Pollinisateurs & agriculture

Préserver les pollinisateurs pour garantir l’avenir de l’agriculture

Les insectes pollinisateurs sont au cœur des écosystèmes agricoles. Sans eux, la production de nombreuses cultures serait compromise, entraînant une baisse des rendements et une détérioration de la qualité des récoltes. Pourtant, leur déclin s’accélère, sous l’effet des transformations agricoles et des pressions environnementales.


@Jean-Baptiste Strobel / Biosphoto

10 février 2025

Une menace sérieuse pour l’avenir de l’agriculture et la sécurité alimentaire

Face à cette urgence, il est essentiel de comprendre les causes de cette disparition et d’adopter des pratiques agricoles plus respectueuses des pollinisateurs. La préservation de ces espèces n’est pas seulement un enjeu écologique : elle est aussi une opportunité pour améliorer la résilience et la productivité des exploitations agricoles. 


Les insectes pollinisateurs, qu’ils soient domestiques ou sauvages, diurnes ou nocturnes, assurent la reproduction de plus de 75 % des espèces cultivées dans le monde. Leur rôle est particulièrement crucial pour les cultures fruitières, maraîchères et oléagineuses. 70 % des 124 principales cultures utilisées directement pour la consommation humaine dans le monde, dépendent des pollinisateurs. 


Mais les pollinisateurs ne se contentent pas d’améliorer la quantité des récoltes. Ils influencent aussi leur qualité. Une pollinisation optimale garantit des fruits mieux formés, plus homogènes et plus résistants aux maladies. Ce service écologique, souvent sous-estimé, représente une valeur économique mondiale estimée entre 127 et 152 milliards de dollars par an.


Un déclin alarmant et ses conséquences sur l’agriculture

Depuis plusieurs décennies, les scientifiques observent un effondrement des populations de pollinisateurs. En Europe, la moitié des espèces de papillons de prairie ont disparu depuis 1990, et de nombreuses espèces d’abeilles sauvages connaissent un recul inquiétant. Ce déclin est causé par plusieurs facteurs. 


L’intensification agricole, d’une part, avec la disparition des haies et des prairies fleuries qui prive les pollinisateurs de ressources alimentaires et de sites de nidification. D’autre part, l’usage massif de pesticides, en particulier les néonicotinoïdes, affecte leur orientation, leur reproduction et leur survie. De plus, le changement climatique modifie la floraison des plantes et perturbe les interactions entre les pollinisateurs et leurs ressources alimentaires. Enfin, la pollution lumineuse impacte particulièrement les pollinisateurs nocturnes, qui jouent un rôle crucial dans la pollinisation de certaines espèces végétales. 


L’agriculture est la première victime de cette disparition. Sans pollinisateurs, les cultures qui en dépendent deviennent plus vulnérables aux aléas climatiques et voient leur rendement baisser. La raréfaction des insectes entraîne un déficit de pollinisation qui compromet la formation des fruits et la productivité des exploitations. Dans plusieurs régions du monde, la demande en pollinisation dépasse désormais l’offre, ce qui force les agriculteurs à recourir à la pollinisation artificielle ou à la location de ruches, pour compenser ce manque, augmentant de fait leurs charges. 


Agir pour préserver les pollinisateurs et améliorer les rendements

Des solutions existent pour inverser cette tendance et favoriser une agriculture durable, où pollinisateurs et agriculteurs coexistent de manière bénéfique. La première étape consiste à restaurer des habitats favorables aux pollinisateurs. La mise en place de bandes fleuries, de haies diversifiées, de prairies naturelles, et une bonne gestion des bordures de champs, permet de fournir aux insectes du pollen et du nectar tout au long de l’année. Ces aménagements améliorent aussi la présence des auxiliaires de cultures, qui participent à la régulation des ravageurs. 


D’autre part, la réduction de l’usage des pesticides est une nécessité. L’adoption de techniques de lutte intégrée et de biocontrôle limite l’exposition des pollinisateurs aux substances toxiques. Les exploitations qui diminuent l’utilisation d’insecticides constatent souvent un retour rapide des populations de pollinisateurs et une meilleure stabilité des rendements. La diversification des cultures est un autre levier essentiel. Contrairement aux monocultures intensives, qui offrent peu de ressources aux pollinisateurs, la polyculture et la rotation des cultures permettent de maintenir des populations d’insectes actives toute l’année. 


Cette approche améliore également la résilience des exploitations face aux maladies et aux variations climatiques. Enfin, l’agroforesterie joue un rôle clé dans la préservation des pollinisateurs. La présence d’arbres dans les paysages agricoles favorise l’abondance des pollinisateurs et améliore leur efficacité dans la pollinisation des cultures arables.


Préserver les pollinisateurs, une nécessité pour l’agriculture de demain

L’effondrement des pollinisateurs n’est pas une fatalité. Il est encore possible d’agir en réconciliant productivité agricole et respect des équilibres écologiques. En repensant nos pratiques, nous pouvons restaurer des paysages favorables aux pollinisateurs et garantir des rendements plus stables et plus durables. Loin d’être un simple enjeu de biodiversité, la préservation des pollinisateurs est une nécessité économique et stratégique pour l’agriculture. 


En engageant dès aujourd’hui une transition vers des pratiques agroécologiques, nous pouvons assurer la résilience des systèmes agricoles et la sécurité alimentaire des générations futures.


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