Des espèces invasives qui font peser un risque sur la biodiversité native

Des espèces exotiques envahissantes jusque dans nos jardins

Les espèces exotiques sont des végétaux ou animaux qui ont été introduits dans un écosystème différent du leur par l’Homme de manière volontaire ou non. Elles ne représentent pas un danger pour les espèces indigènes et leurs habitats tant qu’elles ne deviennent pas envahissantes. Certaines espèces exotiques peuvent même présenter des intérêts et rendre des services à la nature. Ainsi, en France, seulement 10% des espèces exotiques peuvent devenir envahissantes.
08 février 2021
Plusieurs conditions doivent être réunies pour être qualifié d’invasives, ainsi certaines espèces créent des équilibres avec leurs nouveaux milieux et ne menacent en rien les espèces indigènes et endémiques. D’autres, au contraire, établissent des déséquilibres qui mettent en danger la biodiversité native. 

En effet, ces espèces étendent leur aire de distribution en se multipliant à grande vitesse et menacent les espèces présentes en modifiant leurs biotopes. Ces intrus accaparent une fraction souvent trop importante des ressources disponibles dans les écosystèmes, mettant en péril la survie des autres espèces mais également des milieux naturels envahis. Les interactions entre espèces peuvent être profondément modifiées par l’introduction d’une ou plusieurs espèces invasives. 

En effet, cela peut avoir un impact sur la compétition et la prédation. Certaines espèces deviennent des proies alors qu’elles n’avaient jusque-là pas de prédateurs, mettant en péril la survie des populations. De nombreux exemples de modifications de ces dynamiques à cause d’une EEE existent et ont été étudiés, vous pourrez en apprendre plus ici.
L’introduction de taxons (espèces ou sous-espèces) invasifs peut également entraîner un risque sanitaire pour la population, comme avec le moustique tigre (Aedes albopictus).

Notons qu’il existe des exemples de plantes dites invasives qui ont aidé à la préservation d’espèces animales en voie de disparition en leur prodiguant de nouveaux espaces végétaux. Ces plantes envahissantes peuvent également permettre de réduire l’érosion des sols et certaines espèces aquatiques aident à la dépollution des eaux. Cependant, ces effets positifs restent rares.

Ces espèces exotiques envahissantes représentent la troisième cause du déclin de la biodiversité dans le monde (après la perte d'habitats naturels et la surexploitation des ressources) : selon l’UICN, ce sont près d’un tiers des taxons terrestres qui sont menacés de disparaître à cause de ces nouvelles espèces.
Elles sont bien plus fréquentes dans les îles du fait de l’isolement de ces dernières : en France, plus de 70% des espèces exotiques envahissantes se trouvent dans les DOM-TOM. Les ravages sont plus nombreux dans les départements d’outre-mer et plus irréversibles de surcroît. En effet, les îles abritent une quantité très importante d’espèces endémiques, propres à des écosystèmes particuliers, qui ne peuvent se développer ailleurs.

Un des exemples les plus marquants est celui de l’arbre Miconia (Miconia calvescens) à Tahiti où 70 espèces endémiques sont en danger de disparition du fait de l’implantation de cet arbre d’Amérique du sud. À cause de sa croissance fulgurante, de sa production considérable de graines et de sa longévité, le développement de cet arbre est catastrophique ; il est même surnommé le “cancer vert”.

Ces envahisseurs sont également présents en métropole avec 151 espèces recensées. Les plathelminthes terrestres (Platydemus manokwari) ou encore les punaises diaboliques (Halyomorpha halys) font des dégâts sur le sol français. Les punaises diaboliques sont connues pour ravager les cultures et s’attaquer aux espèces ornementales alors que les plathelminthes terrestres, de gros vers de 30 centimètres au corps jaune et visqueux, se nourrissent essentiellement de vers de terre, d’escargots et de limaces, déstabilisant ainsi l’équilibre écologique des sols.

Les sciences participatives surveillent de près ces espèces exotiques envahissantes

Un centre de ressources des espèces exotiques envahissantes a été mis en place en 2018. Cet outil a pour but de concentrer les connaissances dans ce domaine, de les diffuser aux acteurs impliqués (tels que les chercheurs, les responsables d’espaces naturels…) et de concevoir des méthodes et formations pour endiguer le problème.

Les sciences participatives ne sont pas en reste dans la surveillance des espèces invasives. Il existe bon nombre de sites dédiés.

Le Muséum national d’Histoire naturelle a par exemple mis en place des protocoles de détection précoce de certaines espèces. Ces derniers peuvent être à destination de professionnels, d’associations mais aussi du grand public. Grâce aux millions d’yeux des français, la surveillance des espèces exotiques envahissantes est bien plus aisée.

L’Inventaire National du Patrimoine Naturelle (INPN) a développé à l’aide de son application mobile INPN espèces un système de signalement d’espèces invasives sur le territoire français. Cela permet de réaliser des cartographies de la présence de ces espèces et de surveiller leur progression.

Il existe également des sites internet dédiés à des espèces particulières, celles dont la pression sur la biodiversité et les risques sanitaires sont élevés. Ainsi, le frelon asiatique (Vespa velutina) et le moustique tigre possèdent chacun des portails de signalement afin de développer les connaissances sur leurs aires de distribution et les risques qu’ils font peser sur les écosystèmes.

Zoom sur le Brun des pélargoniums 

Le Brun des pélargoniums Cacyreus marshalli (Butler, 1898) est un petit lépidoptère de la famille des lycénidés. Les papillons de cette famille ont pour caractéristique d’être de petite taille et les chenilles courtes et trapues sont munies de nombreux poils.
L’imago du Brun des pélargoniums, également appelé Argus des pélargoniums, a une envergure de 21 à 26 mm, ses ailes sont brun sombre avec un fin liseré blanc sur leurs bords. Le dessous de ces dernières sont pareillement brunes et marquées de bandes sombres et de lignes plus claires. Sa queue fine est caractéristique de cette espèce.
Ce papillon peut être confondu avec l’Argus bleu ou l’Azuré porte-queue, même si compte tenu de sa taille réduite et de sa face extérieure, le Brun des pélargoniums est facilement reconnaissable. La chenille est de couleur vert clair avec trois bandes roses qui parcourent son corps ainsi qu’une multitude de poils.

© Michel Rauch - Brun des pélargoniums - Cévennes
© Michel Rauch - Brun des pélargoniums - Cévennes

Cette espèce de lépidoptère est particulièrement friande des pélargoniums (géraniums cultivés) comme son nom l’indique. C’est d’ailleurs de cette manière que le Brun des pélargoniums est arrivé sur notre continent. En effet, originaire d’Afrique du Sud, cette espèce est observée en France depuis 1997. On le retrouve essentiellement dans les jardins, parcs, balcons ornés de géraniums dans le sud de la France, même si ce papillon conquiert peu à peu le nord du pays.
On classe cette espèce dans les espèces exotiques envahissantes car les chenilles peuvent causer des dégâts importants dans les jardins (en s’attaquant spécifiquement aux pélargoniums), n’ayant pas de prédateurs sur ce continent. Les chenilles forent les pousses et les boutons floraux des géraniums qui sont riches en sève et creusent des galeries qui peuvent aller jusqu’à 9mm de diamètre !Le Brun des pélargoniums prolifère d’autant plus qu’il se reproduit 2 à 3 fois par saison.

Essayez donc de repérer cette espèce dans le cadre de l’Opérations papillons !
 
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