Deuxième article de la série sur l’aménagement des jardins pour accueillir la biodiversité animale pendant l’hiver !
Introduction : Comment supplémenter les oiseaux ?
Supplémenter les oiseaux consiste à compléter leur
régime alimentaire hivernal par des aliments riches en lipides. D’un régime
protéiné essentiellement composé d’insectes, les oiseaux passant l’hiver dans
les régions françaises adoptent un régime granivore, composé de graines riches
en graisse leur permettant d’avoir l’énergie nécessaire pour supporter les
stress environnementaux induits par l’hiver. Comme son nom l’indique, la
supplémentation ne doit pas être assimilée à du nourrissage : il s’agit
d’un simple complément pour soutenir l’alimentation d’oiseaux en mesure de
se nourrir par eux-mêmes.
La supplémentation doit, dans cette mesure, se
faire avec vigilance et se conformer à des critères permettant de s’assurer
qu’elle se fasse de la bonne manière : nous vous renvoyons à l’article
déjà existant sur ce point.
Pour rappel, les graines doivent être, presque
exclusivement, la seule source de nourriture à disposer dans les
mangeoires : ces dernières ne doivent pas être transformées, exotiques, salées,
cuites ou encore grillées. Privilégiez ainsi les graines de tournesol noires,
du maïs concassé et des graines de millet, en privilégiant celles provenant de
la culture biologique. À ces graines, il est possible d’ajouter des fruits de
saison (pomme, poire…) en faisant attention à ce que ces derniers ne germent
pas. À l’inverse, il faut exclure les biscottes, les biscuits et surtout le
pain, les légumes cuits ou crus, ainsi que les produits d’origines animales.
Les boules de graisses peuvent également être utilisées, à condition qu’elles
soient sans filet et sans huile de palme ni graisses d’origine animale.
Installer des mangeoires adaptées
Pour être réalisée, la supplémentation doit s’accompagner
de l’aménagement de mangeoires, sur lesquelles pourront être disposées les
graines. Comme pour la supplémentation, la mise en place de mangeoires doit se
faire en respectant des principes clés.
Localisation : ces dernières doivent
être situées dans des zones dégagées et en hauteur pour éviter que des
prédateurs comme les chats ne s’approchent, et à distance suffisante des baies
vitrées pour prévenir des collisions. Une étude a montré que les principales
causes de mortalité des oiseaux dans les jardins français étaient la prédation
des chats (26.31%) et les collisions avec des bâtiments (21.62%).
Entretien : les mangeoires doivent
faire l’objet d’un entretien rigoureux afin d’éviter qu’elles ne deviennent des
foyers de contamination. La Ligue Protectrice des Oiseaux (LPO) recommande
ainsi de les nettoyer intensément deux fois par hiver, ainsi qu’une fois par
semaine à l’eau savonneuse. Il est également recommandé de ne pas seulement
installer une mangeoire mais plusieurs, car cela permet d’éviter les trop
importants rassemblements d’oiseaux autour d’un même poste, facteur aggravant
la transmission des agents pathogènes.
Varier les types de mangeoire : la
trentaine d’espèces d’oiseaux habitant communément les jardins français nécessite
d’installer des mangeoires qui soient adaptées à leur besoin. Si les mésanges
ou les chardonnerets n’auront pas de difficultés à se nourrir sur une mangeoire
suspendue, les pinsons ou les moineaux seront plus à l’aise sur des mangeoires
équipées d’un plateau fixe. Dans ces deux cas de figures, faites attention à
équiper vos mangeoires de rebords permettant d’éviter que les graines ne
tombent par terre et germent : cela évitera la prédation qu’un
regroupement d’oiseaux sur le sol occasionnerait, ainsi que la transmission
d’agents pathogènes.
Exemple de mangeoire à construire
soi-même
Si de nombreuses mangeoires existent sur le marché, vous pouvez également les fabriquer vous-mêmes. Vous trouverez, dans la pièce jointe, un exemple de mangeoire à réaliser facilement : noe-notice-mangeoire.pdf (pdf - 385Ko)
SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
LAWSON Becki, al., Health hazards to wild birds and risk factors
associated with anthropogenic food provisioning, 2018.PAVISSE
Roman, VANGELUWE Didier, Clergeau Philippe, « Domestic Cat Predation on Garden
Birds: An Analysis from European Ringing Programmes », Ardea, 107
(1), E. J. Brill, 2019, pp.103-109.
« Fiche médiation
faune sauvage : Nourrissage – aout 2024 », Ligue Protectrice des
Oiseaux, 2024.
« Sur l’opportunité de nourrir les oiseaux des jardins en période de reproduction », Groupe de travail du Conseil Scientifique et Technique de la Ligue Protectrice des Oiseaux.