer. Pourriez vous nous expliquer votre rôle en tant que Directeur environnement chez wpd ?
 
Rémi : Bonjour, je travaille chez wpd depuis 13 ans désormais. Je suis aujourd’hui Directeur environnement en particulier pour les projets liés au solaire et à l’éolien en mer. J’ai une formation de biologiste au départ et c’est donc naturellement que le sujet de la biodiversité m’intéresse et me concerne. On parle de la 6ème extinction de masse du vivant, c’est très alarmant et chacun à son niveau a le devoir de lutter contre cette érosion de la biodiversité.
 
Chez wpd, je travaille avec une équipe d’ingénieurs dont la mission est de suivre les projets (solaire, éolien terrestre, éolien en mer) de leur conception jusqu’à leur réalisation d’un point de vue environnemental. Notre rôle est de veiller à ce que les projets de wpd respectent du mieux possible les enjeux environnementaux qui leurs sont attachés. On travaille pour cela en étroite relation avec les parties prenantes du territoire sur lequel le projet s’implante (collectivités, élus, associations environnementales, acteurs professionnels…).
 
Notre action chez wpd répond à ce qu’on nomme la séquence « éviter, réduire et compenser » que Noé connaît certainement. Il s’agit d’éviter, de réduire et de compenser les impacts sur l’environnement, ce qui dépasse la seule prise en compte de la biodiversité, pour englober l’ensemble des thématiques de l’environnement (air, bruit, eau, sol, santé des populations…).
 
Nous allons, par exemple éviter d’implanter des projets dans des zones pour lesquelles il y a des enjeux environnementaux très importants. Pour cela, on travaille beaucoup avec les associations locales. Les projets font en plus l’objet d’études environnementales préalables pendant plus d’un an en amont (le temps d’un cycle biologique complet).
Nous avons aussi pour objectif de réduire les effets de nos parcs sur la biodiversité. Pour cela, on peut être amené à implanter des haies favorables aux pollinisateurs ou aux oiseaux le long des centrales photovoltaïques, et même si cela peut créer un peu d’ombres sur nos panneaux. Dans l’éolien terrestre, on peut brider, voire arrêter les éoliennes lors des périodes de reproduction des oiseaux, ou quand les chauves-souris ont des conditions favorables aux envols (température, vent…). Les principaux dérangements ont lieu pendant les phases de chantier. Elles sont donc planifiées en fonction, avec des pauses au printemps et à l’été.
 
Travailler avec les parties prenantes est essentiel, on passe beaucoup de temps à expliquer notre action mais il est important pour wpd que nos projets se réalisent en tenant compte des idées et des suggestions des acteurs du territoire.

Jérémie, ce partenariat avec une entreprise du secteur de l’éolien et du solaire est une première pour Noé. Pourquoi mener des actions de protection de la biodiversité sur les territoires où sont implantés des éoliennes et des panneaux photovoltaïques est un enjeu intéressant pour Noé ?
 
Jérémie : Les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques sont fréquemment implantés en milieu agricole avec des paysages qui sont faiblement couverts par des habitats favorables à la biodiversité et aux insectes pollinisateurs sauvages. C’est pourquoi c’est intéressant pour une association telle que Noé d’avoir l’opportunité de mener des actions de protection des milieux sur ces territoires. Il y a là un fort enjeu en termes de biodiversité !

Globalement, les habitats favorables à la biodiversité ont fortement diminué depuis la seconde moitié du XXème siècle. Environ 3 millions d’hectares de prairies permanentes ont été perdus entre 1960 et 2010 en France. Mais également, 1,4 million de kilomètres de haies ont été arrachés en 70 ans en France ! C’est colossal !
 
Il y a un fort enjeu pour nous à restaurer ou à implanter des surfaces favorables à la biodiversité, et en particulier aux pollinisateurs sauvages, dans ces milieux qui hébergent les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques de wpd. Notre objectif est notamment de créer un maillage d’habitats qui soit favorable aux pollinisateurs sauvages pour restaurer de la « connectivité » pour ces insectes (les aider à se déplacer) et contribuer ainsi à une trame pour les pollinisateurs sauvages. 

Selon toi, en quoi la transition énergétique et la protection de la biodiversité peuvent elles converger ?
 
Jérémie : Je pense que la transition énergétique et la protection de la biodiversité peuvent converger dans le cadre de la production d’énergie renouvelable, comme l’énergie éolienne ou photovoltaïque, à partir du moment où les projets de production d’énergies renouvelables visent à s’installer sur des surfaces à faible enjeu écologique, et où des actions de restauration de la biodiversité ambitieuses sont possibles. Dans ce cas, les énergies renouvelables peuvent permettre d’implanter ou de restaurer des habitats favorables à la biodiversité dans des milieux très appauvris.

L’intérêt de ce partenariat est de pouvoir étudier les effets des énergies renouvelables sur la biodiversité, avec un échantillonnage pour étudier scientifiquement comment évolue la biodiversité autour de ces parcs d’énergies renouvelables quand on la soutient.
 
C’est aussi la raison pour laquelle il est très intéressant de travailler avec des acteurs conscients de ces impacts, c’est le cas de wpd, et qui souhaitent aller au-delà de la seule réglementation pour réellement favoriser la biodiversité et des espèces souvent trop peu connues et trop peu considérées telles que les pollinisateurs sauvages.
 
