Introduction : quelques définitions
Les zones
humides sont une catégorie écologique qui regroupe l’ensemble des milieux et
des espaces de transition entre la terre et l’eau. Marais, tourbière, delta,
prairie inondable ou encore récif coralien, elles peuvent prendre des formes
très variées et être intégrées à des paysages multiples. On peut retenir cinq
grands ensembles :
- Les zones
palustres (marais, tourbières…)
- Les zones
lacustres (proches de lacs)
- Les zones
riveraines (les berges et zones inondables de fleuves, rivières, cours
d’eau)
- Les zones
estuariennes (les deltas, les lagunes, les marais côtiers…)
- Les zones
marines (berges rocheuses, récifs coralliens…)
La variété des
formes que peuvent prendre les zones humides rend difficile de les
essentialiser au sein d’une seule définition, il est cependant possible de les
identifier à l’aide de trois critères essentiels :
- La présence
d’eau douce, saumâtre ou salée, de façon permanente ou temporaire
- Un sol gorgé
d’eau
- La présence d’espèces
animales et végétales caractéristiques de ces milieux
L’eau est une
composante structurante de ces milieux, au sein desquels elle est le principal
moteur du fonctionnement écologique. Sa présence détermine l’implantation
d’espèces végétales et animales particulières, et participe à faire de ces
milieux des systèmes écologiques clés dans la lutte contre le réchauffement
climatique. Pour cette raison, les zones humides font l’objet d’une protection
spécifique depuis les années 1970, notamment dans le cadre de la convention de
Ramsar qui a été adoptée par 172 signataires depuis 1971.
Une biodiversité remarquable
Si les zones
humides ne recouvrent que 6% de la surface terrestre mondiale, on estime que 40%
des espèces animales et végétales dépendent de ces milieux. Elles abritent
12% de l’ensemble des espèces animales, dont 30% des espèces connues de
poisson, 20 000 espèces de vertébrés, plus de 100 000 espèces d’eau douce.
En France, ces
écosystèmes abritent l’ensemble des espèces d’amphibiens pendant la
période de reproduction, accueillent 50% des oiseaux ainsi que 30%
des espèces végétales remarquables et menacées. À cela s’ajoute de nombreuses populations qui
dépendent de ces milieux : des insectes (Cuivré des marais,
libellules…), des reptiles (tortues…), des mammifères (loutre,
castor…), ainsi que des crustacés (écrevisses, moules…) ou encore des poissons
d’eau douce.
Des milieux essentiels face aux transformations climatiques
En plus
d’abriter une biodiversité exceptionnelle, les zones humides sont des milieux
qui permettent de lutter contre le réchauffement global du climat, les
conséquences qu’il entraîne et les pratiques humaines qui le renforce.
Régulateur du débit des cours d'eau
Les zones
humides peuvent être comparées à des éponges qui absorbent et redistribuent
l’eau en fonction des conditions climatiques. Pendant les périodes de crues,
ces milieux sont capables d’absorber d’importantes quantités d’eau, réduisant
ainsi les risques d’inondation, qu’elles redistribuent dans les nappes d’eau
souterraine et dans les cours d’eau lors d’épisodes de sécheresse. Elles sont
ainsi des alliées de taille dans le contexte de stress hydriques ponctuant
les saisons estivales et d’inondations se multipliant du fait de
l’urbanisation et de l’aménagement des fleuves.
Filtration et épuration de l'eau
Les zones
humides sont capables de débarrasser l’eau de ses pollutions à l’aide de
la végétation hydrophile,
hygrophile et hélophytes, qui filtre et absorbe l’azote et le phosphore. Cette
épuration permet de maintenir la qualité chimique des cours d’eau et des nappes
souterraines reliées à ces milieux.
Protection des berges face à l'érosion
L’imposante
végétation des zones humides permet également de limiter les effets de
l’érosion, aussi bien autour des fleuves que sur les côtes, en limitant
l’écoulement des eaux et le transport de la terre.
Puits de carbone
Les zones
humides, du fait de l’abondance de la matière organique en décomposition, sont des
puits de carbone impressionnant. À titre d’exemple, les tourbières, qui
ne représentent que 3% des terres dans le monde, renferment 30% du CO2
mondial.
Des milieux menacés
Malgré leur rôle
clé dans les écosystèmes, les zones humides sont soumises à de nombreuses
pressions qui mènent à leur dégradation, voire à leur disparition.
En moyenne, on estime que les zones humides françaises sont soumises à 14
pressions quotidiennes liées à des activités humaines. En cause, les drainages
et assèchements utilisés dans le cadre de l’aménagement du
territoire (urbanisation, artificialisation des sols, construction
d’infrastructures routières, aménagement de cours d’eau, etc.), ainsi que de l’intensification
de l’agriculture (agrandissement des surfaces agricoles, prélèvement
excessif d’eau pour l’irrigation, rejet de pesticides, etc.). À cela, il faut ajouter l’introduction d’espèces
exotiques envahissantes qui altèrent les fonctionnements écosystémiques des
milieux indigènes en supplantant les espèces locales. Le Ragondin (Myocastor
coypus), présent dans 78% des zones humides françaises, en est un exemple
auquel on peut ajouter le Silure glane (Silurus glanis) ou encore le Rat
surmulot (Rattus norvegicus). En France, on estime que 86% des zones
humides sont touchées par au moins une espèce exotique envahissante.
Avec une vitesse
de disparition trois fois supérieure à celle des forêts, les deux tiers
des zones humides françaises ont disparues, ce qui représente environ 2,5
millions d’hectares. Rien que pour la période couvrant les années 1960 au 1990,
on estime que 50% des zones humides ont disparu. La tendance est encore plus
inquiétante à l’échelle mondiale. Selon l’IPBES (Plateforme
intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les
services écosystémiques), 87% des zones humides ont disparu depuis le XVIIIe
siècle dans le monde.
Ces dégradations
et disparitions ont des conséquences très concrètes sur la biodiversité. Dans
la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la
nature), toutes les populations d’espèces animales et végétales dépendant des
zones humides sont en déclins, dont 25% sont en danger
d’extinction et 6% en danger critique d’extinction. En tête de liste des
espèces les plus menacées, se trouvent les poissons d’eau douce dont les
populations se sont effondrées depuis les années 1980, ainsi que les amphibiens
dont toutes les espèces dépendent de ces milieux. L’officialisation de la
disparition du Courlis
à bec grêle, en novembre dernier, est un témoignage fort de cette tendance.
Sources :
CNRS : Menace
sur les zones humides !
Géoconfluence :
Zone humide
MNHN : Qu’est-ce qu’une
zone humide ?
OFB : Les
zones humides
UICN : Les
zones humides disparaissent trois fois plus vite que les forêts
Ramsar : L’importance
des zones humides
Ramsar : Perspective
mondiale pour les zones humides
Zone
humide : Zones
humides et biodiversité
Zone
humide : Une
zone humide c’est quoi ?