Bonjour Sarah, en septembre dernier, tu as intégré notre association Noé en tant que Directrice des activités nationales. Pourrais-tu nous raconter ton parcours jusqu’à présent et ce qui t’a motivé à rejoindre notre association ?
Après un double diplôme d’ingénieure agronome et de sciences politiques, j’ai débuté ma carrière il y a un peu plus de 15 ans comme chargée de plaidoyer sur les questions agricoles et environnementales, au comité français pour la solidarité internationale et à Greenpeace, puis j’ai animé une coordination associative autour du développement des territoires ruraux, le CELAVAR.
Souhaitant mettre mes compétences et mon enthousiasme au service de ma ville, j’ai ensuite conseillé pendant huit ans les élus parisiens pour les questions de biodiversité, de nature en ville, d’agriculture et d’alimentation. Après avoir participé à l’adoption de la stratégie biodiversité, du plan alimentation durable de la restauration collective parisienne ou encore, à l’émergence de l’action parisienne en faveur de l’agriculture urbaine avec Parisculteurs, j’ai eu envie de retrouver le monde associatif.
Noé, avec son approche très systémique et son combat pour la nature du quotidien, au coin de nos chemins et de nos rues correspond parfaitement aux combats pour lesquels je souhaite m’investir.
Noé agit sur le territoire français depuis plus de 20 ans, ce sont même les programmes nationaux de Noé qui ont donné naissance à notre association. En France, Noé est engagé sur des sujets tels que la transition vers l’agroécologie, la sauvegarde des insectes pollinisateurs, la gestion écologique des espaces verts, les sciences participatives… Quelles sont tes principales ambitions pour les activités françaises de Noé, quels objectifs souhaites-tu poursuivre ?
Je souhaite que nous poursuivions notre développement en faisant la part belle à ce qui fait l’identité de Noé : accompagner et outiller les acteurs économiques, mais aussi les citoyens et les pouvoirs publics pour que chacun connaisse mieux et protège la biodiversité ordinaire.
Ainsi nous souhaitons à travers cette mobilisation générale recréer des écosystèmes fonctionnels et connectés, habitats naturels pour des espèces clés et producteurs de biens et services écologiques pour la Terre et les humains. Je souhaite que les activités nationales de Noé participent à l’objectif global de restaurer au moins 20% des écosystèmes dégradés et stopper la perte de superficie et d’intégrité des écosystèmes, objectif sur lequel j’espère les Etats s’engageront lors de la prochaine COP biodiversité qui aura lieu à Montréal en décembre.
De nombreuses études scientifiques font état d’un effondrement de la biodiversité à l’échelle planétaire relié de très près au changement climatique. Quel regard portes-tu sur la biodiversité aujourd’hui ? Es-tu malgré tout confiante pour l’avenir ?
Le monde vit aujourd’hui la 6ème grande crise d’extinction des espèces. Elle est beaucoup plus rapide et intense que les précédentes et surtout son origine n’est pas géologique mais bien humaine. La biodiversité n’est pas seulement une liste d’espèces ou de gènes mais bien un tissu vivant en interaction dont la trame, le fonctionnement et la structure importent tout autant que la simple composition. La vigueur de ce tissu, des écosystèmes sains, diversifiés, fonctionnels et reliés entre eux, est essentielle pour notre futur. Plus que confiante, je dirai donc pragmatique et déterminée.
La biodiversité est un facteur d’équilibre indispensable à la vie des humains. Nous dépendons totalement de la nature, que ce soit pour respirer, boire, manger mais aussi pour les matériaux que nous utilisons pour nous loger ou nous vêtir, etc. Pour que les systèmes vivants continuent à satisfaire nos besoins vitaux, encore faut-il qu’ils conservent leur complexité, leur diversité et leur résilience.
Bref, il n’est plus temps d’attendre, de spéculer ou de prospecter, face au changement climatique comme face aux extinctions des espèces, de la faune comme de la flore mondiales. En effet, les solutions existent, elles ont été développées par les scientifiques et la société civile, désormais il faut des décisions et des actes courageux des gouvernants à toutes les échelles.
Nous avons le devoir d’agir collectivement pour réinventer un monde vivant et durable, où biodiversité et humanité vivent en harmonie.