Nous voulons des espaces naturels protégés (et des coquelicots) !
© Berndt Fischer / Biosphoto

Le mot du président

« Si nous ne laissons pas de place à la nature, il n’y aura plus de nature… » Cette lapalissade, pourtant pleine de bon sens, a bien du mal à s’imposer dans notre vision du monde d’après, vu le peu de territoires naturels, terrestres ou marins, qui subsistent sur la planète.
01 juin 2021

Mais lueur d’espoir, la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) a proposé aux Nations-Unies un objectif ambitieux de protéger efficacement 30% de la surface de la planète (terrestre et marine) en 2030, appelé, pour les intimes, l’objectif « 30x30 ». Cela doit être débattu en octobre 2021 à Kunming, en Chine, lors de la COP15 de cette convention internationale. 

Aujourd’hui, et comme pour le climat, un consensus se dégage sur l’impératif écologique de sauvegarder et de restaurer la biodiversité, au regard de la prise de conscience croissante de notre dépendance aux grands processus écologiques dictés par les lois du vivant. 

La mise en place d’un réseau d’espaces naturels protégés est un des éléments clefs de cette volonté et de cette stratégie globale de sauvegarde. C’est heureux !

Cependant, cet objectif altruiste de partage de la planète avec les autres espèces vivantes se heurte à l’élan consumériste et conquérant de l’espèce humaine. On voit en effet quotidiennement combien il est difficile de freiner les visées expansionnistes des lobbys industriels, pétroliers, miniers, agro-industriels destinées à s’enrichir, et à nous encourager à consommer toujours plus. Autres illustrations de ce paradoxe, le difficile débat pour la cohabitation entre les grands carnivores et les éleveurs, voire tout simplement l’attitude du jardinier dans son potager, attaqué par la dent du chevreuil ou la radula de la limace, montrent la notion toute théorique et philosophique d’accepter de laisser sa part à la nature. Et, sur nos territoires, bien souvent, on ne laisse à la nature que ce que l’on n’a pas réussi à aménager… Le principe fait aussi débat au sein d’ONG de développement et de défense des droits humains.

Une fois cet objectif accepté, il faudra bien sûr que ces nouveaux espaces protégés soient conservés et gérés durablement, ce qui implique un engagement financier au niveau international et des conditions techniques, de gouvernance et de durabilité des projets qui sont rarement réunies, comme en témoignent la longue liste d’échecs de conservation de Parcs Nationaux, et l’état de dégradation actuelle de beaucoup d’Aires Protégées. Aujourd’hui un certain nombre d’entre elles n’existent d’ailleurs plus que sur les cartes… La route est donc encore longue ! Mais ne boudons pas notre plaisir et saluons cet objectif ambitieux et courageux, auquel Noé adhère pleinement. Au travers le pôle Parcs de Noé et nos activités internationales, notre ONG contribue à cette grande vision du 21ème siècle par des programmes de terrain ambitieux et concrets de gestion d’Aires Protégées sur le long-terme.

Arnaud Greth,
Président de Noé 
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