Neonicotinoïdes : soutenir les agriculteurs pour pérenniser l’interdiction

Face à une jaunisse qui ternit la production industrielle et fourragère de betteraves en France, le Ministère de l’Agriculture annonce un rétropédalage sur l’usage des néonicotinoïdes, interdits en agriculture depuis septembre 2018. Engagé tant pour la protection de la transition agroécologique au côté des agriculteurs que pour la protection des pollinisateurs, Noé dénonce l’absence d’un plan 0 néonicotinoïdes à long terme qui concilie protection de la biodiversité et revenus décents pour les agriculteurs.
© Philippe Giraud / Biosphoto
07 août 2020
Face à une jaunisse qui ternit la production industrielle et fourragère de betteraves en France, le Ministère de l’Agriculture annonce un rétropédalage sur l’usage des néonicotinoïdes, interdits en agriculture depuis septembre 2018. Engagé tant pour la protection de la transition agroécologique au côté des agriculteurs que pour la protection des pollinisateurs, Noé dénonce l’absence d’un plan 0 néonicotinoïdes à long terme qui concilie protection de la biodiversité et revenus décents pour les agriculteurs. 

Majoritairement pratiquée dans la Région hauts-de-France, la culture de la betterave est reconnue pour sa fragilité face aux maladies et aux ravageurs. Selon un rapport de l’ANSES publié en mai 2018[1] aucune alternative non-chimique aux néonicotinoïdes, ne présente suffisamment d’efficacité pour assurer un rendement de production optimal, notamment pour lutter conte pour lutter contre les ravageurs des parties aériennes, dont les pucerons, à l’origine de la jaunisse dont souffrent actuellement les cultures.

Les néonicotinoïdes, ravageurs d’insectes… et de biodiversité

L'impact des néonicotinoïdes sur l'envrionnement et notamment sur les pollinisateurs a été à maintes reprises demontré dans le champ scientifique. Leur persistence se caractérise notamment par la présence de résidus dans le nectar de cultures comme le colza, fortement butinées par les pollinisateurs, même plusieurs années après l'arrêt des traitements, représentant ainsi une réelle pollution des milieux cultivés. L’ingestion de ce produit réduit notablement leur espérance de vie[2] et par extension leurs capacités à polliniser et se reproduire, pourtant essentielle à de nombreux écosystèmes.

 
« Face au désastre écologique que représente l’usage de néonicotinoïdes, il est important de mettre un hola ferme à son utilisation dans les cultures. Cette dérogation doit rester une exception de courte durée et ne pas signer un retour à son utilisation à grande échelle. Par ailleurs, elle doit impérativement être accompagnée d’une politique ambitieuse pour la protection des pollinisateurs et la transition vers une agriculture sans insecticides de synthèse. »

Déclare Jérémie Goulnik, chargé de programme Pollinisateurs chez Noé


Vers une transition agroécologique de la production de betterave

Plusieurs sources font état des cultures de betteraves selon les normes d’agricultures biologiques comme étant moins concernées par l’épisode de jaunisse en cours[3]. Si la culture betteravière doit nécessairement en prendre la voie, la baisse de rendement que cette transition implique[4] ne doit pas se répercuter sur les revenus des agriculteurs. Pour pallier ce manque à gagner, nous réaffirmons la pertinence du paiement pour services environnementaux (PSE), encore à l’étape expérimentale en France[5], et demandons un plan véritablement ambitieux des pouvoirs publics pour accompagner les agriculteurs dans une transition écologique de leurs cultures. Ce n'est qu'en construisant et en valorisant une filière biologique de la betterave en France que l'on pourra réconcilier agriculture de la betterave et biodiversité.

Nous appelons dès maintenant les industries agro-alimentaires à orienter leurs achats vers ces productions responsables et les pouvoirs publics à les inciter tout en valorisant le travail des agriculteurs engagés dans ce cercle vertueux.

 
Contacts presse : 

Yvon Chagué - Responsable de campagne

ychague@noe.org - 06.59.77.21.57

Marion Mauuarin - Responsable communication et collecte

mmauuarin@noe.org

 

[1] Risques et bénéfices relatifs des alternatives aux produits phytopharmaceutiques comportant des néonicotinoïdes Tome 3 – Rapport d’appui scientifique et technique sur l’impact agricole ANSES

 

[2] N. Tsvetkov,1 O. Samson-Robert,2 K. Sood,1 H. S. Patel,1 D. A. Malena,1 P. H. Gajiwala,1 P.

Maciukiewicz,1 V. Fournier,2 A. Zayed1

Doi: 10.1126/science.aam7470.

Science. 30 Juin 2017;356(6345):1395-1397.

 

[3] https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/06/face-a-la-jaunisse-de-la-betterave-sucriere-l-executif-veut-permettre-un-recours-aux-neonicotinoides_6048305_3244.html

 

[4] https://www.pleinchamp.com/grandes-cultures/actualites/cristal-union-intronise-la-betterave-sucriere-bio

 

[5] https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/la-france-teste-les-paiements-pour-services-environnementaux-des-agriculteurs-1217903

 
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