Qu'est-ce qu'une espèce invasive ?  

l'exemple de la pyrale du buis

qu'est-ce qu'une espèce invasive ? 

Pour répondre à ces questions, des étudiants de l’Université Jean Moulin de Lyon 3 se sont penchés sur la question au mois de février dernier. Lors d’une conférence sur les espèces invasives, Roseli Pellens - intervenante au MNHN - définit d’abord le terme d’espèce exotique comme suit : "ce sont des espèces vivant dans un environnement n’appartenant pas à leur aire de répartition d’origine". Puis elle explique que les espèces exotiques envahissantes sont capables de s’adapter et de se reproduire dans ce nouvel environnement et parfois, cela induit une perte de biodiversité et une destruction de ces habitats. Selon elle, on retrouve dans le monde, près de 37 000 espèces exotiques et en moyenne 10% des terres sont composés d’espèces exotiques.

Pour nuancer le propos, Pierre Athanaze, Vice-Président de la Métropole de Lyon à la Biodiversité, explique que si une espèce exotique est considérée envahissante, elle ne l’est pas pour autant indéfiniment. L’introduction de la genette en Europe par les romains en est un bon exemple : originaire d’Afrique, la genette - mammifère de la famille des viverridés - avait été introduite en réponse à la prolifération des rats et des souris il y a plusieurs siècles, et est devenue depuis une espèce patrimoniale en France.

1. Les Espèces Exotiques Envahissantes sont des espèces exotiques ayant  développé une certaine résilience dans leur nouveau milieu. En France, 'apparition progressive de la Renouée du Japon "Reynoutria japonica" - notamment présente sur les berges des cours d’eau - a appauvrit les sols et empêché la croissance d’autres espèces végétales.

2 . Les Espèces Locales Invasives sont des espèces non introduites et déjà présentes sur un territoire : dans le nord-est de la France, le scolyte a déjà engendré la mort de milliers d’hectares d’épicéa depuis 2017 .

Attaque de scolytes sur un massif d'Épicéa, Vosges du Nord, © Yann Avril / Biosphoto

3. Les Espèces Liminaires sont selon Amandine Sanvisens de l’association Paris Animaux Zoopolis, des animaux en liberté vivant dans les villes, cohabitant avec les êtres humains et possédant un habitat restreint : canards, pigeons, rats, moustiques… Ceux-ci peuvent proliférer de façon exponentielle comme le rat surmulot "Rattus norvegicus".

Mais quelles sont les causes de l’augmentation des espèces invasives ? Qu’est ce qui fait que cette espèce prend le dessus sur d’autres espèces et se multiplient plus que les autres ? Dans un écosystème primaire, l’abondance et la diversité en espèce d’un milieu se régulent et atteignent naturellement un équilibre. Cependant, en augmentant sans cesse le rythme des processus naturels, en modifiant les habitats ou  en introduisant des espèces non adaptées aux conditions abiotiques du milieu, la faune et la flore peinent à se régénérer. Les activités anthropiques continuent d’exercer une pression sur l’environnement, et ne laissent que très peu de temps pour que les écosystèmes retrouvent leur état initial. Selon Roseli Pellens, nous désignons donc ces espèces comme étant invasives et envahissantes alors même nous sommes à l'origine de ces dérèglement. 

zoom sur un envahissant : la pyrale du buis 

De son nom latin Cydalima perspectalis, la pyrale du buis est une Espèce Exotiques Envahissante introduite en Europe en 2007. Ce papillon de nuit originaire d’Asie se nourrit uniquement des feuilles du buis et a causé des dégâts en France sur les cultures horticoles et les jardins français.

De forte population ont également été retrouvés à Besançon en 2017, où certains individus avaient même quitté les collines pour pondre leurs œufs en ville. En effet, en l’absence de prédateurs, le papillon peut se reproduire plusieurs fois au cours de la même année et peut croître de manière exponentielle. De plus, l’espèce fait souvent son apparition sur les dispositifs d'observation Lépinoc, programme développé par Noé, où des individus ont été retrouvés l’année dernière en Bourgogne Franche-Comté.

Session Lépinoc sur la commune d’Ahuy le 18 juillet 2023

QUELLES SONT LES méthodes d'action ?

Il n’est jamais facile de cibler une espèce invasive pour limiter sa prolifération mais c'est pourtant essentiel pour sauver la biodiversité locale. Cependant, la lutte contre ces espèces ne doit pas en mettre d’autres en danger. 

Dans notre cas exemple, il existe des méthodes non nocives pour lutter contre la surpopulation de la pyrale du buis : 

• En renforçant la présence de prédateurs naturels, tels que la mésange, le Rougequeue noir, en installant des nichoirs. 
• En utilisant des traitements biologiques à pulvériser sur la plante dans ce cas les feuilles du buis : la bactérie Bacillus thuringiensis qui s’attaque au système digestif de la chenille, les nématodes qui se nourrissent depuis l’intérieur de la chenille ou les huiles essentielles, dont la menthe poivrée, qui possède un effet répulsif une fois appliquée sur le buis.
• Les pièges à phéromones, souvent utilisés pour lutter contre la chenille processionnaire, s’avèrent également utiles contre les papillons mâles de la pyrale du buis. Ces pièges empêchent les papillons de se reproduire et ainsi d’assurer leurs pontes.

Références bibliographiques

• Conférence Université Jean Moulin de Lyon 3, organisée le 20 février 2024 : “Espèces invasives : quelles menaces pour nos écosystèmes | Conférence-débat”  (consulté le 26/08/2024)
• Observatoire des forêts françaises. Publié en 2023 : “Principaux problèmes sanitaires actuels en forêts” (consulté le 01/08/2024)
• François Comte, France Info. Publié le 17/06/2017 : “ Des milliers de papillons de la pyrale du buis envahissent Besançon” (consulté le 02/08/2024) 
• Blog Mallutebio. Article sur la pyrale de buis : “Comment sauver un buis attaqué par la pyrale ?” (consulté le 02/08/2024)