la survie par la multiplication

Machaon sur épi de Graminée Ried alsacien France © Bruno Cavignaux / Biosphoto

Les générations chez les papillons

On entend parler de papillons monovoltins, bivoltins, ou encore plurivoltins...

 Quels comportements se cachent derrière ces termes ?

Belle-Dame (Vanessa cardui) butinant, Vallée de la Doller, Alsace, France © Bruno Mathieu / Biosphoto
10 février 2023

À quoi correspond une génération chez les papillons ?

Une génération est l’ensemble d’individus d’une même espèce qui apparaissent à une époque donnée. Il y a parfois plus d’une génération par an. Chez les papillons, une génération va de l’œuf à l’imago, et désigne les individus ayant une émergence plus ou moins simultanée. Ces adultes tous justes sortis vont s’accoupler et donner naissance à la génération suivante.

   


Génération de Demi-deuils © Olivier Gutfreund
Selon les espèces, plusieurs générations peuvent se succéder dans l’année ou non. On les appelle les espèces mono- ou plurivoltines.

 

Une génération d’espèce monovoltine est généralement pondue à la fin de la saison chaude. Elle traverse l’hiver sous forme d’œuf, de chenille ou de chrysalide et émerge en été pour se reproduire. Elle s’éteint après avoir réussi ou non à produire la génération suivante. C’est le cas du Demi-deuil, qui n’a qu’une seule génération par an et qui hiverne sous forme de chenille.

   

   

Les espèces plurivoltines quant à elles se succèdent pendant la période de vol. On distingue souvent les individus de printemps et d’été qui ont des formes différentes. Après l’hiver, la première génération émerge, s’accouple, puis donne naissance à la suivante. Celle-ci réalise son cycle complet en peu de temps pour produire une autre génération, toujours pendant la saison chaude.

La succession de générations peut apporter des avantages sélectifs : multiplication des individus avant la traversée de la saison froide, maintien des nombres pendant la migration, multiplication des croisements et de diversité génétique, échappement aux prédateurs en multipliant les formes de vie simultanées.

  

Cette succession rapide est possible grâce aux températures clémentes et à l’abondance de ressources en saison chaude. Les chenilles se développent rapidement, ce qui laisse peu de chances aux prédateurs de les attraper et limite les risques de parasitisme des chenilles et des chrysalides.

 

Quelques exemples

Chaque espèce a ses propres spécificités par rapport au nombre de générations. Voici trois espèces intéressantes faisant partie de l’Opération papillon.

  

  • Le Machaon peut être retrouvé à travers toute la France, tant en montagne qu’au bord de la mer. En fonction de sa localisation, il réalise entre 1 et 3 générations par an. C’est en région méditerranéenne, qu’on observe le plus de générations. Les chenilles de Machaon sont la cible de quelques parasites, dont la guêpe ichneumon Trogus lapidator et la mouche Buquetia musca. On observe les mêmes variations de générations chez la mouche et le Machaon, une génération au Nord, plusieurs au Sud.

  

Émergence de la guêpe parasite ichneumon d’une chrysalide de Machaon / Biosphoto

  • La Carte géographique vole souvent en deux générations : f.levana, la forme printanière orange à taches noires, et f.prorsa, la forme estivale à bandes blanches. On peut retrouver une forme intermédiaire nommée f.porima. Ces deux formes ont été initialement considérées comme deux espèces différentes avant que les études ne prouvent le contraire. Des expériences ont alors été conduites pour tenter de comprendre l’origine de cette variation de couleur. Sans avoir de réponse définitive, il semblerait que la longueur de la journée détermine si la chrysalide entre ou non en diapause. S’il y a diapause, on obtiendra une forme printanière, sinon, une forme estivale. Le temps passé en chrysalide serait alors un des paramètres déterminants de la forme de l’imago.

 

Les deux formes de la carte géographique, f.levana à gauche, f.prorsa à droite / Biosphoto

  • Les Belles-Dames émergent en Europe au printemps. Après leur reproduction, la génération suivante entame la migration (mettre article en lien). Le long du voyage, la génération peut être renouvelée. Arrivée en Afrique, le cycle continue. La Belle-Dame est une espèce qui se reproduit tout au long de l’année, elle n’hiverne pas. On peut avoir environ quatre générations entre l’aller et le retour, dont une en Afrique.

 

Au sein d’une même génération, le temps d’émergence peut varier entre les individus : une partie peut parfois émerger avant les autres. Ceci est une sécurité, s’il devait arriver quelque chose aux premiers adultes – épidémie, climat violent – la seconde émergence pourra assurer la reproduction.

Des émergences éparses et aléatoires dues à des variations de climat peuvent parfois subvenir. Elles ne permettent pas de constituer une réelle génération, la rencontre d’un partenaire et l’accouplement étant peu probable.

 


Sources :

  • Dozières, A. et al., 2017. Papillons des jardins, des prairies et des champs. Guide de terrain pour les Observatoires de sciences participatives. 141p. 
  • Lafranchis, T. et al., 2015. La vie des papillons. Éditions Diatheo. 751p.
  •  Lafranchis, T., 2000. Les Papillons de jour de France,Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.
  • Carte géographique, machaon, lepidoptera. Wikipédia France (consultés le 11/01/2023)

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