Rémi : Par ailleurs, je pense que nous partageons un combat commun, celui de construire un monde soutenable. A une échelle plus globale, la biodiversité souffre aussi énormément du dérèglement climatique. Or les énergies renouvelables sont une partie de la solution pour se sevrer des énergies fossiles.  

Copyright : Le Photographe Ambulant


Rémi, aux côtés de Noé, wpd affirme son engagement en faveur de la protection des insectes pollinisateurs sauvages notamment. Concrètement, quelles actions wpd va-t-il mener avec Noé dans le cadre de ce partenariat ?
 
Rémi : Notre partenariat avec Noé va nous permettre d’effectuer des suivis précis de parcelles sur lesquelles wpd entreprend déjà ou va prochainement entreprendre des actions de restauration des habitats naturels des insectes pollinisateurs sauvages.

Par exemple dans l’éolien terrestre, pour restaurer les habitats naturels, nous avons mis en place depuis plusieurs années des jachères fleuries, des pelouses calcicoles ou implanté des haies. Le programme intitulé « Prairies de Noé » fait vraiment écho à une action que nous avons déjà lancée, ça a donc été assez évident de collaborer avec votre association.
 
Ce partenariat avec Noé va nous apporter une expertise et structurer notre action, en réfléchissant par exemple aux mélanges de fleurs mellifères que l’on sème et va nous donner les moyens d’évaluer nos actions en faveur de la biodiversité pour mieux l’équilibrer au besoin.

Nous souhaitons vraiment que nos actions en faveur de la biodiversité ordinaire sur les sites de wpd participent pleinement à la protection des milieux naturels et améliore la situation de ces milieux !
 
Et nous venons aussi chercher de nouvelles idées, des conseils en matière de biodiversité. On va s’intéresser à nos sites solaires avec Noé, et ça, c’est la rencontre avec Jérémie qui nous y a fait penser. Concrètement, on a des espaces propices à l’accueil de la biodiversité, sous les panneaux photovoltaïques ou à côté, où on va pouvoir planter des espèces végétales. Espèces qui seront sélectionnées avec soin par Noé pour améliorer l’impact de ces espèces vis-à-vis de la biodiversité ordinaire.
Par exemple, sur le site de la centrale photovoltaïque de La Croix Ramonet, dans l’Yonne, nous avons environ 20 hectares sur lesquels nous allons pouvoir planter des fleurs mellifères utiles aux insectes pollinisateurs et utiles à toute la chaîne de biodiversité ordinaire. 

Eucère femelle sur Chicorée intybe, Vaucluse.
© Marie Aymerez / Biosphoto


Jérémie, que va permettre ce nouveau partenariat avec wpd pour les activités que Noé mène en faveur de la restauration des habitats semi-naturels des insectes pollinisateurs sauvages ?
 
Jérémie : Ce partenariat avec wpd va renforcer le maillage d’habitats favorables aux insectes pollinisateurs sauvages, enjeu prioritaire pour la biodiversité ordinaire et dans lequel Noé s’investit pleinement.
 
Pour Noé, ce partenariat représente aussi l’occasion d’accompagner un acteur majeur des énergies renouvelables et de participer à la mise en œuvre de mesures pour concilier biodiversité et énergies renouvelables. Noé pourra alors mieux observer et mieux comprendre l’efficacité des initiatives de wpd sur les pollinisateurs et enrichir ses connaissances en matière de biodiversité ordinaire.
 
Nous sommes fiers de contribuer au développement de nouvelles filières d’avenir alliant production d’énergie, production agricole et biodiversité, et en apportant notre expertise pour que le volet « biodiversité » (et en particulier les pollinisateurs sauvages) soit le mieux pris en compte possible.
 
De plus, même si notre partenariat avec wpd se concentre aujourd’hui sur les pollinisateurs sauvages, il faut aussi avoir conscience que ces insectes sont des maillons essentiels des réseaux trophiques. Ils contribuent évidemment à la pollinisation des plantes cultivées et sauvages (environ 80% des espèces de plantes en milieu tempéré dépendent au moins partiellement des pollinisateurs pour assurer leur reproduction), mais ils jouent de nombreux autres rôles, comme celui de proies pour de nombreux vertébrés et invertébrés. 

Rémi, quelles ambitions wpd nourrit-il plus largement vis-à-vis de ce partenariat qui a été conclu pour une durée de trois ans ?
 
Rémi : Ce qui nous intéresse vraiment dans ce partenariat avec Noé, c’est de ne plus travailler tout seul et de bénéficier de l’expertise d’une association spécialiste de la biodiversité. C’est aussi de créer une cohérence de nos mesures à l’échelle régionale, voire nationale, et permettre au travail entrepris par les équipes de wpd de s’inscrire dans un plus grand ensemble et de s’investir dans la mise en place de la trame pollinisateurs. C’est essentiel de renforcer les continuités écologiques pour permettre aux espèces animales et végétales de se reproduire, se nourrir, se reposer ou migrer et on espère que les actions sur les sites de wpd y participent activement. 

Propos recueillis par Marion Mauuarin.
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