Construire sa mangeoire

Gros bec casse-noyaux (Coccothraustes coccothraustes), mâle adulte avec des Pinsons du nord (Fringilla montifringilla) et Chardonneret élégant (Carduelis carduelis), oiseaux posés dans une mangeoire, Obernai, Alsace, France © Sylvain Cordier / Biosphoto

Aménager son jardin pour accueillir les oiseaux pendant l'hiver

                  

Rougegorge familier (Erithacus rubecula) à la mangeoire en hiver, Jardin de campagne, Lorraine, France

05 décembre 2024

Deuxième article de la série sur l’aménagement des jardins pour accueillir la biodiversité animale pendant l’hiver ! 



Introduction : Comment supplémenter les oiseaux ?

Supplémenter les oiseaux consiste à compléter leur régime alimentaire hivernal par des aliments riches en lipides. D’un régime protéiné essentiellement composé d’insectes, les oiseaux passant l’hiver dans les régions françaises adoptent un régime granivore, composé de graines riches en graisse leur permettant d’avoir l’énergie nécessaire pour supporter les stress environnementaux induits par l’hiver. Comme son nom l’indique, la supplémentation ne doit pas être assimilée à du nourrissage : il s’agit d’un simple complément pour soutenir l’alimentation d’oiseaux en mesure de se nourrir par eux-mêmes.

La supplémentation doit, dans cette mesure, se faire avec vigilance et se conformer à des critères permettant de s’assurer qu’elle se fasse de la bonne manière : nous vous renvoyons à l’article déjà existant sur ce point.

Pour rappel, les graines doivent être, presque exclusivement, la seule source de nourriture à disposer dans les mangeoires : ces dernières ne doivent pas être transformées, exotiques, salées, cuites ou encore grillées. Privilégiez ainsi les graines de tournesol noires, du maïs concassé et des graines de millet, en privilégiant celles provenant de la culture biologique. À ces graines, il est possible d’ajouter des fruits de saison (pomme, poire…) en faisant attention à ce que ces derniers ne germent pas. À l’inverse, il faut exclure les biscottes, les biscuits et surtout le pain, les légumes cuits ou crus, ainsi que les produits d’origines animales. Les boules de graisses peuvent également être utilisées, à condition qu’elles soient sans filet et sans huile de palme ni graisses d’origine animale.

Installer des mangeoires adaptées


Pour être réalisée, la supplémentation doit s’accompagner de l’aménagement de mangeoires, sur lesquelles pourront être disposées les graines. Comme pour la supplémentation, la mise en place de mangeoires doit se faire en respectant des principes clés.

Localisation : ces dernières doivent être situées dans des zones dégagées et en hauteur pour éviter que des prédateurs comme les chats ne s’approchent, et à distance suffisante des baies vitrées pour prévenir des collisions. Une étude a montré que les principales causes de mortalité des oiseaux dans les jardins français étaient la prédation des chats (26.31%) et les collisions avec des bâtiments (21.62%).

Entretien : les mangeoires doivent faire l’objet d’un entretien rigoureux afin d’éviter qu’elles ne deviennent des foyers de contamination. La Ligue Protectrice des Oiseaux (LPO) recommande ainsi de les nettoyer intensément deux fois par hiver, ainsi qu’une fois par semaine à l’eau savonneuse. Il est également recommandé de ne pas seulement installer une mangeoire mais plusieurs, car cela permet d’éviter les trop importants rassemblements d’oiseaux autour d’un même poste, facteur aggravant la transmission des agents pathogènes.

Varier les types de mangeoire : la trentaine d’espèces d’oiseaux habitant communément les jardins français nécessite d’installer des mangeoires qui soient adaptées à leur besoin. Si les mésanges ou les chardonnerets n’auront pas de difficultés à se nourrir sur une mangeoire suspendue, les pinsons ou les moineaux seront plus à l’aise sur des mangeoires équipées d’un plateau fixe. Dans ces deux cas de figures, faites attention à équiper vos mangeoires de rebords permettant d’éviter que les graines ne tombent par terre et germent : cela évitera la prédation qu’un regroupement d’oiseaux sur le sol occasionnerait, ainsi que la transmission d’agents pathogènes.


Exemple de mangeoire à construire soi-même

Si de nombreuses mangeoires existent sur le marché, vous pouvez également les fabriquer vous-mêmes. Vous trouverez, dans la pièce jointe, un exemple de mangeoire à réaliser facilement : noe-notice-mangeoire.pdf (pdf - 385Ko)



SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES 
 

LAWSON Becki, al., Health hazards to wild birds and risk factors associated with anthropogenic food provisioning, 2018.

PAVISSE Roman, VANGELUWE Didier, Clergeau Philippe, « Domestic Cat Predation on Garden Birds: An Analysis from European Ringing Programmes », Ardea, 107 (1), E. J. Brill, 2019, pp.103-109.

« Fiche médiation faune sauvage : Nourrissage – aout 2024 », Ligue Protectrice des Oiseaux, 2024. 

« Sur l’opportunité de nourrir les oiseaux des jardins en période de reproduction », Groupe de travail du Conseil Scientifique et Technique de la Ligue Protectrice des Oiseaux.

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