Un entretien avec 

Florian Tanguy  

Observer la nature par le dessin

 Dans le cadre de la Fête de la Nature, Noé souhaite vous faire découvrir des manières originales de protéger et connaitre la biodiversité. À cette occasion, nous vous invitons à découvrir le travail de Florian Tanguy, créateur du blog « Dessiner la nature » et pratiquant du nature journaling.   

28 avril 2025

Quel est votre parcours ? 


F.T. : Je suis diplômé d’une licence de biologie et d’un master « Biologie, écologie, évolution ». Après mes études, j’ai réalisé un Service civique dans un Conservatoire d’espace naturel, dans lequel j’ai eu l’occasion de participer aux activités du conservatoire et dans lequel j’étais chargé de l’animation de la vie associative. À la suite de cette première expérience, j’ai travaillé au sein d’un bureau d’étude pendant six mois. J’y ai réalisé des inventaires, majoritairement d’oiseaux mais également d’insectes, dans le cadre de projets d’aménagement. Je me suis ensuite installé en Normandie, où j’ai travaillé dans le Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande pendant plus de deux ans. J’ai participé à l’animation d’un atlas de la biodiversité communale dispersé sur quinze communes, c’est-à-dire un recensement participatif de toute la biodiversité sur le territoire sélectionné. Aujourd’hui, je me consacre à plein temps à mon blog « Dessiner la nature ».  



Pouvez-vous présenter votre blog ? 



F.T. : Le blog « Dessiner la nature » a pour objectif de partager des conseils pratiques pour apprendre à découvrir la nature d'une manière différente, à travers l'observation, la prise de notes et le dessin. J’y partage les meilleurs conseils que je découvre pour dessiner la nature facilement, que ce soit en intérieur ou en extérieur. J'y aborde aussi des conseils pour observer et reconnaître les espèces que l'on peut croiser en balade. Il y a donc des pas à pas pour dessiner la faune et la flore, des conseils pratiques pour mieux observer et dessiner, des astuces d'identification et des partages de ressources inspirantes que je découvre sur le dessin et la nature (livres, auteur, etc). À court terme, j’aimerais proposer des sorties de nature journaling, et, plus tard, des formations en ligne. L’idée de sa création m’est venue avant mon arrivée en Normandie. J’avais envie de sensibiliser un public plus large que celui que l’on retrouve dans les sorties naturalistes, de donner envie d’observer sans avoir besoin de rentrer dans l’identification des espèces. Le dessin m’a semblé être une bonne approche : en plus d’être accessible, il permet de se détacher des critères habituels d’identification pour vraiment se concentrer sur l’observation des espèces. 



Qu’est-ce que le nature journaling ? 



F.T. : Le nature journaling vient des États-Unis. Il consiste à tenir un carnet ou un journal pour apprendre à observer la nature. Il s’agit de quelque chose de très personnel qu’on utilise pour noter ses observations. Le format est libre, personnellement je privilégie le dessin mais il peut s’agir de notes écrites, de mots, de chiffres, d’un assemblage de notes et de croquis… pas de modèle imposé ! Le principe est simplement de noter ce que vous observez sous la forme qui vous plaît le plus. Le plus souvent, on procède en trois étapes : on commence par noter ses observations, puis on les questionne (pourquoi ce comportement ? pourquoi cette tache sur la feuille… ?), enfin, on revient sur les observations pour répondre à la question. Là encore, c’est très personnel et il n’y a pas de mauvaise façon de tenir son journal.  



F.T. : Le nature journaling m’a permis de développer une dimension qui était absente dans mon ancien travail. Faute de temps, on se contentait de simplement noter les espèces qu’on rencontrait, et ça s’arrêtait là. Le nature journaling invite à prendre son temps et à développer sa curiosité. C’est une approche où la focale porte moins sur l’identification des espèces que sur l’observation des caractéristiques morphologiques et des comportements, un pan important de la tenue du journal porte, justement, sur la compréhension de la biodiversité et des écosystèmes.  



Avez-vous des conseils pour débuter dans le dessin d’observation ?  



F.T. : Quand j’ai débuté le dessin d’observation il y a un peu plus de deux ans, et que j’étais un grand débutant, j’ai été bloqué par l’idée de faire un beau dessin. Il n’est, en réalité, pas nécessaire que le dessin soit beau. Le nature journaling invite à dessiner pour soi, c’est un processus pour apprendre à comprendre et observer la nature. Je dirais donc que pour bien débuter, il ne faut pas essayer de faire dessin beau ou complètement abouti. À l’inverse, je conseille de commencer par construire son dessin avec des formes de base (carrée, rond…), puis de se concentrer sur les détails. Sur le blog, j’ai écrit un article sur un exercice que je trouve très efficace pour s’améliorer, notamment pour réaliser les contours du sujet à dessiner. L’idée est de dessiner en regardant uniquement le modèle, sans ne jamais regarder sa feuille. Les premiers résultats ne sont évidemment pas terribles, mais à force d’entrainement les contours s’affinent et cela apprend à passer plus de temps à observer qu’avoir les yeux sur son croquis. 




Si l’idée d’observer la nature par le biais du dessin vous intéresse, n’hésitez pas à vous rendre sur le blog « Dessiner la nature ». Le nature journaling peut d’ailleurs permettre aux jardiniers de notre réseau Jardins de Noé de réaliser un suivi de ce qu’ils expérimentent, de garder une trace de l’évolution du jardin. De même, cette pratique complémente et peut accompagner à merveille l’observation de la biodiversité dans le cadre d’un programme de sciences participatives. 


Comme Florian Tanguy nous l’a répété à plusieurs reprises, la pratique du dessin d’observation, qu’il soit ou non intégré dans une démarche de nature journaling, permet de retrouver une connexion avec la nature : le dessin oblige à vraiment observer et à redécouvrir des choses, à s’émerveiller devant ce que l’on voit. 


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