Dans cette confrontation avec les humains, l’impact pour l’éléphant peut être dévastateur. Il peut se traduire en représailles de la part des populations locales (pièges, fusillades, etc.), menaçant la survie même de cette espèce sur le long terme.
L’impact pour les agriculteurs est fort également : ces derniers voient le fruit de leur travail piétiné, et ne pourront recevoir aucune forme de compensation de la part de l’État.
Lorsque l’on souhaite sauvegarder le vivant, comme Noé, il est essentiel de s’impliquer dans la résolution des conflits entre les humains et ces majestueux gardiens des forêts.
Alors comment résoudre ce problème de voisinage tropical, également appelé conflit humain/éléphant ?
Dans le Parc National de Conkouati-Douli
Dans la vingtaine de villages au sein du parc au Congo, plusieurs champs attenants se voient régulièrement fréquentés par ces invités un peu balourds, voire carrément dévastateurs.
Le Département de développement communautaire du parc de Conkouati a élaboré un projet consistant à protéger des cultures agricoles en dressant des clôtures tout autour. Ainsi nous sommes donc à une phase initiale de test dans le village pilote de Mvandji, déjà théâtre de plusieurs incursions de nos amis à trompe.
Clôture électrique ou clôture biologique ?
Ce village a un champ communautaire d’environ 2 hectares, où 8 familles cultivent du manioc. 2 clôtures l’entourent désormais depuis quelques temps : une électrique sur 600 mètres, et une biologique sur 800 mètres. Elles permettent le passage d’espèces plus petites, comme des ongulés ou des rongeurs.
Cette méthode a déjà été testée par des étudiants en Ouganda en 2021, et semble très prometteuse. Il s’agit de créer une solution à base de piment rouge, gingembre, aïl, œufs, huile, eau, et bouse de vache ou d’éléphant, qui est ensuite laissée macérer pendant 4semaines. Le tout est versé dans des bouteilles en plastique au bouchon percé, qui se hissent sur des fils barbelés à distance régulière, à changer toutes les 8 semaines.
Certes, la clôture électrique promet une protection efficace grâce à un impact physique dissuasif. Cependant, la clôture biologique repose sur des solutions naturelles, moins coûteuses et moins douloureuses pour les éléphants. Elle est aussi nettement plus simple à mettre en place.
Dans cette compétition, pas de perdants. Chaque méthode offre une solution au conflit humain-faune qui fonctionne, et respectueuse de l'environnement. L’équipe du Parc National deConkouati-Douli attend avec impatience les résultats de ce test, parce qu’à l’issue de ce défi passionnant, la méthode jugée comme plus efficace, sera arrêtée pour une duplication dans plusieurs villages, à commencer par Nzambi dans le district de Nzambi, et Tchionzo dans le district de Mandingo Kayes.
Recette du répulsif pour éléphants
Ingrédients pour 20 litres
• 20 litres d’eau
• 1/2kg d’ail
• 1kg de gingembre ou oignon
• ½ litre d’huile
• 2kg de piments
• 5 oeufs
Préparation
Allumez votre gazinière, mettez l’eau dans une grosse marmite, écrasez l’ail et le gingembre ou l’oignon.Assurez-vous d’utiliser des gants avant de toucher aux piments !
Avant que l’eau ne bout, ajoutez du piment préalablement écrasé. Ajoutez la pâte d’ail et de gingembre, et l’huile, à l’eau en ébullition. Mettez la bouse de vache ou d’éléphant dans un seau.
Ajoutez les œufs mélangés à la bouse séparément du reste, pour qu’ils ne cuisent pas. Il faudra mélanger l’ensemble œufs–excréments avec le reste lorsque tout sera froid. Versez ensuite le mélange dans un grand récipient, scellez-le en lieu sûr, laissez-le fermenter pendant 4 semaines.
Lorsque vous voudrez utiliser le répulsif, utilisez un tamis ou un tissu pour séparer le liquide du solide. Les éléphants et probablement d’autres espèces se garderont de s’y approcher, sans que cela ne les blesse ou procure aucune douleur !